Cultures
Maître corbeau avec son bec détruit la récolte
Les agriculteurs confrontés aux attaques des corbeaux freux sont bien démunis.
Avec le mois d’avril, voici venue la période des semis… et des dégâts aux cultures. Les champs ensemencés ces derniers jours servent de garde-manger aux corbeaux désinvoltes. Les exploitants déchantent. « Malheureusement, pose Christophe Suire, de la FDGDON, les solutions efficaces sont rares.» Depuis le 15 mars, seul le tir au fusil (sur autorisation individuelle délivrée par la DDT aux seuls titulaires du permis de chasser) et le piégeage permettent de lutter efficacement. « Et collectivement en régulant les populations », souligne le technicien. L’effarouchement, possible - nécessaire lors d’une attaque importante - est coûteux au regard des moyens mobilisés pour obtenir un résultat. « Les canons peu onéreux occasionnent des gênes auditives. Ils ne peuvent être utilisés n’importe où. Les cerfs-volants représentent un réel investissement. Trois sont nécessaires par hectare pour effrayer les oiseaux indésirables. Il en coûtera entre 180 et 200 euros par hectare. Et de plus, on ne règle pas le problème, on ne fait que le déplacer », insiste l’expert.
Le technicien de la FDGDON, comme de nombreux exploitants, constate, relativement impuissant. La période réglementée d’utilisation du « Corbeau dort » est terminée. « La préfecture autorise l’alphachloralose comme moyen de lutte chimique, du 15 novembre au 15 mars. Pour cette année, c’est terminé. » Ce qui inquiète encore plus Christophe Suire, c’est l’interdiction qui entrera en vigueur au 1er janvier prochain. « Cette molécule fait partie de celles qui, suite au Grenelle de l’environnement, seront interdites. Quid de la maîtrise des populations en période hivernale lorsque le produit sera inutilisable ? » A ce jour, et à la connaissance de Christophe Suire, aucun produit efficace n’existe.
90 corbeaux neutralisés en 15 jours
Les agriculteurs qui exploitent les terrains situés de part et d’autre de la N11 à hauteur de Prin-Deyrançon, déplorent chaque année des dégâts aux cultures. Les populations de corbeaux freux augmentent. La lutte à cet endroit n’est pas facile à mener », reconnaît Alain Maye, exploitant sur le secteur. La rangée de platanes qui borde la N11 à l’entrée de Mauzé-sur-le-Mignon est un lieu de gîte apprécié des oiseaux. « La circulation sur cette route interdit pour des raisons évidentes de sécurité la régulation par tir à l’entrée des dortoirs », pose l’exploitant à la recherche de solution. S’ils peuvent tolérer 1% de perte sur une culture, les agriculteurs n’acceptent pas les dommages parfois importants provoqués par ces corbeaux freux qui au printemps ont besoin des jeunes plants pour nourrir leur progéniture. « Dans un champ de maïs, ils peuvent arracher un rang sur 10 mètres. Tournesol et pois peuvent également faire les frais de ce nombre excessif de sujets. Les dégâts peuvent aller jusqu’à 10% de la récolte potentielle. »
Constatant une pression de plus en plus forte depuis quelques années, les agriculteurs de la zone de Mauzé-sur-le-Mignon et de Prin-Deyrançon se sont concertés et ont mené une lutte hivernale via les groupements de défense contre les organismes nuisibles.
« De gros grains de maïs fournis par les agriculteurs ont été traités à l’alphachloralose selon le protocole. Après avoir averti la DDT et la municipalité, nous avons placé les appâts du 1er au 15 mars. 90 corbeaux ont ainsi été neutralisés sur la seule zone de Mauzé », comptabilise Alain Maye. Effectuée quelques semaines avant la nidification, cette action a, selon l’initiateur, un vrai impact sur la densité des populations. « La reproduction sera moins importante qu’elle n’aurait pu l’être sans intervention. » Réguler est bien l’objectif des exploitants.