Lait
Prix du lait : la sortie de crise ?
Après l’annonce du Premier ministre d’une nécessaire augmentation du prix du lait, le médiateur des relations agricoles a précisé le moyen d’y arriver. Désormais, les producteurs attendent le signe des laiteries.
«Il est possible et souhaitable de revaloriser d’au moins 25 euros les mille litres le prix du lait payé aux producteurs » c’est ce qu’avait déclaré Jean-Marc Ayrault à la mi-avril, après des mois de mobilisation des producteurs de lait. Après l’annonce, le médiateur des relations commerciales agricoles avait été chargé de voir comment en pratique une telle hausse pouvait avoir lieu. Sa réponse en deux phases est tombée la semaine dernière : d’abord la grande distribution doit accepter au 1er juin « une hausse technique » qui porte sur tous les produits laitiers : « 3 centimes par litre de lait pour le lait de consommation et 2 centimes par litre de lait incorporé dans les produits transformés ». Ensuite les transformateurs doivent
« payer aux producteurs de lait des prix d’achat leur garantissant une hausse de 25 euros par 1000 litres en moyenne annuelle sur la totalité de l’année 2013 avec un relèvement immédiat de même ampleur ». En résumé, un fonctionnement logique du marché des produits laitiers, penseront les producteurs dont les livraisons de lait plongent depuis des mois du fait des mauvaises conditions économiques. Mais pourtant, ce qui passe pour être une sortie de crise entre éleveurs et industriels est encore fragile : le médiateur parle bien d’un dispositif qui peut être accepté sans délais, validé par la grande distribution mais auquel il
« invite l’ensemble des acteurs de la filière à confirmer leur adhésion ». A y regarder de plus près, on voit cependant tout le tour de force de l’accord qui consiste à ce que le prix du lait payé au producteur augmente en avril, avant que la grande distribution ne passe des hausses supplémentaires en juin.
« + 25 €/1000 litres c’est la quasi-concrétisation de ce que demande la FNPL depuis janvier 2013 ! Il s’agit donc d’une victoire syndicale pour le syndicalisme majoritaire qui mène la fronde depuis des mois en répétant que cette augmentation est possible ». Sur ce point-là, Pascal Clément, membre du bureau de la Fnpl et président de la section lait Frsea Ouest est donc satisfait. Mais pour autant le syndicaliste qui se méfie de l’application de la mesure par certaines laiteries ne relâche pas la pression :
« Nous pouvons comprendre que les laiteries profitent de l'occasion de cette renégociation pour essayer d'améliorer leurs propres marges, mais c'est nous, producteurs, qui avons permis cette renégociation par la mobilisation syndicale de cette fin d'hiver ! S'il n'y avait pas le retour immédiat des 25 € dès le paiement du lait d'avril, la colère des producteurs se retournerait aussitôt contre les entreprises laitières. Je sais que, dans les champs, c'est l'heure des semis. Mais avec nos laiteries, c'est l'heure de la récolte du travail syndical de cet hiver. Nous ne la louperons pas ! »