L’UGVC veut changer le statut du vignoble en AOC
La mise en place du nouveau régime d’autorisations de plantation a rebattu les cartes. L’UGVC souhaite faire évoluer le statut du vignoble du cognac en AOC pour cloisonner les filières. Dans la réflexion entamée au sein du BNIC, le négoce n’y est pas favorable.
Le vignoble du cognac doit-il devenir une AOC ? Cette question posée par l’UGVC lors de sa dernière mise au courant le 30 mars au Castel à Châteaubernard s’est vite transformée en plaidoyer en faveur de cette évolution. La mise en place du nouveau régime des autorisations de plantation depuis le 1er janvier 2016 a changé la donne car même s’il introduit une forme de régulation, le nouveau système offre la possibilité de planter des vignes VSIG (1). Ce qui pose problème à la région car si le cognac est classé en AOC, les vignes qui servent à le produire sont justement classées en VSIG.
Les premières négociations en 2015 pour définir le contingent 2016 dans le bassin Charentes-Cognac ont été serrées. Surtout, elles ont alerté l’UGVC avec 400 hectares demandés pour les VSIG autres débouchés. « Après des négociations très longues, ce n’est pas plus de 250 ha qui se planteront sur le bassin, toutes filières confondues. On s’en sort pas mal mais ce n’est pas satisfaisant », a expliqué le directeur de l’UGVC, Alexandre Imbert. Ce statut du vignoble VSIG a donné une souplesse bienvenue à une époque où les marchés du cognac étaient bien moins mirifiques que maintenant. Aujourd’hui, pour l’UGVC, il pose deux problèmes majeurs : il ne permet pas de cloisonner les surfaces plantées pour le cognac de celles plantées pour les VSIG et autres débouchés ni de restreindre les plantations en provenance d’autres régions, sachant que la limite de l’exploitation est désormais portée à l’échelle du territoire français.
Convaincre le négoce
D’où la solution de faire évoluer le statut du vignoble en AOC, ce qui permettrait de parer à l’ensemble de ces failles dans la maîtrise du potentiel de production. Jean-Marie Baillif, président du comité national du Pineau des Charentes, a présenté l’AOC appliqué à sa filière. « Le système de l’INAO n’a pas que des avantages mais il n’a pas que des inconvénients. Cela ne se passe pas si mal pour le Pineau et personne ne pense à le changer », a - t-il expliqué.
Lubomira Chinkov, responsable juridique de l’UGVC a montré que le cahier des charges de l’AOC cognac était déjà très proche de celui d’un vignoble AOC avec une aire géographique, des conditions de production pour le vin et pour les eaux-de-vie, des normes analytiques.
Catherine Lepage, la directrice du Bnic, a expliqué que la réflexion est lancée au sein du groupe de travail « Production » du Bnic pour une évolution du statut du vignoble. Si la viticulture est partante, la position du syndicat du négoce est pour le moment de ne pas changer le statut, exprimant des craintes quant à des contraintes supplémentaires en matière de délimitation et d’identification qui pourrait limiter leur approvisionnement. « Le fonctionnement de l’INAO suscite des craintes, a reconnu Stéphane Roy, le président de l’UGVC. Il faut trouver une position commune entre la famille de la viticulture et celle du négoce. Je suis convaincu qu’on peut y arriver. Le statu quo n’est pas tenable et en contradiction avec l’esprit du Business plan ». Le premier objectif du groupe sera de présenter le dossier au comité permanent du Bnic du 10 mai.
(1) VSIG : vins sans indication géographique