Passionné, Xavier Deborde n’en est pas moins revendicatif
Installé à Beaulieu-sous-Bressuire, Xavier Deborde conduit un troupeau de 60 charolaises. La stabilité du prix de la viande bovine alors même que les charges de production ne cessent d’augmenter ne permet plus l’équilibre obtenu grâce au bâtiment avicole.
Il y a un an, Xavier Deborde recevait sur son exploitation des jeunes collégiens de Bressuire. « C’était un vrai plaisir que de voir dans les yeux de ces ados l’émerveillement », commente l’éleveur. Autour du bâtiment avicole puis non loin d’ici dans les stabulations et les prairies où pâturaient les charolaises de l’exploitation, l’agriculteur, installé depuis janvier 2012, revenait sur son parcours, les choix qui à 27 ans l’ont amené à quitter son métier de technico-commercial pour s’installer. « La qualité de vie. Le soin aux animaux. Quoi de plus magique que la naissance d’un veau », reprend-il aujourd’hui à l’évocation de ce bon souvenir en compagnie de ceux qui demain peut-être assureront la relève. « Le travail sur la ferme est passionnant. J’aime être décideur, organiser mon quotidien », réaffirme-t-il en ce mois d’août 2015 même si quinze jours plus tôt, l’exploitant, également leader syndical à JA 79, était dans les rangs de ceux qui auprès des transformateurs et des distributeurs sont allés demander des comptes. À la rentrée, il soutiendra les actions visant à interpeller le gouvernement et l’Europe sur les réalités économiques et la charge administrative qui découragent plus d’un agriculteur passionné.Sept jours sur sept sur l’exploitation à travailler, à la tête d’un outil de production qui demande de lourds investissements, le jeune père de famille aspire à un niveau de vie digne de ceux qui osent prendre des risques et « dont le travail est source de dynamique économique dans les territoires ruraux », argumente Xavier.
Préserver l’équilibre familial
Contraints par des charges de production en forte hausse ces dix dernières années alors même que le prix de la viande est stable, les agriculteurs ont par une augmentation de la taille et le développement de la productivité de leurs ateliers, préservé l’économie de leur structure. « Nous sommes au bout de cette logique. Les journées ne font que vingt-quatre heures. Le travail est une chose. Mais nous devons également préserver l’équilibre familial. Sans celui-ci notre dévouement à l’exploitation ne durera pas », précise le trentenaire.Le prix moyen des vaches vendues depuis le début de l’année atteint péniblement 3,85 € le kilo carcasse. « Mon oncle vendait ses vaches 24,50 francs en 1991 soit 3,73 €/kilo. Pour un animal de 420 kilos, le produit est supérieur de 50,30 euros quand dans le même temps les charges, les dépenses ont explosé. La marge brute par hectare de SFP est passée de 800€ en 2013 à 300 € en 2014 alors qu'il y a une augmentation des ventes par accroissement du cheptel », précise Xavier. Et de rajouter : « Le taux de TVA sur les semences est passé de 5,5% à 10%. L’azote est passé de 172 euros la tonne à 330 euros la tonne. Une taxe environnementale a subitement fait son apparition dans les factures. Le correcteur azoté qui coûtait 150 euros la tonne coûte 270 euros aujourd’hui. Un tracteur, le même modèle, coûtait 28 000 euros au début des années 2000. Il coûte52 000 euros aujourd’hui. Comme dans l'ensemble des filières, les charges sociales françaises sont un handicap dans un marché européen concurrentiel. Nous ne pouvons plus faire face. Un rééquilibrage entre produits et charges est indispensable pour faire du métier d’agriculteur un métier d’avenir. »