Pesticides : La légion d'honneur pour le lanceur d'alerte, Paul François
Le combat de l'agriculteur charentais, Paul François, face à Monsanto se poursuit en mai prochain devant le tribunal correctionnel de Lyon. En attendant, le président de Phyto-Victimes a reçu la légion d'honneur des mains de Nicolas Hulot, samedi 29 novembre 2014. Il a annoncé dans la foulée la conversion partielle de ses terres situées en bordure de champ, en bio.
Longtemps, l’agriculteur charentais a mené son combat seul contre tous. Un petit Poucet, disait-on, face à la toute-puissante firme Monsanto, que Paul François a osé défier et faire condamner en 2012, suite à une intoxication au « Lasso », un herbicide depuis interdit. Le 29 novembre, en voyant le nombre de personnalités réunies dans la salle socioculturelle de Salles-de-Villefagnan pour assister à la remise de sa légion d’honneur, Paul François a pu mesurer tout le chemin parcouru, depuis le début de son engagement contre les pesticides.
C’est Ségolène Royal en personne qui a validé sa remise de médaille au titre de chevalier de la légion d’honneur (rappelons que nul ne peut demander pour soi-même un grade dans la Légion d'honneur : il faut être proposé par quelqu'un d'autre et ce dossier doit être appuyé par un ministre, en l’occurrence, celui de l’Ecologie, N.D.L.R.).
En retour, Paul François a choisi Nicolas Hulot, chantre de la cause environnementale pour « l’épingler ». Chose faite samedi 29 novembre devant une pléiade de personnalités du département, qui, une à une, sont venues saluer « le lanceur d’alerte » (dixit Gérard Sorton, maire de Salles-de-Villefagnan) ; l’agriculteur « un peu emmerdant, provocateur mais attachant » (Bernard Charbonneau, président de la Communauté de communes) ; le briseur d’omertà (Franck Bonnet, vice-président du Conseil général) ; l’inspirateur d’une cause, reprise par la sénatrice Nicole Bonnefoy, à l’origine d’un « rapport alarmant » sur l’usage des pesticides.
Conversion partielle au bio
Devant les membres de Phyto-Victimes, assises au premier rang, parfois en fauteuil roulant, Nicolas Hulot, lui, s’est interrogé publiquement : « Comment a-t-on pu vous abandonner dans votre combat ? » Et d’inviter à suivre « d’autres modèles agricoles possibles ».
Cette voie, Paul François a justement décidé de l’explorer. Celui qui se disait jusqu’à présent partisan d’une agriculture « raisonnable », a décidé de reconvertir une partie de ses terres en bio. Soit « 100 hectares (sur les 240 que compte son exploitation céréalière) de parcelles qui sont situées en bord de route » afin de protéger les riverains de tout risque en cas de traitement phytosanitaire. Une décision qu’il a prise au terme de deux ans de réflexion, en partenariat avec sa coopérative « qui a décidé de m’accompagner dans cette conversion pas simple » : « Je le répète : l’agriculture bio n’est pas une solution applicable à tous les agriculteurs. Moi, j’ai décidé ce passage en bio pour me mettre en accord avec mes convictions ».
Cette conversion, qui reste très symbolique, devrait avoir lieu en avril 2015. Quelques semaines plus tard, le 28 mai, l’agriculteur charentais se retrouvera une nouvelle fois devant le tribunal de Lyon, la firme Monsanto ayant fait appel du jugement prononcé en sa défaveur en 2012.
En attendant, Paul François, lui, a dédié sa légion d’honneur aux victimes des pesticides, dont certaines sont malheureusement déjà décédées.