Porcs
Perspectives peu rassurantes pour la filière porcine
La filière porcine est en crise. L’avenir sur le marché mondial s’annonce flou et peu encourageant vu le contexte économique.
«Force est de constater que depuis un an, peu de chose a changé et les facteurs de crise sont toujours les mêmes », a rappelé Yves Debien, président de l’Association régionale porcine Poitou-Charentes (Arppc), en préambule du rapport d’activité lors de l’assemblée générale du 21 septembre à la chambre d’agriculture de Charente. La situation est relativement simple, sur les sept premiers mois de l’année, si les cours du porc ont augmenté de 13,5 %, le prix des aliments est monté en flèche de 60 % en un an, empêchant les éleveurs de couvrir leurs coûts de production. Au mois de mai, l’aliment, qui représente plus de 60 % du coût de production, atteignait 275 €/tonne.En 2010, la production européenne a augmenté de 1 % pour s’établir à 255,4 millions de têtes, le même niveau que 2008. La croissance a été plus forte en Allemagne (+ 1,5 %), Danemark (+ 2,5 %) et au Pays-Bas (+ 3 %). La production française diminue de 1,8 % en têtes mais reste quasiment stable en tonnage (- 0,3 %).Au niveau mondial, la Chine reste le premier producteur mondial avec une hausse de 2 %. En Amérique du Nord, la production est en baisse de 2 %. La croissance s’est ralentie au Brésil avec + 1,3 % (+ 3,6 % en 2009). La Russie voit sa production augmenter de + 3 % en dépit de problèmes sanitaires.
Les effets de la crise
Estelle Antoine, ingénieur à l’Ifip, a présenté quelques éléments de perspective sur le commerce mondial du porc. La production européenne est en augmentation. Heureusement, celle-ci est absorbée par l’évolution de + 19 % des exportations vers les pays tiers : la Corée (+ 114 %) qui a connu deux crises sanitaires, la Chine (+ 60 %) qui n’est pas autosuffisante et la Russie (+ 8 %) qui malgré ses ambitions voit se développer la peste porcine africaine. Au final, la forte demande mondiale a permis une hausse de 10 % des prix européens en 2011 qui s’établissent à 1,43 €/kg. Les tendances de ces derniers mois sont tout de même à la baisse alors que les cours des matières premières devraient rester élevés, au moins jusqu’à la fin de l’année.Depuis 2010, la France est confrontée à une baisse de ces exportations sur le marché européen en plus de la hausse des importations espagnoles et allemandes. La France perd des parts de marchés, en partie à cause d’un coût de main-d'œuvre largement inférieur en Allemagne qui fait venir des salariés des pays de l’est en passant par des agences intérim polonaises ou tchèques. Plusieurs facteurs détermineront l’avenir, dont le rapport production et demande, la situation sanitaire, la concentration de l’amont et de l’aval, la compétitivité et les progrès techniques. Mais, on peut sérieusement s’interroger sur les effets de la conjoncture économique sur la consommation européenne et mondiale.
En 2010, l’ensemble de la production contrôlée par Uniporc en Poitou-Charentes a légèrement diminué : – 2 % pour un total de 611 757 porcs. Elle a baissé de 4,7 % depuis 2007 mais retrouve un niveau proche de 2003. La région représente 2,8 % de la production de la zone Uniporc (Grand Ouest et Nord) et 7,5 % des abattages. Les éleveurs régionaux sont fortement impliqués dans les démarches qualité (90 % d’entre eux), que ce soit avec les démarches CCP, label rouge et particulièrement Jambon de Bayonne. Le tonnage abattu en Poitou-Charentes s’élevait en 2010 à 128 404 tonnes, soit une diminution de 3,5 % par rapport à 2009.