L’UGVC veut agir contre les transferts
Le syndicat viticole s’inquiète d’achats de vignes dans d’autres régions pour les replanter dans le bassin charentais. Les dirigeants veulent faire cesser ces transferts et dénoncent un risque de déséquilibre de la production contraire aux objectifs du Business Plan.
Lors du congrès de la CNAOC (voir article ci-dessous), Stéphane Roy, le président de l’UGVC, avait déjà prévenu ses collègues des AOC françaises après avoir expliqué les spécificités du cognac, à cheval entre son vignoble classé VSIG et son eau-de-vie en AOC. “Il y a urgence à agir !”
La menace semble se préciser pour le syndicat qui s’inquiète de la faille réglementaire ouverte par le nouveau régime des autorisations de plantation d’acheter des vignes dans d’autres régions pour les replanter dans le bassin charentais grâce à l’extension de la limite de l’exploitation à l’État membre. L’UGVC a déjà identifié 170 hectares de vignes rapatriées du Musadet, principalement, une région en difficulté avec un prix des vignes très intéressant d’environ 10 000 €/ha, mais aussi du Val-de-Loire, du Languedoc-Roussillon, du Bergeracois ou du Bordelais. “Et ce n’est que la face immergée de l’iceberg !”, prévient Alexandre Imbert, le directeur de l’UGVC. Une quinzaine de viticulteurs ont été identifiés avec des profils très variés, surtout situés dans les crus centraux. “Ils sont dans la loi mais profitent du système, reconnaît Stéphane Roy. Généralement, ce sont les mêmes qui nous demandaient de baisser le rendement l’hiver dernier”. Face à cette situation qu’ils jugent préjudiciable à long terme pour une région qui a “trouvé son équilibre”, dixit Christophe Veral, les dirigeants de l’UGVC veulent durcir le ton ! “Il existe une forte pression des viticulteurs pour qu’on se mobilise”, affirme Nicolas Baudry, le secrétaire général. Le syndicat veut donc tout mettre en œuvre pour pénaliser cette minorité de viticulteurs qui “mettent à mal l’intérêt général”, ainsi que le Business Plan. D’abord, l’UGVC sera intransigeante avec ses administrateurs ou ses délégués qui se livrent à de telles pratiques, ils seront poussés à démissionner. “Chez nous, nous serons exemplaires”, prévient Stéphane Roy. L’UGVC étudie aussi les moyens juridiques de contrer certaines pratiques plus difficilement décelables comme la prise de baux dans d’autres régions afin de transférer les autorisations. “C’est illégal car l’objet d’un bail est de produire”, affirme Alexandre Imbert. Des prises de contact ont eu lieu avec l’ODG du Muscadet pour trouver des parades, alors que la constitution d’un groupe de travail avec le ministère de l’Agriculture, FranceAgrimer, l’INAO, les douanes et le BNIC vise à trouver des solutions à court terme et à long terme. Enfin, l’UGVC appelle aussi le négoce à prendre ses responsabilités et à sanctionner les livreurs qui rapatrient des hectares. Le syndicat du négoce s’est réuni le 28 avril pour évoquer ce sujet. À propos d’une solution globale, l’UGVC semble moins bornée sur une évolution du statut du vignoble en AOC et ouvre de nouvelles pistes à explorer comme une modification réglementaire des eaux-de-vie AOC au niveau européen, la délimitation parcellaire ou vérifier la véritable légalité de ces transferts par rapport à la loi européenne qui condamne la spéculation sur les terres agricoles.