Expression
Lettre des agriculteurs deux-sévriens au père Noël
Cher Père Noël,
Cette année, nous avons été très sages. Nous avons été très gentils avec les abattoirs et la grande distribution. Pas de blocages, pas de manifestations, pas de dépôts de fumier... Tu peux même demander à Michel-Édouard Leclerc, il te dira que c’est la vérité !
Et puis nous avons bien fait nos devoirs. Cette année, nous avons eu beaucoup d’impératifs avec la Covid-19. Nous avons durement travaillé pour nourrir les Français. Pourtant et grâce à nous, ils n’ont pas manqué de produits de qualité. Le professeur d’agriculture, Julien Denormandie, a même écrit dans notre carnet de notes, à propos de l’ouverture du marché japonais : « cette réussite témoigne de l’excellence du système sanitaire français et européen sur les produits alimentaires, une nouvelle foisreconnue par des autorités étrangères. »
Bon, c’est vrai qu’on s’est un peu fâché au printemps. Mais tu comprends, Père Noël, il y a des moments où c’est difficile de rester calme. Notre professeur d’économie nous a parlé de la loi de l’offre et de la demande. Nous, on a compris que lorsque la demande était forte, le prix payé au producteur devait augmenter. Eh bien, il y en a qui n’ont pas dû comprendre. Alors, nos copains éleveurs de viande bovine se sont dit qu’ils laisseraient leurs animaux partir que si le prix augmentait. Ça a peu marché, cela reste insuffisant.
Mais là, nous sommes tristes. Ce n’est pas vraiment la fête à la maison. Nos efforts ne sont pas rémunérés. Plusieurs d’entre nous sont découragés, arrêtent la production ou y pensent fortement. Nous avons des jeunes qui voudraient bien s’installer, mais avec un prix payé au producteur très en dessous des coûts de production, ce n’est pas possible et puis les banques, elles ne veulent pas prendre le risque de nous suivre.
Alors pour Noël, on ne va pas te faire une très longue liste de cadeaux. On voudrait quelque chose qu’on puisse garder longtemps. Et cette année, on ne te demande pas le dernier jouet à la mode. Mais plutôt un truc sorti il y a 2 ans. On veut juste l’application de l’article 1 de la loi Egalim de 2018. On a vu une pub à la télé et dans les journaux, ça a l’air génial ! ça parle de contractualisation et de prise en compte des coûts de production. Les camarades et moi, on pense que c’est une bonne méthode pour revaloriser le prix de nos produits.
Ne t’inquiète pas pour le prix. On a vu sur internet des exemplaires encore en super état et pas cher parce que quasiment personne ne l’a utilisé. Alors même si c’est d’occasion, ça nous ira très bien.
Ah et dernière chose, Père Noël, si tu peux ajouter ce cadeau dans ta hotte pour les autres opérateurs (laiteries, abattoirs, GMS...), ce serait sympa !
Nous, agriculteurs on croit en toi !