Promotion de l’emploi en élevage caprin
La semaine du salariat agricole organisée par l’Arefa Poitou-Charentes a fait escale chez Alain Jousseaume, fromager et éleveur caprin à Roullet-Saint-Estèphe. Une plongée dans une entreprise où s’articulent production, transformation et vente directe.
L’Arefa Poitou-Charentes a organisé pour la deuxième fois la semaine du salariat agricole. À cette occasion deux visites d’exploitation ont eu lieu en Charente en direction des orienteurs et prescripteurs de l’emploi. Une première, le 7 juin chez le viticulteur Christophe Brandy à Saint Saturnin pour parler de la problématique de la main-d’œuvre en viticulture, filière en tension qui recrute. Le 9 juin, toujours sous l’égide de l’Adefa 16, les partenaires se sont réunis chez Alain Jousseaume, éleveur caprin et producteur de fromages à Roullet-Saint-Estèphe.Dans la salle de vente du fromager, différents intervenants sont venus parler des conditions de travail avec la MSA ou du handicap qui n’est pas incompatible avec l’emploi agricole selon Stéphanie Praud, de Cap Emploi 16. Alexis Queyrel, du CFPPA de l’Oisellerie, a présenté les formations proposées à l’établissement de La Couronne comme le BPREA, le brevet professionnel agricole production animale à Confolens ou le CAP production agricole, orientation élevage. Arnaud Boucher, responsable des formations agricoles de la MFR de la Péruse, est venu avec deux élèves en première année de bac pro CGEA. Montaine Ricoul a choisi la spécialité équine et souhaite créer un jour son élevage de selle français. Pierre Mary espère s’installer sur l’élevage bovin et porcin de ses parents à Ronsenac avec le projet de développer la vente directe et une ferme-auberge. Tous les deux devront réaliser au moins 8 stages dans 8 exploitations différentes durant leurs trois années de cursus.
Le sens de l’observation
L’après-midi s’est poursuivie par une visite de l’exploitation avec Alain Jousseaume. Les fromages de la maison sont réputés et multimédaillés lors des concours régionaux ou nationaux. Une bonne occasion de lever un peu du voile sur les secrets de cette belle réussite. « En élevage caprin, je connais des gens qui gagnent leur vie et d’autres non. Parfois, cela se joue à pas grand-chose. Nous avons choisi la valorisation en fromages mais il faut faire de la qualité pour vendre à un prix correct car on ne se situe pas en zone d’AOC », a-t-il dit. Conscient des fragilités de son système, il a ajouté : « il suffit d’une année de sécheresse et la marge passe dans l’achat de fourrage ». Avec 300 chèvres en lactation et 90 chevrettes pour 100 hectares, Alain Jousseaume tend à l’autonomie sur le plan alimentaire, notamment en fourrage. Il externalise au maximum à des entreprises les travaux des cultures. Il produit environ 220 000 litres de lait par an. « Ce n’est pas énorme, mais pour la transformation je recherche davantage la qualité que la quantité. On veut un lait fromageable pour notre standard ». Il emploie 5 salariés à temps plein : 2 sont dévolus à la fromagerie, un est partagé entre les tâches administratives et la fromagerie et deux autres s’occupent de la chèvrerie, auxquels s’ajoutent quelques « coups de main » en CDD pour la mise-bas. « Pour travailler dans la fromagerie, il faut un bac + 2 et un an de formation dans l’entreprise. Le problème des formations scolaire, c’est qu’elles forment les gens sur un format qui n’est pas le nôtre. Que ce soit en fromagerie ou dans la chèvrerie, le sens de l’observation est important”. Ajoutant : “Il faut se remettre en question en permanence pour faire toujours mieux ». La visite s’est achevée par une dégustation très appréciée, avec notamment la fameuse Taupinette, médaille d’or lors du concours général agricole 2016 à Paris.