Viande bovine
Premiers pas vers une revalorisation du prix à la production
Le groupe Bigard a fait un geste vis-à-vis des producteurs en acceptant de relever de 2 à 5 centimes par kilo ses prix d’achat des carcasses bovines. Mais les barrages n’ont été que « suspendus ».
«Les blocages sont suspendus. Nous y retournerons si les engagements ne sont pas tenus.» Pour Alain Chabauty, président de la section bovine de la FDSEA, la fin du blocage du site Bigard, à Cholet, par les éleveurs des Pays de la Loire et des Deux-Sèvres, le 10 novembre, est soumise à conditions. Car le relèvement immédiat de 5 centimes d’euros par kilo de carcasse sur le prix d’achat des vaches allaitantes et de 2 centimes d’euros pour les vaches de réforme n’est qu’un premier pas, qui vaut pour l’ensemble des abatteurs et transformateurs. « Les entreprises sont mises sous surveillance », poursuivait-il.
Le groupe Bigard aurait par ailleurs donné son accord pour lever les référés qu’il avait déposés à l’encontre des éleveurs et de leurs fédérations départementales afin d’obtenir la levée des blocages d’un certain nombre d’abattoirs.
Autre signe d’apaisement de la part de l’industriel, le PDG, Jean Bigard s’est engagé à revenir aux réunions interprofessionnelles d’Interbev qu’il boycottait depuis deux ans. Surtout, le numéro un français de la viande bovine qui contrôle 42 % des abattages de bovins a accepté de doter ses abattoirs de machines à classer. Et cela d’ici la fin de l’année ou au début de l’an prochain. Alors qu’il s’y refusait jusqu’à présent. Un pas qui va dans le sens de davantage de transparence dans la filière bovine. « On a conscience d’avoir été entendus » a rajouté pour sa part Jean-Michel Schaeffer, président des Jeunes Agriculteurs.
Relance de l’interprofession
Les éleveurs ne renoncent pas pour autant à l’augmentation de 60 centimes par kilo de carcasse. « C’est un objectif que nous voulons atteindre dans quelques semaines, car c’est le seul moyen de couvrir nos coûts de production », a expliqué Pierre Chevalier, président de la FNB.
Le 10 novembre, lors d’une réunion interprofessionnelle, à laquelle participait le médiateur, Loïc Gouëllo, les différentes familles de la filière étaient tombées d’accord sur un certain nombre d’orientations et sur la feuille de route que le ministre de l’Agriculture avait fixée la veille. Ainsi le consensus a été obtenu sur la nécessité de refondre les cotations, de mieux gérer le marché pour redresser les prix, à la fois en jouant sur les exportations et en lançant une campagne de promotion des races à viande avec le soutien de la grande distribution. Accord également des familles pour saisir l’observatoire des prix et des marges de façon à faire toute la lumière sur la formation des prix dans la filière. « A la production, le prix n’a pas bougé depuis dix ans, alors qu’il a augmenté de 40 % à la consommation », a déploré Dominique Barrau, secrétaire générale de la FNSEA.
Les représentants des familles professionnelles ont par ailleurs demandé à Loïc Gouëllo de faire l’inventaire des contraintes franco-françaises qui pèsent sur le fonctionnement des abattoirs, mais aussi de faire des propositions pour améliorer la situation. Une des voies qu’ils jugent indispensables pour restaurer durablement la compétitivité de la filière française aussi bien sur le plan national qu’à l’exportation. En attendant l’ouverture de nouveaux chantiers sur la segmentation du marché, la mise en place d’indicateurs de tendance et la contractualisation.
Recettes en baisse et charges en hausse
C’est à compter de 2007 que la situation des éleveurs de bovins à viande a commencé à se dégrader. Si l’on regarde les comptes nationaux par orientation, à ce moment-là, la production de l’exercice a commencé à fléchir tandis que les charges d’approvisionnement ont augmenté. Une situation qui reflète à la fois la stagnation des prix de marché et la persistance de hausse de charges comme celles liées à l’énergie ou l’aliment du bétail. Conséquence : la valeur ajoutée a fortement baissé, passant de 14 000 euros en moyenne à 11 700 euros. A cela s’est ajoutée une réduction des subventions d’exploitation de 4 000 euros en moyenne. Le résultat d’exploitation s’est donc effondré de même que le résultat courant avant impôts, de 26 000 euros en 2006 à 18 500 en 2007, puis 13 300 en 2008 et 14 700 en 2009 alors qu’il frôlait les 24 000 euros en 2002. Il faut remonter à des années antérieures à 1995 pour retrouver des niveaux aussi bas.