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« Pas d’avenir pour les jeunes sans politique agricole ambitieuse »

C’est dans un climat de forte tension avec les pouvoirs publics, les GMS et les transformateurs que les Jeunes Agriculteurs organisent leur animation d’été autour du concours départemental de labour, à Vanzay, le 2 août. Tour d’horizon avec Julien Chartier président de JA 79.

Julien Chartier, président de JA79 : « GMS, politiques et transformateurs se renvoient la balle ».
Julien Chartier, président de JA79 : « GMS, politiques et transformateurs se renvoient la balle ».
© G. R.

En cette période de l’année, le président des JA doit faire son travail sur sa ferme et s’occuper du concours de labour ?
S’occuper du concours de labour est important pour notre structure. On n’organise plus de Fête de la terre, mais le concours départemental de labour reste. Nous y accordons  de l’importance. C’est une de nos façons de faire vivre le territoire. C’est un moment privilégié  pour les jeunes du canton de Lezay qui organisent cette manifestation avec l’appui de la structure départementale et des autres jeunes qui leur donnent un coup de main pour se retrouver, passer de bons moments ensemble, partager les bonnes choses et les moins bonnes.



Vous dites les bonnes choses ?
Oui bien sûr ! Cette journée marque la fin des gros travaux de la saison. On discute du métier, des récoltes... Mais les mauvaises nouvelles seront aussi dans les conversations.



Et en premier lieu ?
Cette année toutes les productions sont concernées : la viande bovine, le lait… On ne sait pas par quel bout les prendre, quelles solutions apporter aux filières…



Vous voulez dire que les idées manquent ?
Nous sommes toujours dans l’urgence pour les prix qu’il nous faut et l’absence de projet politique, avec les contraintes qui nous sont imposées. On navigue sans boussole. La politique agricole est gérée à la petite semaine. Il nous faut quelque chose d’ambitieux. On en a marre de devoir être financés avec des aides à la trésorerie, quand on peut en obtenir, pour nous en sortir. La gestion des aides PAC, cette année est une catastrophe. L’administration devrait avoir honte. Les dossiers étaient très complexes – avec des dessins sur ordinateur, et j’en passe !- , la date limite de dépôt des dossiers a été repoussée et on nous promettait le versement des DPB en octobre et décembre. Voyant que ce ne sera pas possible, on nous annonce une avance avec des formulaires à renvoyer en août ! De qui se moque-t-on ? Si on avait un réel projet agricole on n’en serait pas là. J’ai 31 ans et depuis vingt ans, on fait dans l’urgence. On nous présente des politiques agricoles qui ne durent pas plus de cinq ans et encore, il faut parfois les revoir à mi-parcours.



Ce sont les politiques que vous visez ?
Chacun se renvoie la balle. Regardons la contractualisation en production laitière. A peine mise en place, les difficultés apparaissent. En production caprine, rien n’avance, alors qu’il nous faudrait un signe fort avec une revalorisation du prix du lait. Idem dans les autres filières. On accuse les GMS et les transformateurs et ils nous répondent que ce sont les politiques. Notre urgence, ce sont  les prix pour nous en sortir dans la durée. Un projet agricole à dix ans pour la France et l’Europe permettrait d’installer des jeunes et de vivre de notre métier.



JA est prêt à repartir dans les actions syndicales ?
Devant l’inertie des transformateurs, des distributeurs et du gouvernement, il n’y a pas beaucoup à faire pour que les jeunes reprennent les manifestations. Regardons comment s’est déroulée « la nuit de la détresse ». En quelques heures, soixante jeunes se sont mobilisés. Du jamais vu. Ces actions coups de poing ont une valeur symbolique très forte. Les GMS sont sur le qui-vive parce qu’elles se demandent où nous allons mener nos actions, qui va être notre cible. Elles ont bâti un empire et ne veulent pas le voir cassé ! Nous ne savons pas qui se remplit les poches, qui dit la vérité. Une chose est sûre, je ne crois ni les uns ni les autres, transformateurs ou distributeurs. Nous disons assez discuté. Il faut des actes. Nous avons rencontré, nous ou nos représentants, les politiques, les administrations, les GMS. La filière viande bovine est l’exemple type. On nous promettait 5 centimes de plus par semaine pour arriver à 50 centimes par kilo, avec un bilan à mi-parcours. Au final : rien !



A vous entendre on se demande comment font les jeunes pour s’installer ?
Malgré tout je reste confiant. Il faut se battre pour tirer tous les agriculteurs, les jeunes en particulier vers le haut, faire en sorte que personne ne s’enfonce. C’est dans cet esprit que s’inscrit notre relance syndicale. On n’arrête jamais. On peut se féliciter que les cantons de Brioux et de  Saint-Maixent ont vu le jour. Comme à Melle, Bressuire, Niort, Lezay… il y a de l’activité, avec des jeunes qui ont envie de se battre pour leur métier, pour leur avenir.



Malgré les contraintes ?
Il est vrai qu’en Deux-Sèvres on cumule beaucoup de handicaps, avec la protection de l’outarde ou les associations citoyennes qui s’opposent à des projets d’élevage, en périphérie de village, par crainte des odeurs ou de je-ne-sais-quoi. Soit le projet est refusé, soit on impose à l’éleveur un surcoût pour des normes techniques supplémentaires qui mettent en péril la rentabilité de leur exploitation.Quand on cumule ces contraintes avec les prix insuffisants, et cette année, avec une sécheresse qui ne va pas arranger les trésoreries, on se demande si on veut encore des agriculteurs sur nos territoires. Une agriculture administrée comme elle l’est n’est pas compatible avec la liberté d’entreprendre. La société ne soutient plus son agriculture, comme elle le faisait il y a encore vingt ans. Se plier à ses exigences nous condamne à mourir à petit feu. Il faut que cessent les discours où on n’entend parler que d’un seul modèle agricole. Tout le monde ne pourra pas faire de la vente directe. La politique exportatrice de l’agriculture est nécessaire pour faire vivre les agriculteurs et les emplois qui concernent 20% de la population active en Deux-Sèvres.

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