La renaissance de l’esturgeon
En Aquitaine, des chercheurs de l’Irstea, pour la partie scientifique, et des entreprises, pour la commercialisation, travaillent au retour du caviar français.
Le lâcher de septembre servira à déterminer s'il vaut mieux lâcher des esturgeons âgés de 5 jours ou de 3 mois pour repeupler les fleuves.
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IRSTEA
Entre juin et septembre, 700 000 jeunes esturgeons européens, acipenser sturio, obtenus par reproduction artificielle à partir de spécimens élevés en captivité dans la station Irstea (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture - ex-Cemagref) de Saint-Seurin-sur-l’Isle (Gironde), ont été lâchés dans le milieu naturel, pour y être suivis par les scientifiques. Cela fait une trentaine d’années que les spécialistes européens s’intéressent à cette espèce migratrice en voie de disparition. Et, depuis 2007, dans le cadre de la Convention de Berne, l’Union européenne a adopté un plan international de conservation de ce poisson naviguant entre eau douce et eau de mer.
La Gironde à la pointe
Le bassin Gironde-Garonne-Dordogne est le dernier territoire de reproduction et de croissance juvénile connu. Et la station de recherche de l’Irstea en est le fer de lance depuis les années 1990. « Face à l’effondrement de la population de l’esturgeon européen constaté dans les années 1960, qui s’est poursuivi malgré la protection totale de l’espèce en 1982, seule la maîtrise de la reproduction assistée de cette espèce, basée sur des captures accidentelles de géniteurs, pouvait permettre une restauration de la population sauvage. La rareté des captures déclarées a conduit, à partir des années 1990, à acclimater des juvéniles pour disposer de géniteurs en captivité, malgré les difficultés et la durée de cette phase d’élevage », expliquent les scientifiques chargés du projet.
Aujourd’hui, les jeunes esturgeons naissent donc par reproduction assistée. « Une opération particulièrement fructueuse, puisque plus de 700 000 larves ont été obtenues, soit un taux de succès supérieur d’un facteur 100 à celui de la première reproduction artificielle réalisée en 2007, à partir de spécimens élevés en captivité. Cette technique permet de s’affranchir des prélèvements dans le milieu et de suppléer l’absence de toute reproduction naturelle constatée depuis 1994 en Gironde, dernier bassin européen où seule une population très réduite subsiste aujourd’hui. »
L’Allemagne aussi
Pour assurer la bonne réintroduction de l’esturgeon en Europe, l’Institut des eaux douces de Berlin, en Allemagne, a aussi un « stock » issu du bassin girondin par sécurité. Ces « stocks » concentrent de futurs géniteurs qui seront « efficaces » dans une douzaine d’années. Des premiers lâchers ont été effectués dans l’Elbe. Le stock captif a désormais atteint l’équilibre. Les juvéniles de 2 ans relâchés dans l’estuaire de la Gironde en septembre vont y séjourner avant de gagner l’océan Atlantique, la Manche et la mer du Nord pour y atteindre le stade adulte. Ils devraient revenir dans une douzaine d’années pour s’y reproduire. Marqués individuellement, ces esturgeons sont surveillés de près par les scientifiques. Reste à savoir si leur habitat, fortement mis à mal par le développement industriel des fleuves et estuaires, la baisse de la qualité des eaux au cours du 20e siècle et la destruction des frayères par les extractions de granulats, leur sera de nouveau accueillant. Mais il y a un facteur sur lequel l’homme a réduit sa pression : la pêche… Puisque le caviar, aujourd’hui, est d’élevage.Caviar d’Aquitaine : petit, mais costaud
Le caviar français existe… Et il est aquitain. La filière est, en effet, essentiellement basée entre Gironde et Dordogne. Sur la quinzaine d’entreprises élevant des esturgeons, les 4 productrices de caviar représentent 81 % du chiffre d’affaires global du secteur. C’est là, dans les années 1990, que les aquaculteurs producteurs d’esturgeons ont lancé le caviar français après une mévente de la chair de ce poisson. Le caviar est un cycle de production long puisqu’il faut attendre 7 ans avant de voir les femelles devenir matures. Aujourd’hui, selon Agreste, « les volumes de caviar produits ont atteint ceux des importations. Le marché intérieur est le premier débouché de la production d’alevins, d’adultes et de caviar ». La filière française a produit, en 2007, (statistique datant de 2011), 21 tonnes de caviar quand la production mondiale est de 140 tonnes. Plus de 50 % du chiffre d’affaires du caviar se fait en France et 30 % en Union européenne.
