MSA des Charentes : «L’agriculture continue d’être en crise»
Ce vendredi, l’assemblée générale réunira à Rouillac (16) les délégués des deux départements et on y parlera phytosanitaires.
Patrick Couillaud porte à la fois un regard sur l’année passée, mais aussi tente d’anticiper les prochaines années. Si 2017 a été marquée par la réforme DSN, le président de la MSA des Charentes estime qu’elle a été «une année où nous avons bénéficié et subi des réformes.» Mobilisation des équipes cotisations de la caisse pour permettre aux employeurs «de mieux maîtriser la DSN.» Depuis quelques mois, les employeurs calculent eux-mêmes leurs cotisations. «C’est une nouveauté qui n’est pas encore pleinement utilisée par les employeurs, surtout les petits employeurs de main-d’œuvre. Il y a encore un gros travail à réaliser, pour arriver à la stabilisation en 2018.» Le président de la MSA des Charentes n’y voit pas un gain de temps, mais un engagement des employeurs à faire appel à un prestataire «car il est très difficile de connaître l’ensemble des taux et leurs évolutions.» Il place cette réforme sur le même plan que la réforme des cotisations qui délaissèrent le cadastre. «Pour la MSA, nous sommes encore en période d’adaptation.» 7 % des cotisations sont en rade en mars dus à cette réforme. «Il va falloir aller à la pêche de ces centaines de milliers d’euros…» Il annonce la prochaine vague pour 2019 : le prélèvement à la source. Une relation employeurs/MSA qui s’est ainsi resserrée par une plate-forme de services.
Selon lui, la conjoncture agricole est tangible : «les comptes agricoles ne sont pas florissants. L’aide au répit pour les éleveurs leur a permis peut-être pour certains de passer le cap. Mais j’aurais préféré que les cours soient à la hausse !» L’agriculture charentaise subit : «l’assiette sociale a baissé. Malheureusement le revenu des agriculteurs n’a pas augmenté. Le poids de notre aide sanitaire et sociale auprès des familles agricoles est croissant.» La caisse de MSA des Charentes met en avant sa proximité, de par sa structure, ses comités d’agence et ses élus. «Nous sommes réactifs. Un seul exemple : l’aide aux agriculteurs en difficulté mise en place dans 2 ou 3 comités.» Les 10 comités agissent selon lui. «Cette proximité est peut-être pour certains un luxe. Mais pour nous, MSA, nous y tenons autant le conseil d’administration que l’équipe de direction, mais aussi les comités d’agence. Cette proximité nous l’avons jusqu’en 2020. Mais nous souhaitons la maintenir entre 2020 et 2025. »
La MSA en première ligne
Le thème choisi de cette assemblée générale est les produits phytosanitaires et leurs utilisations. «C’est un thème d’actualité où tout et son contraire se disent. La MSA est en première ligne. Nous ne sommes pas là pour opposer agricultures conventionnelle et biologique qui ont toutes les deux leur place dans les territoires. La MSA est là avec ses infirmiers, ses médecins, ses conseillers en prévention.» Elle souhaite interpeller sur les bons gestes en la matière. «Ce ne sont pas des produits anodins, pharmaceutiques avec un maximum de précaution à prendre pour que dans 20 ou 30 ans on parle de maladies dues à leur utilisation.» Patrick Couillaud insiste : «ce n’est pas un souci actuel de la MSA, car les préventeurs, les médecins du travail ne datent pas d’hier à la MSA. Devant la situation actuelle, la MSA ne veut pas être absente. Les décès, dans une enquête nationale, ne montrent pas qu’il y en ait plus dans le monde agricole que dans d’autres corporations. Nous voulons être en pro-réactivité.» En filigrane, le long processus des maladies professionnelles fondées sur des bases concrètes. Le réseau Phyt’Attitudes permet de répondre aux interrogations, mais «il est sous-appelé.» Il se fait insistant : «n’attendons pas 20 ans pour avoir les bons gestes ! » Quant aux coûts de la prévention pour la MSA des Charentes, il affirme que «c’est une évidence» : «cela a toujours coûté. C’est le seul moyen que nous avons pour préparer l’avenir. Et… prévenir les accidents et les maladies professionnelles. Cela fait partie de nos missions. Abordons ce coût avec clairvoyance pour nos salariés et nos exploitants pour mieux vivre le plus longtemps et en meilleure santé.» Satisfait du «dynamisme» des comités d’agence, Patrick Couillaud constate «avec fierté» qu’ils travaillent sans attendre les directives du conseil d’administration de la caisse : «nous ajouterons dans quelques semaines des missions, mais ils sont parfaitement insérés dans les territoires et œuvrent en ce sens.»