Cinéma
Luché-Thouarsais, ou les cycles de la ruralité
Jeune réalisateur, Nicolas Fabas a filmé pendant deux ans la vie de ses grands-parents à Luché-Thouarsais. En résulte un documentaire plein de poésie sur la vie à la campagne et, chose plutôt rare, qui ne juge pas l'agriculture.
Jeune réalisateur, Nicolas Fabas a filmé pendant deux ans la vie de ses grands-parents à Luché-Thouarsais. En résulte un documentaire plein de poésie sur la vie à la campagne et, chose plutôt rare, qui ne juge pas l'agriculture.
A 83 et 87 ans, Marie-Josèphe et Gérard se sont retrouvé les protagonistes principaux du film documentaire « Où sont les moutons ? », en tournée dans les Deux-Sèvres et ailleurs depuis quelques semaines.
Derrière la caméra, leur petit-fils Nicolas, urbain vivant à Lille et travaillant dans le milieu du théâtre : « Un jour de Noël, j’explique pour la énième fois à ma grand-mère mon métier. Mamie, je fais des spectacles sur les gens qu’on n’entend jamais, qu’on ne voit pas assez ».
Du haut de ses 83 ans, Marie-Josèphe, qui n’a pas sa langue dans la poche, rétorque : « Tu n’as qu’à faire un spectacle sur nous, les vieux pésans des Deux-Sèvres, tout le monde s’en fout ! ». Tilt. Le spectacle prend finalement la forme d’un documentaire filmé, deux ans durant, au rythme de la ruralité.
Une vie dictée par le vivant
Pendant une heure, pas vraiment de scénario, mais finalement tellement de rythme dans la vie de ces personnes âgées !
Le café chez les copains, la partie de pétanque, la messe, l’anniversaire en famille mais aussi et surtout, les actions dictées par la nature et la vie rurale : planter les haricots, tuer et préparer le lapin pour le civet, rentrer du bois pour l’hiver...
« On a toujours quelque chose à faire, mais le temps de rien », disent en substance les deux époux, qui se voient diminuer, et voient fondre avec eux le mode de vie campagnard, pourtant la norme au siècle dernier.
Les prises de vue rendent hommage à la vie rurale, « simple mais pas simpliste » comme le résume une spectatrice lors de la projection à Melle le 9 novembre.
Les vues aériennes sur la campagne deux-sévrienne sont magnifiques. Pas de longueurs, car les cycles de la nature et de la vie sociale ponctuent le film de temps forts émouvants et/ou drôles par instant. Le tout servi par une musique créée pour le film par le compositeur Benoit Capelle, oscillant entre « nostalgie et engouement », qualifie une autre spectatrice.
Les autres séances à venir
Mercredi 30 novembre – 19h30 - Micro-Folie / Saint-Varent
Jeudi 1er décembre – 14h30 -Maison de retraite "Le Grand Chêne" / Saint-Varent
Lundi 5 décembre - 20h30 - Salle Agapit / Saint-Maixent-l'Ecole
Mardi 6 décembre - 20h30 - Salle de spectacle / Vasles
L’agriculture, sans juger
Au travers du film, on perçoit le crépuscule d’une vie, celle du couple et des zones rurales (église qui se vide, difficulté à avoir un RDV médical…), mais aussi l’aube d’une nouvelle : Alexandre Chargé, cousin du réalisateur, est devenu éleveur ovin.
Les scènes tournées chez lui révèlent un agriculteur épanoui, qui travaille avec des moyens modernes et l’amour du métier. A ses côtés, sa femme Coralie et leur bout de chou, à peine dix ans, déjà prompt à aider aux mises-bas et animé par le métier d’éleveur.
« Avec ce film, je ne cherche ni à alerter ni à rendre hommage. C’est une porte ouverte entre les deux, j’avais envie de dire Regardez ils existent et ils peuvent nous apprendre quelque chose », résume le réalisateur. Dans la salle, à Melle, un éleveur bovin retraité conclut : « ça fait du bien un film qui montre l’agriculture sans prise de position. Ça montre vraiment notre vie ! ».