Pays Saintonge romane : Faire que deux mondes se rencontrent
D’un côté la démographie des exploitants, de l’autre des porteurs de projets. Point accueil Installation et Point transmission œuvrent.
Le constat que dresse Arnaud Dubois, président du Point Accueil Installation, est sans fioriture : «nous avons environ 300 porteurs de projets qui ont poussé la porte du PAI, avec tous types de profils du projet vague au plus abouti. Entre 100 et 150 s’installent dans le département sur tous types d’exploitations. Le potentiel est là : des jeunes diplômés, avec un projet. Mais pas d’exploitations à reprendre…» Le nœud gordien est là. Pour mieux appréhender le «repérage» du devenir des exploitations, Chambre, PAI ont décidé de mener l’étude auprès des exploitations de la Saintonge romane. Si on ajoute un âge moyen grandissant et des perspectives de cessation en augmentation, l’équation est difficile. Plein de jeunes prêts à s’installer, mais pas de renouvellement des générations pour autant. Et en plus, nombre de projets sont conçus sans les aides à l’installation. Olivier Bayou, élu en charge de l’installation à la Chambre d’agriculture, globalise : «les problématiques ne sont pas qu’agricoles mais aussi de vitalité des communes, de leur aménagement, etc.» Trois communautés de communes de St Porchaire à Gémozac jusqu’à Chaniers et Burie, 70 communes, 1032 km2, 70 000 ha exploités, 40 réunions communales après, le diagnostic se décline en graphiques et courbes. «Il nous fallait actualiser les données des exploitants» souligne Arnaud Dubois «pour avoir une photo informelle.» Alexandra Cottel, conseillère d’entreprise à la Chambre d’agriculture, a donc planché sur ce territoire : Il y a 938 exploitations au total. Un tiers en viticulture, un tiers de grandes cultures, un tiers d’élevage. 72 % d’hommes. Et surtout une pyramide d’âge «défavorable» : 42 % ont plus de 55 ans (450 exploitations), 15 % entre 50 et 54 ans (157 exploitations). «Sur 10 ans, on compte 175 installations d’exploitant(e)s de moins de 40 ans.» 79 installations se sont faites avec les aides (45 %), 96 sans. Plus de la moitié se fait en individuel (59 %), 20 % en EARL, 15 % en SCEA. La SAU moyenne est de 85 ha (de 0.003 à 630 ha). Et autre alarme : 57 % des exploitants de plus de 55 ans n’ont pas de transmission assurée, 67 % chez les 50-54 ans. Chez les premiers, c’est 34 % des viticulteurs et 39 % des céréaliers, Chez ces «cédants» potentiels la SAU varie de 0.3 à 312 ha. Un quart a moins de 20 ha, un tiers moins de 50 ha, un autre quart entre 50 et 100 ha, 17 % entre 100 et 200 ha.
Tout un environnement
En face, dans les exploitations aidées, 70 % sont originaires du milieu agricole, 90 % du département, 3 % sont pluriactifs. 46 % ont un BTS, 39 % sont en reconversion. Autre profil dans l’avalanche de chiffres extraits de cette étude : sur les 33 exploitations étudiées, 18 % sont en bio, 30 % ont une activité de transformation, 33 % de la vente directe. Dans les motivations, on trouve en premier la pérennisation de l’exploitation familiale (43 %), la réalisation d’un souhait personnel (36 %), être son propre chef (15 %). Chez les «non-aidés» 40 % n’ont pas de formation agricole, la moitié ont entre 25 et 29 ans, 43 % s’installe en viticulture, 18 % en grandes cultures et autant en bovins viande et maraîchage (9%). Les proportions de motivation sont les mêmes que les «aidés.» En fait, on s’est installé sans aide car 40 % n’avaient pas le diplôme agricole de niveau IV, ou parce que la surface était trop petite, ou le salaire trop élevé ou on avait plus de 40 ans. Mais 45 % des installés «non aidés» auraient pu prétendre aux aides…
Le débat, que voulait instaurer cette présentation, était focalisé sur les «conditions» d’émergence des projets de cédants et de ceux de futurs installés. Pas seulement : il faut mobiliser les élus sur le maintien de ce «tissu économique agricole» comme le soulignait Olivier Bayou : «un ou deux agriculteurs dans la commune, ce sont des gamins à l’école, la poste ou les commerces qui marchent toute l’année. Pas que pour les touristes, absents l’hiver.» Gérard Desrente, élu à la CdA de Saintes abordait un aspect complémentaire : «celui du poids des contraintes environnementales que doit prendre en compte tout nouvel installé.» Arnaud Dubois insistait pour que les «futurs installés» aient le «niveau requis», d’autant qu’existent sur le département les formations. Il pondérait : «malgré les crises, les contraintes, les difficultés, on a un taux de réussite à 95 % des installations à 10 ans… Ce n’est pas mal non ?» La Chambre devrait maintenant «concrétiser» ce diagnostic pour conduire les exploitants de plus de 55 ans sur le chemin des installations.