Capr’Inov
Professionnelle et spécialisée, la biennale caprine séduit
La troisième édition de Capr’Inov, inaugurée le 24 novembre, prend une dimension internationale. La filière caprine picto-charentaise prouve son dynamisme et ouvre de nouvelles perspectives économiques.
Ca circule ce mercredi 24 novembre en matinée dans les allées du salon Capr’Inov. A 11 heures, les chiffres des entrées tombent. Le ressenti se confirme. 750 visiteurs circulent déjà dans les stands. « Nous devrions être à 1500 ce soir », estime Jean-François Bernard, membre du comité d’organisation.
Au-delà des chiffres, ce qui satisfait les producteurs organisateurs de cette troisième édition de la manifestation, c’est le profil des visiteurs. Exclusivement des professionnels. « Et cette année de nombreux professionnels étrangers, affirme Jean-François Bernard, fier de constater que la filière caprine régionale intéresse bien au-delà de l’Hexagone.
En fédérant tous les deux ans, l’ensemble des opérateurs de la filière caprine, Capr’Inov révèle le potentiel économique de ce qui est, vue de Paris, un petit monde. Il est l’occasion de revenir sur les chiffres. Et Thierry Jayat de rappeler : « 6 500 éleveurs vivent de l’élevage de chèvres en France. Production d’appoint en d’autres temps, elle est aujourd’hui dans de nombreuses fermes de Poitou-Charentes la principale source de revenu ».
Avec 25 exposants de plus cette année qu’en 2008, le salon s’étoffe. « Initié en région, Capr’Inov a gagné sa notoriété dès sa première année d’existence. En 2008, la deuxième édition avait un écho national. Il est international en 2010. »
« Sa consécration, estime Martin Gutton, directeur régional de l’agriculture, sera lorsqu’un ministre de l’Agriculture non picto-charentais participera à l’inauguration. » « Pourquoi pas dans deux ans ? C’est quelque chose qui se prépare, qui demande du temps ! Mais lorsque l’on voit comment les professionnels de cette filière qui par habitude ont toujours avancé sans bruit, sont capables de se mobiliser pour dynamiser leur secteur, rien n’est impossible. »
Cette année, c’est Bernard Tomasini, préfet de région, qui aura fait le déplacement pour l’inauguration. Une première, pour le représentant de l’Etat. Un encouragement à poursuivre le travail entrepris en faveur de la dynamique économique stimulée par le salon. « Les éleveurs de chèvres ont cette faculté à prendre leur avenir en main », admirait Bernard Tomasini. Capr’Inov en est l’illustration. Thierry Jayat est d’ailleurs sur ce point ambitieux. Un tel rassemblement est propice à la concertation. Pendant deux jours, les échanges entre les éleveurs et leurs fournisseurs, les éleveurs et leurs laiteries, favorisera un meilleur partage de la valeur ajoutée créée par la filière, espère le président de Capr’Inov. « Dans les élevages nous faisons face à une augmentation des charges et à une baisse des produits. Fabricants de matériel, fabricants d’aliments, entreprises de collecte et tous les autres organismes économiques doivent savoir et comprendre que sans production, il n’y a pas d’avenir. » L’invitation à partager les efforts est lancée. Le monde de l’élevage caprin à deux jours pour avancer dans les discussions.
Un salon pour défendre le métier d’éleveur
Qui désormais ne salue pas l’initiative de ces éleveurs de la région Poitou-Charentes qui ont décidé d’organiser leur salon ? Un salon spécialisé, « lieu de rencontre d’échanges et d’information pour l’ensemble des acteurs de la filière », comme le rappelait, Thierry Jayat, président de Capr’Inov. Mais aussi de « valorisation des compétences, du savoir-faire et de découverte de toutes les facettes d’un métier passionnant », poursuivait-il.
A Capr’Inov se rencontrent donc, de façon informelle, les interlocuteurs des éleveurs qui défendent leur métier, et particulièrement en ce moment où, selon Patrick Charpentier, président de l’interprofession caprine, le « contexte est tendu ». Pas de sinistrose, pour autant, à en croire les exposants qui confirment l’intérêt de venir à la rencontre des éleveurs.
« Le secteur vit des jours difficiles », rappelait Thierry Jayat.
« La hausse de la production, cumulée à la consommation en berne en 2009 a généré des stocks qui pèsent sur les marchés ». Et s’il fallait un exemple de ce qu’il peut se faire en matière de concertation, il y a « la gestion ensemble de cette période difficile pour en limiter l’impact », pour « permettre à la filière, et aux éleveurs en premier lieu, de retrouver de la valeur ajoutée ».
« Moment difficile », pour l’élevage, estimait aussi Dominique Barrau, venu apporter son soutien « à ceux qui ont choisi d’organiser leur défense à travers cette vitrine ». Le secrétaire général de la FNSEA insistait sur « tout le travail qui reste à faire en matière d’organisation économique ».
Pour Dominique Barrau, les perspectives de l’après 2013 se sont éclaircies, avec la communication du Commissaire à l’agriculture, Dacian Cialos qui, selon lui « a mis le cap sur une agriculture de production, sa présence sur les territoires et le respect des ressources naturelles. Sans oublier le budget » ! « Un virage a été pris », poursuivait-il. « Il faut donc continuer. Ne pas lâcher prise ».
G. R.