Prévenir la pénibilité plutôt que la comptabiliser
Interview de Janick Blais, président de la commission régionale emploi de la Fnsea.
Quel est le positionnement politique de la Fnsea face à la pénibilité ?
Nous ne sommes pas opposés au principe de pénibilité, nous ne pouvons que reconnaître que certains travaux ont un impact direct sur la santé. En revanche, syndicalement, nous nous battons contre le compte pénibilité tel qu’il est actuellement prévu.
Il est inapplicable en l'état actuel des textes et les employeurs agricoles sont aujourd’hui dans l'incapacité de faire face à la complexité administrative et technique liée à la mise en œuvre de ce compte.
Par exemple, pour mesurer le temps passé à exécuter un travail répétitif, en considérant qu’il y a répétition des gestes du salarié lors de la traite, l’employeur devra s’interroger sur la notion de cadence contrainte et se demander si la répétition du geste comporte 30 actions par minute. Puis, il devra évaluer pendant combien d’heures par an s’effectue cette répétition des gestes et voir si le résultat dépasse le seuil des 900 heures annuelles.
Autant de complexités qui peuvent donner lieu à interprétation et donc être source de conflits voire de litiges entre employeurs et salariés.
Pour contrer le dispositif tel qu’il est, nous devons être force de proposition, c’est pourquoi la Fnsea poursuit sa réflexion sur des solutions adaptées au secteur agricole. Nous attendons aussi les retours du terrain pour enrichir ces propositions.
Quelles sont les actions mises en œuvre par les Fnsea ?
En tant qu’organisation patronale représentative, nous avons le devoir d’accompagner individuellement et collectivement les employeurs et c’est ce que nos services emploi font au quotidien.
L’an dernier, nous avons déjà mené des actions de sensibilisation en partenariat avec l’Association régionale pour l’amélioration des conditions de travail (Aract) et le service prévention de la MSA. Un travail que nous allons poursuivre cette année.
Notre objectif est d’informer les employeurs sur leurs obligations légales en termes de pénibilité mais aussi et surtout de travailler sur la prévention. Plutôt que de constater bêtement que nos salariés - et souvent nous-mêmes … - sont exposés, autant essayer de trouver des solutions en amont quand c’est possible. Par exemple, pour contrer l’exposition aux vibrations mécaniques des tracteurs, il suffit d’investir dans des sièges adaptés. Bref, penser au confort de travail pour préserver notre santé et celle de nos salariés !
A lire un dossier de 4 pages dans Agri 79