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L’Etat retrouve les vertus de la compétitivité pour l’agriculture française

Un nouveau ton, émanant tant du chef de l’Etat que de ses ministres, a montré à quel point les pouvoirs publics reconnaissent le secteur agricole et agroalimentaire comme une activité de production avant tout, capable de participer au redressement économique du pays.

Le Premier ministre ne veut« pas opposer la performance économique et la qualité environnementale, ne pas opposer le bio et l’industrie agroalimentaire, ne pas opposer le marché français et l’exportation ».
Le Premier ministre ne veut« pas opposer la performance économique et la qualité environnementale, ne pas opposer le bio et l’industrie agroalimentaire, ne pas opposer le marché français et l’exportation ».
© N. C.

Une vision moderniste, orientée vers la production, reconnaissant la validité de toutes les formes d’agriculture : voilà comment les professionnels qui ont pu rencontrer François Hollande le 22 février à l’inauguration du Salon de l’agriculture, ont qualifié le projet agricole du président de la République. De fait, le chef de l’Etat a semblé réussir son parcours d’inauguration, voulant présenter une vision moderne, décomplexée, de la politique agricole à l’occasion d’une longue réunion avec les syndicats agricoles. « Il s’est dit convaincu par une agriculture innovante, exportatrice, compétitive, très diverse et cela nous va », affirmait un représentant du syndicalisme majoritaire Fnsea. « Pour lui, le nombre d’actifs compte autant que le nombre de paysans », dit un autre, convaincu qu’il s’agit là d’un soutien à une agriculture créatrice d’emplois, pas forcément « recroquevillée »sur de petites exploitations. Xavier Beulin, président de la Fnsea, témoignait d’un« climat apaisé, un état d’esprit positif ». François Thabuis, président des Jeunes Agriculteurs, évoquait un « climat serein ». Guy Vasseur, président de l’Apca, voyait, dans la présentation de François Hollande, le prolongement de ce qu’il avait dit au Space 2012 et au Sommet de l’élevage de 2013. « Il a compris ce que l’agriculture et l’agroalimentaire représentent pour l’emploi et les territoires », affirme le chef de file des chambres d’agriculture.Tout au plus, Jean-Pierre Fleury, nouveau président de la FNB, regrettait que le président de la République ait « soulevé beaucoup d’espoirs, mais on a l’impression qu’ils ne sont pas récompensés ». La demi-journée passée par le président de la République, après une traditionnelle visite dans les espaces consacrés à l’élevage, s’est déroulée en rencontres collectives, d’abord avec les syndicats à vocation générale, puis avec les représentants des grandes cultures sur le stand de la Drôme. Il y était invité par le sénateur Didier Guillaume, rapporteur pour la loi d’Avenir. Enfin, une table ronde avec des jeunes, soit étudiants, soit en cours d’installation ou fraîchement recrutés. Une occasion pour François Thabuis, président des JA, de rappeler l’importance d’une politique d’installation et la nécessité de garder l’enseignement agricole au sein des responsabilités du ministère de l’Agriculture. De toutes ces rencontres se dégageait une réalité : François Hollande reconnaît l’agriculture comme un des grands pôles du redressement économique français. Le surlendemain, le Premier ministre enfonçait le clou : venu soutenir le projet de participation française à l’exposition universelle de Milan en 2015, il évoquait la nécessité d’une agriculture avec « davantage de compétitivité, ce qui signifie plus de marge pour les agricultures, permettant d’investir et innover. » Cela veut dire, selon Jean-Marc Ayrault, un besoin accru de formation et d’organisation professionnelle. Il a garanti que le gouvernement est engagé dans la bataille de la simplification afin que ceux qui veulent se développer et innover ne soient pas découragés. Le Premier ministre ne veut« pas opposer la performance économique et la qualité environnementale, ne pas opposer le bio et l’industrie agroalimentaire, ne pas opposer le marché français et l’exportation ». Il aurait même proposé aux éleveurs d’ovins d’augmenter le nombre de prélèvements de loups pour réduire leur impact sur les élevages ovins.



La coopération veut relever le défi de l’emploi
La coopération agricole n’a pas tardé à rebondir face à cette nouvelle attitude. « Nous sommes prêts à nous engager sur 50 000 recrutements dans la coopération agricole d’ici 3 ans si, comme François Hollande l’a affirmé, nous sommes éligibles au pacte de responsabilité ». Le président de Coop de France Philippe Mangin réagissait ainsi aux propos, tant du président de la République que du Premier ministre. Des propos qui ont provoqué une agréable surprise, dans les milieux de la coopération. « L’agriculture et l’agroalimentaire sont donc considérés comme un des grands secteurs sur lequel peut s’appuyer la reprise économique, un secteur stratégique pour le gouvernement », constate Philippe Mangin. Quant à l’innovation et aux biotechnologies, « c’est la première fois depuis vingt ans que l’on entend un membre du gouvernement {Stéphane Le Foll} affirmer qu’il veut objectiver le débat ».



Philippe Martin, vedette des Etats généraux
Dès les Etats généraux de l’agriculture du 21 février, les signes de l’inflexion gouvernementale ont été perçus. Une fois n’est pas coutume, ce fut le ministre de l’Ecologie Philippe Martin qui s’est révélé la vedette de la réunion des États généraux organisés par le Conseil de l’agriculture française. La raison  : l’annonce d’un nombre important d’avancées proposées en matière d’allégement des réglementations et d’accélération des procédures notamment sur le plan écologique. Des assouplissements promis notamment sur le dossier des élevages porcins ou avicoles ainsi que des droits d’épandage. Et surtout, Philippe Martin a promis que la France arrêterait de vouloir faire de l’excès de zèle pour appliquer les règles européennes.

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