Méthanisation à la ferme : un certificat de spécialisation pour se former
Valorisant les déchets organiques ou certaines cultures intermédiaires, les méthaniseurs peuvent présenter un intérêt pour les exploitations, notamment via le digestat qu’ils produisent.
Valorisant les déchets organiques ou certaines cultures intermédiaires, les méthaniseurs peuvent présenter un intérêt pour les exploitations, notamment via le digestat qu’ils produisent.
La méthanisation valorise des déchets organiques (fumiers, lisiers, fauches de bas-côtés, résidus d’industries agro-alimentaires…) mais peut également être un levier pour développer la pratique des cultures intermédiaires. Ces dernières présentent de nombreux avantages (augmentation du taux de couverture du sol, réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires…). Elles peuvent avoir pour vocation de sécuriser la quantité de fourrage pour l’exploitation, de piéger les nitrates ou d’alimenter le méthaniseur suivant les besoins ponctuels de l’exploitation. Ces intercultures, comme leur nom l’indique, sont des cultures positionnées entre deux cultures principales et ne viennent donc pas concurrencer l’alimentation humaine et animale.
Les digestats pour optimiser la fertilisation
Les digestats sont les résidus issus de la méthanisation après la production du biogaz. Ils contiennent des matières organiques stabilisées et les éléments minéraux des matières premières, avec une fraction d’azote minéral (ammoniac) plus importante. Cette fraction ammoniacale est 20 à 30 % plus importante par rapport aux matières premières.
La composition en éléments fertilisants des digestats est 10 à 15 % plus importante par rapport aux intrants (perte de 15 à 20 % de carbone avec la production de biogaz). On distingue le digestat solide du digestat liquide. Le digestat solide est à utiliser comme un amendement organique, apportant de la matière organique stable au sol et des éléments minéraux rapidement assimilables. Avec 25 % de matière sèche, il peut s’épandre avec les matériels d’épandage habituels. La fraction liquide est à utiliser au plus près des besoins des cultures, présentant une fraction ammoniacale importante et rapidement minéralisable (50 - 60 % d’efficacité suivant les conditions d’apport). Avec 5 - 6 % de matière sèche, son épandage est assuré par une tonne à lisier équipée de pendillards, permettant des dépôts au sol en limitant la volatilisation de l’ammoniac.
Des bonnes et des mauvaises nouvelles
Pour s’engager vers la méthanisation en individuel ou en collectif, il faut revoir ses pratiques de fertilisation organique avant et après la méthanisation pour optimiser ces nouvelles matières fertilisantes (calendrier d’épandage différent, gestion des apports à revoir…), notamment sur les sites collectifs et si des intrants extérieurs à l’agriculture intègrent le méthaniseur.
La mauvaise nouvelle est que la filière subit actuellement un effet ciseaux avec, d’un côté, une baisse des tarifs d’achat du biogaz et des subventions liée à la maturité atteinte par la filière et, de l’autre, une hausse du prix des matériaux et des investissements supplémentaires liés aux nouveaux décrets. Ces décrets, parus en juin et pour lesquels les discussions sont toujours en cours, sont rétroactifs. Ceux-ci entraînent un investissement supplémentaire conséquent (couverture des digestats, étanchéité des zones de rétention…) et une augmentation des charges de fonctionnement (audit des odeurs…).
Toutefois, la bonne nouvelle est qu’en partenariat avec l’association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF), le certificat de spécialisation responsable d’une unité de méthanisation agricole est désormais proposé sur le territoire national. La structuration de l’offre de formation participe à la professionnalisation de la filière, de même que « la charte des bonnes pratiques de la méthanisation agricole » mise en œuvre par l’AAMF.
Enfin, sous l’impulsion de l’ATEE (association technique énergie environnement), le secteur de la méthanisation s’est doté d’un outil qui vise à démontrer la qualité des installations et à rassurer les acteurs du secteur : le Label Qualimetha.
Un nouveau dispositif pourrait, d’ici 2023, venir en aide aux producteurs de biogaz en leur assurant un revenu associé à la commercialisation de certificats de production de biogaz venant s’ajouter au revenu généré par la vente du biogaz.