Quand l’éleveur invite une école
Parce que deux personnes se sont introduites dans ses prairies, Loïc Gachet a décidé d’ouvrir son exploitation aux écoles. Il a fait la démarche de proposer une visite aux élèves de sa commune, pour expliquer.
L’initiative de Loïc Gachet, éleveur de limousines à Sainte-Gemme, est assez singulière. Habituellement, ce sont les écoles qui demandent à venir visiter une exploitation, dans le cadre d’un travail pédagogique... Sauf que là, c’est l’inverse. C’est l’éleveur qui a proposé aux écoles maternelles et primaires de venir. « L’idée m’est venue au printemps, lorsque j’ai vu dans une de mes prairies un papa et son fils, sans me demander la permission, ni se renseigner sur la possibilité de le faire. Ils voulaient voir au plus près les vaches et le taureau. Les conséquences auraient pu être graves. C’était dangereux pour eux. De plus, la clôture est électrique. Par chance, elle était éteinte », se souvient Loïc Gachet. Pour lui, comme pour beaucoup d’agriculteurs, il y a un manque de communication entre le monde agricole, les adultes et les enfants. « Ils ne connaissent pas nos pratiques, l’alimentation, le bien-être de nos animaux. À travers cette invitation, je veux faire passer des messages simples mais essentiels. » Pour l’occasion, le maire de la commune, Philippe Gachet, est venu. Lui aussi apprécie cette démarche, eu égard à cette méconnaissance du monde agricole, même s’il reconnaît que dans sa commune tout se passe bien.
Des céréales des vaches à celles du petit-déjeuner
Ce lundi 23 septembre, 46 petits élèves de l’école maternelle et primaire de Sainte-Gemme sont venus, à pied, passer la matinée sur son exploitation. D’emblée, Loïc Gachet s’est mis à la portée des enfants et les met en confiance : « si vous avez peur, je vous prendrai dans mes bras. » Tranquillement, il leur a expliqué que les vaches ont des boucles d’oreille et un prénom. Il les invite à en trouver qui commencent par la lettre P. L’exercice est ludique et productif : les enfants lui soumettent « papa », « pépé », « Pauline », « Péline ». Il s’agenouille pour être à leur hauteur et leur distille quelques messages : « les vaches ne connaissent pas votre voix, ni votre odeur. Elles peuvent avoir peur. On parle doucement pour ne pas les effrayer. On ne s’approche pas d’elles. Par la peur, elles peuvent vous faire mal. » Les mots choisis sont simples et compris. Il parle de vaccination, sort les vaches de la stabulation pour la prairie. L’alimentation des animaux est aussi évoquée, avec les céréales, et un mélange d’herbe « pour que cela soit bon pour les vaches et après bon pour vous. » « Moi aussi, le matin, je mange des céréales qui sont dans la boîte », peut-on entendre. Les maîtresses et les Atsem esquissent un sourire. Loïc Gachet a aussi eu la bonne idée d’exposer du matériel : ici un tracto-pelle, là une cage à veau, ici une cage de contention servant aussi à la pesée. Les instants sont ludiques mais très instructifs. On prend des photos pour mettre dans les cahiers d’activités. « Cette visite est en totale adéquation avec les thèmes que nous abordons en classe cette année, à savoir, les animaux de la ferme, de la forêt et de la mer », souligne la directrice de l’école. « Nous avions l’habitude de visiter un élevage caprin. Nous ne savions pas que tout près il y avait aussi un élevage bovin. » Une première pour ces écoles mais aussi pour Loïc Gachet, qui a été pédagogue, bienveillant et souriant envers les enfants. En février, il réitérera son opération auprès des CE1, CE2, CM1 et CM2.