La Gironde à la pointe
Le bassin Gironde-Garonne-Dordogne est le dernier territoire de reproduction et de croissance juvénile connu. Et la station de recherche de l’Irstea en est le fer de lance depuis les années 1990. « Face à l’effondrement de la population de l’esturgeon européen constaté dans les années 1960, qui s’est poursuivi malgré la protection totale de l’espèce en 1982, seule la maîtrise de la reproduction assistée de cette espèce, basée sur des captures accidentelles de géniteurs, pouvait permettre une restauration de la population sauvage. La rareté des captures déclarées a conduit, à partir des années 1990, à acclimater des juvéniles pour disposer de géniteurs en captivité, malgré les difficultés et la durée de cette phase d’élevage », expliquent les scientifiques chargés du projet.
Aujourd’hui, les jeunes esturgeons naissent donc par reproduction assistée. « Une opération particulièrement fructueuse, puisque plus de 700 000 larves ont été obtenues, soit un taux de succès supérieur d’un facteur 100 à celui de la première reproduction artificielle réalisée en 2007, à partir de spécimens élevés en captivité. Cette technique permet de s’affranchir des prélèvements dans le milieu et de suppléer l’absence de toute reproduction naturelle constatée depuis 1994 en Gironde, dernier bassin européen où seule une population très réduite subsiste aujourd’hui. »
L’Allemagne aussi
Pour assurer la bonne réintroduction de l’esturgeon en Europe, l’Institut des eaux douces de Berlin, en Allemagne, a aussi un « stock » issu du bassin girondin par sécurité. Ces « stocks » concentrent de futurs géniteurs qui seront « efficaces » dans une douzaine d’années. Des premiers lâchers ont été effectués dans l’Elbe. Le stock captif a désormais atteint l’équilibre. Les juvéniles de 2 ans relâchés dans l’estuaire de la Gironde en septembre vont y séjourner avant de gagner l’océan Atlantique, la Manche et la mer du Nord pour y atteindre le stade adulte. Ils devraient revenir dans une douzaine d’années pour s’y reproduire. Marqués individuellement, ces esturgeons sont surveillés de près par les scientifiques. Reste à savoir si leur habitat, fortement mis à mal par le développement industriel des fleuves et estuaires, la baisse de la qualité des eaux au cours du 20e siècle et la destruction des frayères par les extractions de granulats, leur sera de nouveau accueillant. Mais il y a un facteur sur lequel l’homme a réduit sa pression : la pêche… Puisque le caviar, aujourd’hui, est d’élevage.Caviar d’Aquitaine : petit, mais costaud
Le caviar français existe… Et il est aquitain. La filière est, en effet, essentiellement basée entre Gironde et Dordogne. Sur la quinzaine d’entreprises élevant des esturgeons, les 4 productrices de caviar représentent 81 % du chiffre d’affaires global du secteur. C’est là, dans les années 1990, que les aquaculteurs producteurs d’esturgeons ont lancé le caviar français après une mévente de la chair de ce poisson. Le caviar est un cycle de production long puisqu’il faut attendre 7 ans avant de voir les femelles devenir matures. Aujourd’hui, selon Agreste, « les volumes de caviar produits ont atteint ceux des importations. Le marché intérieur est le premier débouché de la production d’alevins, d’adultes et de caviar ». La filière française a produit, en 2007, (statistique datant de 2011), 21 tonnes de caviar quand la production mondiale est de 140 tonnes. Plus de 50 % du chiffre d’affaires du caviar se fait en France et 30 % en Union européenne.