Pineau : À la recherche d’innovations
Comment conquérir le cœur de nouveaux consommateurs ? La question a été centrale lors de l’assemblée générale du Syndicat des producteurs de pineau des Charentes à Cognac.
Depuis 2006, les sorties de pineau des Charentes sont en diminution constante. 2018 ne fait pas exception avec seulement 75 774 hectolitres au niveau mondial, dont 59 579 pour la France. Philippe Guérin, le président du Syndicat des producteurs de pineau des Charentes, dresse le constat. «Notre produit connaît une baisse ininterrompue de ses ventes. Les raisons de cette situation sont un marché intérieur limité. La France, la Belgique, plus quelques ventes à l’export. Il subit la diminution des produits alcoolisés et des apéritifs. Dans ce contexte, le choix des consommateurs va plus vers des produits porteurs d’image.»
Les producteurs de pineau doivent faire face aussi à un changement des habitudes de consommation. «Les repas de famille ont changé. Les apéritifs en famille ou entre amis se déroulent différemment. Il faut proposer d’autres façons de consommer le pineau des Charentes. Le public est en attente de redécouvrir le produit.»
Un des gros chantiers du syndicat est le travail autour de nouveaux produits, notamment le pineau rosé. Les travaux de dégustation ont permis de retenir 11 échantillons pour la gamme de couleurs, avec un accent mis sur l’examen organoleptique. «Nous n’avons pas souhaité mettre de bornes. Ce qui nous importe, c’est l’avis du consommateur. Lui n’a pas de moyen analytique mais il sait faire la différence entre un vin blanc et un vin rouge. À chaque producteur de faire ce qu’il souhaite et de proposer le meilleur produit à son consommateur dans le respect du cahier des charges. »
«L’innovation est un point important pour redynamiser notre produit : la technique, le produit, la présentation. Le pineau rosé, le pineau de chauché..., nous menons aussi une réflexion sur les cépages résistants. Ce sont des vecteurs qui remettent un peu en question nos modes de production. Ce travail, nous le faisons mais il n’a pas forcément été valorisé. Il faut continuer de travailler dans ce sens. Avec la démarche pour une viticulture durable initiée par les producteurs de cognac, certains du pineau s’y sont engagés et peuvent apporter de la valeur à leur produit. Il y a une demande de produits plus travaillés, plus finis », reprend Philippe Guérin. Le syndicat a fait évoluer la segmentation sur les vieux et très vieux pineaux. Le syndicat a permis de monter l’âge des vieux pineaux de 5 à 7 ans et des très vieux pineaux de 10 à 12 ans.
L’autre objectif est de communiquer sur l’utilisation du pineau. «Il est ancré comme traditionnel voire un peu vieillot. La tendance est au kraft, on peut utiliser un produit un peu ancien. Nous portons tous l’image du pineau quand nous le partageons, entre amis, dans la filière, sur les marchés. Chacun doit porter cette image, comme elle l’était avec la vente directe», estime le président.
Ces constats et ces préconisations ne suffiront pas à redresser la barre. «Le syndicat ne peut pas tout porter, nous avons besoin des producteurs. Ce n’est pas tout d’avoir des outils, il faut les mettre en œuvre.»
Le président invite les producteurs à s’engager. «Il est important d’avoir une démarche de filière. Il faut défendre la valeur pineau, investir dans la communication et les débouchés. Nous devons exiger un engagement sur la durée de la valeur, sur les débouchés et sur la valorisation de commercialisation. Il y a une réflexion sur le rendement. Elle devra être prise rapidement. Chacun doit être prudent sur ses affectations», prévient-il.