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Manifestation
Plus de 10 000 agriculteurs pour sauver l’élevage

Malgré les difficultés liées aux conditions météo des dernières semaines, les éleveurs, mais aussi les céréaliers se sont largement mobilisés dimanche dernier, à Paris.

Quelques minutes avant le départ du cortège, Xavier Beulin observe d’un air satisfait la foule des agriculteurs. « On espérait 10 000 personnes et je crois que les chiffres vont être plus élevés ». « Je suis vraiment fier de cette mobilisation » ajoute François Thabuis, président des Jeunes Agriculteurs. Le président de la Fnsea espère que cette journée permettra d’alerter le gouvernement sur la situation actuelle de l’élevage. « Les problèmes de compétitivité, les normes très contraignantes sont vraiment des freins au maintien de l’élevage. Les conditions climatiques actuelles n’arrangent rien. Nous avons de vraies attentes. Cet après-midi, c’est un moment de rencontre particulier que nous souhaitons avoir avec les Parisiens. Pour leur redire que la qualité a un prix. Et cela vaut aussi pour la grande distribution, qui doit comprendre que les éleveurs doivent pouvoir vivre de leur métier ! Actuellement, il manque 10 à 15 % de valorisation de nos produits. ». Pour le président des JA, « les messages sur les banderoles ne sont pas neufs. C’est toujours les prix qui mènent tout. Et au sein de l’agriculture, l’élevage, c’est un peu la base ». Les échanges de l’après-midi ont été jugés « très intéressants, très enrichissants », par Alain Chabauty, président de la Fnsea 79, dont le message aux Parisiens était : « Par le choix de vos produits, vous avez une énorme responsabilité sur ce que seront nos territoires, sur l’avenir de l’agriculture ».
Comme beaucoup de ses compatriotes, il attend désormais « du concret » de la part des pouvoirs publics, dans la loi d’avenir, la LME et dans les rapports avec les GMS afin de « pouvoir discuter d’égal à égal, de rééquilibrer les rapports de force ». La Fnsea doit d’ailleurs rencontrer François Hollande, début juillet.

De Rorthais à l’esplanade des Invalides

Un bus au départ de Parthenay, un autre venant de Charente-Maritime qui a pris des manifestants aux Ruralies et un troisième, parti de Thouars et dans lequel Guylène Barbot a pris place. Il est 2 h 30 ce dimanche matin. L’éleveuse de chèvres prend la direction du lieu de rendez-vous des agriculteurs du bocage, avec ses trois enfants, Angélique, 23 ans, Alexis, 18 ans et Cécile, 8 ans. Son frère Samuel, est lui aussi du voyage alors que son mari est resté sur l’exploitation pour les soins aux animaux et la traite des 450 chèvres. Dans le bus qui doit les conduire à Paris, elle retrouve cinq autres agriculteurs de son canton.
Pas le temps, à cette heure-ci de prendre un petit déjeuner. Ce sera lors d’un arrêt sur l’autoroute avant d’arriver à Montparnasse, à 9 heures. Pendant le voyage quelques-uns dorment, d’autres somnolent. « Pas moi, parce que derrière, deux collègues n’ont pas arrêté de jacasser », s’amuse-t-elle.
La bonne ambiance est au rendez-vous. « Elle l’a été tout au long de cette journée », assure-t-elle. Mais très vite Guylène en vient au pourquoi de cette manifestation. « J’espère que ça portera des fruits », insiste-t-elle. Déléguée cantonale du canton de Mauléon, elle connaît les revendications des uns et des autres. « Il faut que les consommateurs sachent que si nous ne sommes plus là, on importera les produits agricoles.
Les importations sont déjà une réalité, dans le secteur caprin qu’elle connaît bien et qui est en crise depuis des mois. « Lactalis est inquiet pour ses usines parce que le lait qu’il importe d’Espagne n’a pas la même qualité que chez nous. Ils reconnaissent qu’on a un réel savoir-faire ». Alors « à qui la faute », se demande-t-elle ? « Aux GMS qui n’ont qu’un objectif, le profit maximum pour elles ? A nos laiteries qui ne vont pas chercher la valorisation là où elle devrait être ? »
Que le consommateur y mette le prix lui paraît une évidence. « Il fut un temps où on a pu s’en sortir en augmentant la taille de nos ateliers et les surfaces. Ce n’est plus possible. Aujourd’hui, il faut que notre lait soit mieux payé. Nos charges explosent. On est rendu au bout. La technicité ne pourra pas faire la différence par rapport au prix ». « J’espère que nous serons entendus aussi sur les normes de plus en plus draconiennes. Parce que les gens se découragent. Certains restent sur les exploitations parce qu’il n’y a pas de travail ailleurs… C’est l’amour du travail qui nous fait rester ».
Ses enfants connaissent les contraintes et les incertitudes du métier d’agriculteur. Angélique, sa fille aînée, travaille dans un abattoir, au Lion d’Angers. « Si l’élevage s’en va, elle sait que c’est son emploi qui est menacé », rapporte sa mère.
Cette grosse journée s’achèvera à 23h30, au retour à la maison. Avec le sentiment d’avoir apporté sa contribution à la défense du métier d’éleveur. Dans l’espoir aussi d’avoir été entendu, et, insiste Guylène « d’être un peu mieux considérée ».

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