Présidentielle : cette ruralité qui se sent délaissée
Alors que le premier tour de l’élection présidentielle à lieu ce dimanche, les élus des territoires ruraux regrettent le traitement superficiel des problématiques de la ruralité par la plupart des candidats. Entre inquiétude, espoir et colère, ils se livrent.
«Cette absence de prise en compte de la ruralité est dramatique, elle démontre l’isolement de la classe politique », a lancé Vanik Berberian, président de l’association des maires ruraux de France, lors de l’assemblée générale à Lyon, mi-mars.
Il faut dire que ce sentiment semble assez répandu lorsque l’on interroge certains élus charentais. Fusion de communes et d’intercommunalités forcées, baisse des dotations, désertification rurale, difficultés budgétaires, crise agricole... Tout concourt à entretenir la sinistrose.
« La ruralité est un peu oubliée par les principaux candidats, confirme Marie-Claude Poinet, maire de la commune de Chabanais. Il faut dire qu’ils sont déconnectés de la base. Cela explique les affaires dont on entend parler en permanence. Les petits candidats sont plus proches de nos préoccupations car ils appartiennent moins aux arcanes du pouvoir et ont encore un contact avec le terrain. Les autres, le terrain, à part pour y atterrir et décoller ! Je crains qu’ils nous oublient pour parler que des régions et jamais des départements ou des communes ».
La crainte de la déprise
Christian Vignaud, président de la communauté de communes du Rouillacais, s’inquiète du désengagement de l’État et de la baisse des dotations aux collectivités territoriales. « On a l’impression d’être la tranche de jambon entre les 2 tranches de pain. La première, c’est l’État, voir l’Europe au-dessus, même si tout n’est pas à jeter. La deuxième, c’est le citoyen qui est de plus en plus impatient, inquiet et énervé. Il faut toujours faire mieux avec des dotations de l’État qui ne cessent de diminuer. On arrive au bout de décennies d’errances budgétaires et politiques. C’est très inquiétant. On a vu ce qu’il est advenu de l’industrie en France. J’ai peur que l’agriculture et le milieu rural subissent la même déprise avec une concentration urbaine qui va augmenter. Paradoxalement, on a aussi des gens qui reviennent vivre à la campagne par ras-le-bol de la vie dans les métropoles. Ce qui créé parfois des conflits d’usage ».
Des raisons d’y croire
Derrière les discours désabusés, d’autres élus y croient encore et ont trouvé chez certains candidats des raisons pour cela. Philippe Bouty, le président de la communauté de communes de Charente-Limousine reconnaît que le thème de la ruralité et des territoires n’a pas été assez abordé dans cette campagne « trop courte et polluée par les affaires », mais que l’on trouve dans les programmes de la plupart des candidats des éléments intéressants.
Notre dossier complet en pages 4, 5 et 6 de notre édition du 20 avril.