Eau
Précautions maximums avant d’utiliser l’eau des stations d’épuration
L’eau des stations d’épuration doit-elle aller alimenter les rivières ou peut-elle servir à l’irrigation ? A Prahecq, le maire, Claude Roulleau, suivra les recommandations d’une étude en cours. Mais selon lui, autant qu’elle serve à l’agriculture.
Aiffres, Frontenay-Rohan-Rohan, Granzay-Gript, Prahecq doivent décider du sort des eaux usées de leur station d’épuration : soit les stocker pour l’irrigation, soit les rejeter dans la Guirande.En mars, le conseil général a d’accordé une subvention de 270 000 euros à la commune de Prahecq pour réhabiliter la station vieille de plus de trente-cinq ans. « On a été rappelé à l’ordre, parce qu’elle n’était plus aux normes », résume Claude Roulleau, maire de la commune. L’investissement s’élève à 3,5 millions d’euros qui se répartissent en 1 million d’euros pour refaire le réseau et 2,5 millions d’euros pour la station proprement dite avec bassin d’orage et d’irrigation après traitement UV pour azote, phosphore…. « Ca devient primordial, compte tenu des conséquences sur le développement des algues et les phénomènes d’eutrophisation », poursuit-il. L’investissement est jugé « lourd ». Il est financé par un emprunt de 2 millions d’euros et 500 000 euros d’autofinancement. 850 maisons vont être raccordées, ce qui correspond aux rejets de 1 800 habitants, sur les 2 060 de la commune. La station a une capacité de traitement des eaux de 3 500 habitants en prévision de l’accroissement démographique mais aussi d’un éventuel raccordement avec Saint-Martin-de-Bernegoue et ses quelque 700 habitants. Il est prévu qu’elle soit opérationnelle au 1er novembre.Classé prioritaire, le projet a bénéficié de subventions de l’Agence de l’eau (35%) et du conseil général (15%). « Une fois les eaux traitées, les boues seront épandues sur des terres conformément à un plan d’épandage portant sur une soixantaine d’hectares, à raison d’une rotation sur deux ou trois ans », explique François Martin, adjoint au maire, en charge du dossier. Quant aux eaux, « le dossier est en stand-by, dans l’attente des conclusions de l’étude en cours », explique Claude Roulleau. « La Guirande n’a pas assez de débit. Nous attendons pour savoir si nous pourrons y rejeter l’eau, même très épurée, y compris en été quand la rivière est à sec. » De son côté, la préfecture a donné son accord pour l’irrigation, mais cette autorisation est donnée à titre expérimental (voir ci-contre). « Ce qui veut dire que c’est une autorisation avec beaucoup de contraintes », traduit François Martin.Les 70 000 mètres cubes de la réserve permettront de stocker la production des six mois d’eaux usées correspondant à la période des assecs réguliers des étés. L’étude demandée par la CAN au nom des quatre communes riveraines de la Guirande doit dire si l’eau pourra être stockée ou pas et quelle sera sa destination finale. « On a besoin de l’eau pour l’agriculture », insiste Claude Roulleau. Cependant, le maire de Prahecq ne se dit « pas opposé » au rejet d’un minimum d’eau dans la rivière « à des fins d’équilibre du milieu aquatique ».« Nous sommes dans une stratégie politique, économique et de développement qui ne s’improvisent pas », dit-il à propos de ce projet qu’il qualifie de « structurant » pour le territoire de sa commune et au-delà. « Si l’Etat dit qu’il faut reverser l’eau dans la rivière, on le fera, mais cela nous coûtera plus cher. Si au contraire il nous dit « pas d’eau dans le milieu », alors il y aura stockage. Mais dans ce cas, il serait idiot de ne pas l’utiliser pour l’irrigation. »Les 70 000 mètres cubes permettraient d’irriguer entre 30 hectares et 40 hectares. Le réseau enterré serait mis à la disposition des agriculteurs par la commune. « Du gagnant – gagnant », pour Claude Roulleau.
Les eaux usées pour l’irrigation
L'arrêté du 2 août 2010, définit le cadre réglementaire permettant d’irriguer cultures et espaces verts à partir d'eaux résiduaires traitées, hors Installations classées.Une autorisation préfectorale est obligatoire pour les nouveaux projets après avis du CoDERST (*). Trois types d'irrigation sont prévus :- gravitaire : remplissage de petits bassins par planches ou par rigoles... ;- localisée : distribution par tuyaux perforés, par goutteurs... ;- aspersion : l’eau est fournie sous forme de pluie artificielle au moyen de canons asperseurs.En Deux-Sèvres, la préfecture veut privilégier l'irrigation gravitaire ou localisée « qui limite la formation d'aérosols pouvant être vecteurs d'une contamination microbienne ». L'irrigation par aspersion peut être autorisée « à titre expérimental » par arrêté préfectoral. La mise en conformité des installations d’irrigation autorisées doit être faite avant le 31 août 2011.Actuellement le département est concerné par six stations d'épuration réalisant de l'irrigation des eaux traitées : Lezay, Melle, Mougon, Thorigné, Nueil-les-Aubiers, Sauzé-Vaussais et Thouars.Trois stations nouvelles ont été autorisées à faire de l'irrigation : Prahecq, Les Pierrailleuses – Granzay- Saint Symphorien, Saint-Varent.Des études complémentaires sur les risques sanitaires liés à l'aspersion sont en cours. Ses résultats seront connus fin 2011. « Il est vraisemblable qu’ils conduiront à une révision de l'arrêté du 2 août 2010 », précise la préfecture.
(*) Conseil départemental de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques.