JA
Les Jeunes Agriculteurs revendiquent leur place dans la gestion des filières
« Comment engager les filières dans l’installation ? », était le thème de l’assemblée des Jeunes Agriculteurs, mercredi 16 février. Regard sur leurs pistes de réflexion.
Les Jeunes Agriculteurs des Deux-Sèvres proposent un engagement des filières dans l’installation. Ils en débattaient le 16 février lors de leur assemblée, dans le prolongement de leur réflexion de l’année dernière. « Nous sommes dans la droite ligne de notre action sur le renouvellement des générations », explique leur président Jean-Baptiste Rasillard. Interview (*) avec Guillaume Mandin, secrétaire général adjoint de JA.
Les filières auraient-elles un rôle à jouer dans l’installation ?
J.-B. Rasillard : Le dynamisme de l’installation en Deux-Sèvres est une réalité depuis une dizaine d’années. Le département est même dans le trio de tête pour le nombre d’installations. Il faut continuer et pour cela donner des moyens aux candidats. Cette dynamique départementale concerne tous ceux qui travaillent de près ou de loin avec les agriculteurs et donc les filières, qu’elles soient coopératives ou non.
Guillaume Mandin : Dans notre rapport de 2010, l’idée avait été avancée de la mise en place de contrats de production. La contractualisation est vraiment devenue d’actualité avec la loi de modernisation. A partir de là, nous nous sommes dit qu’il fallait s’y intéresser de plus près. En quelque sorte on a pris un peu d’avance. D’ailleurs on en parle beaucoup à JA national. Le débat avec Christophe Honoré, administrateur national, sera intéressant à cet égard.
J.-B. R. : Il y a un an, nous sommes partis un peu dans le flou. Maintenant que nous avons tous les textes, nous voulons passer de l’ébauche, à quelque chose de plus concret.
Concrètement, que proposez-vous ?
G. M. : Nous avons eu connaissance de ce que propose Triskalia. La coopérative bretonne a imaginé et mis en place ce type de contrat avec les agriculteurs. Ce qui nous paraît important, c’est qu’il ne fait pas abstraction du marché. La coopérative absorbe l’effet de crise avec des bonus-malus. Les JA sont alors moins dépendants des fluctuations de prix. Cela n’a rien à voir avec les premiers travaux de la Fédération nationale des coopératives laitières avec double quota, double prix. Proposer aux jeunes un prix de base et, en quelque sorte, un prix d’intervention, nous paraît intéressant et sécurisant. D’autant que ce prix prend en compte le prix de revient du lait dans les exploitations. Quand on sait ce que coûte le prix de l’aliment comme en ce moment, on est plutôt favorable à cette idée de sécurisation.
Et quels sont les engagements des jeunes ?
G. M. : Les contrats sont établis pour cinq ans. Mais nous sommes opposés, nous dénonçons même, l’engagement du jeune à acheter l’aliment à la coopérative. Pour nous, c’est presque de l’intégration. Nous voulons que le jeune reste maître de son outil, de ses choix. De même nous refusons les contrats marchands. On ne veut pas entendre parler de droits à produire marchands. Mais ces contrats fonctionneront si nous avons une politique agricole forte. Avec la LMA, l’Etat s’est désengagé des filières, nous disant « à vous, production et transformation, de vous organiser ». La production, nous, donc, devons vraiment rentrer dans la gestion des filières.
Vous dites que ces contrats ne feront pas tout, mais les jeunes ne peuvent-ils pas prendre des initiatives contractuelles entre agriculteurs ?
J.-B. R. : Les fluctuations de prix déstabilisent tout. On le voit aujourd’hui, avec le prix des céréales qui grimpe. Et les éleveurs sont victimes de ce système. Il serait intéressant d’approfondir des systèmes de contrat entre éleveurs et céréaliers.
G. M. : On ne veut pas de contrat individuel. Il faut un cadre collectif. Les éleveurs ont besoin de plus d’autonomie pour sécuriser leur revenu. Des contrats éleveurs céréaliers peuvent nous y aider.
(*) Interview réalisée le 11 février.