Pour une gestion concertée de la ressource en eau
Lors de la conférence régionale de l’eau organisée lundi dernier, les responsables agricoles ont rappelé que l’eau était indispensable à toute activité agricole, tout en faisant part de leur volonté de se mobiliser pour préserver les ressources.
La gestion rationnelle des ressources en eau représente aujourd’hui un défi majeur, ont souligné à l’entame de la conférence régionale de l’eau, Christiane Barret, préfète de Région, et Jean-François Macaire, président du conseil régional, tous deux à l’initiative de cette réunion.
Or, l’état écologique des cours d’eau, présenté par l’Agence de l’eau, et celui des nappes souterraines, rapporté par l’Observatoire régional de l’environnement, n’est pas satisfaisant. « La Région est déterminée à utiliser toutes les marges de manœuvre à travers notamment le Feader et le programme Re-sources, pour changer de braquet et arriver à résoudre un certain nombre de difficultés sur lesquelles nous butons depuis plusieurs années », a confié Jean-François Macaire.
Un programme pour faire évoluer la qualité de l’eau
Dans la ligne de mire, la teneur en nitrates de plusieurs nappes. « Le fait que la Région soit davantage orientée vers les grandes cultures a des conséquences sur l'environnement », avance Philippe de Guénin, draaf de Poitou-Charentes.
« Toutes les fois que l’on retourne des cultures fourragères, et particulièrement des prairies, on augmente le nombre de passages en engrais, et pesticides et donc on augmente les risques de pollutions diffuses. Il n'y a pas d'amélioration frappante de la qualité des cours d'eau. On ne voit pas de changement notable dans les teneurs en nitrates, malgré les efforts fournis pour de meilleures pratiques. Il faut persister en incitant au changement de systèmes d'exploitations, en particulier dans les assolements car il en existe qui sont moins consommateurs d'intrants, plus efficaces sur l'amélioration environnementale. »
Cette mise en cause des grandes cultures n’a pas été du goût de Luc Servant, président de la chambre régionale d’agriculture de Poitou-Charentes.
Entendre dire que le développement des productions céréalières entraîne la dégradation de l'environnement et augmente le risque de pollutions est un raccourci qu'il peut difficilement entendre. « Les mesures en place n'arrivent pas à atteindre les objectifs fixés en matière de qualité de l'eau. On est conscient que des mesures fortes sur certaines zones sensibles doivent perdurer (mise en place de MAE, des zones de protection, le programme Re-Sources...). On réfléchit en parallèle avec la profession agricole, la coopération, le négoce, les instituts techniques et les chambres d'agriculture sur un programme, qui va s'appeler Azur Poitou-Charentes, pour accompagner le monde agricole pour faire évoluer les choses en matière de qualité de l'eau », a annoncé le président de la chambre régionale.
« On a des outils agronomiques, d'aide à la décision, des suivis de bilans qui fonctionnent. On doit mobiliser l'ensemble des techniciens des instituts, des coop, des négociants, pour aider les agriculteurs à modifier leur production, à mettre en place un couvert d'interculture, et à faire rentrer d'autres cultures dans les rotations. » Une proposition qui a retenu l’attention de Jean-François Macaire, et que Christiane Barret a jugé « de bon sens ».
Des emplois grâce à l’irrigation
La gestion quantitative de l’eau a aussi occupé une large part dans les échanges de cette demi-journée. Louis-Marie Grollier, président d'Aquanide, a fait part de ses inquiétudes à propos du projet de révision du Sdage Loire Bretagne. Dans le collimateur de l’agriculteur, des modifications concernant le remplissage des réserves de substitution. « Nous ne pourrons remplir ces fameuses réserves qu'une année sur deux. La période de remplissage pendant la période hivernale est raccourcie de décembre à mars, et des niveaux de rivière ou de nappes vont être rehaussés. Ce qui va aussi poser problème. Cette révision nous inquiète. Car les agriculteurs se sont engagés dans des contrats territoriaux avec l'État pour mettre en place ces réserves de substitution, un certain nombre de coopératives ont été réalisées, en Charente-Maritime un syndicat mixte va être créé. L'État jusque-là nous a soutenus dans les différentes démarches. Mais depuis quelques mois nous sommes un peu perdus. Il faut savoir que l'irrigation fait apparaître en Poitou-Charentes des cultures à haute valeur ajoutée qui génèrent de l'emploi. Dans la région, un irrigant génère 5 à 6 emplois permanents. Nous sommes sensibles au développement économique des territoires ruraux.»
La préfète a voulu rassurer le président d’Aquanide: « La mesure dont vous parlez n'est pas encore enterinée. Il va y avoir une consultation sur cette question. »