Que prônent les candidats ?
Impossible de résumer brièvement les programmes des 38 listes que les électeurs retrouveront ce dimanche dans les bureaux de vote. Zoom sur les aspects agricoles des 7 principales.
Pas moins de 38 listes seront candidates ce 9 juin, bon nombre abordant dans leur programme des considérations agricoles et/ou comprenant des agriculteurs parmi les candidats. Par souci de clarté, la présentation ci-après s'intéressera aux principales listes, créditées d'au moins 5 % dans les sondages (ce seuil étant impératif pour espérer obtenir des élus au Parlement européen).
" Vivement le 9 juin " (Rassemblement national)
La liste conduite par Jordan Bardella compte parmi ses membres Valérie Deloge, éleveuse d'ovins. Son programme se veut " à rebours de l'écologie punitive du Pacte Vert ", et promet de " soutenir nos agriculteurs et pêcheurs, en leur garantissant une rémunération digne et en leur permettant de vivre de leur travail ". Le RN souhaite remettre en cause la stratégie " De la Ferme à la Fourchette ", instaurer une " pause réglementaire ", " refuser tout nouvel accord de libre-échange déloyal " et favoriser la réciprocité, replacer la Pac au niveau national (pour les modalités d'attribution et la possibilité d'y adjoindre des aides supplémentaires) ou encore de favoriser l'accès des producteurs français aux marchés publics.
" Besoin d'Europe " (Renaissance / Modem / Horizons)
L'ancien président des Jeunes Agriculteurs, Jérémy Decerle, reste la principale figure agricole de la liste menée par Valérie Hayer, bien qu'il soit placé en 14e position, loin derrière Pascal Canfin (4e), le promoteur du Pacte Vert européen. Trois propositions du programme de cette liste concernent directement l'agriculture. La première concerne la Pac, pour " simplifier les procédures et uniformiser les contrôles entre pays européens " dans le cadre d'une harmonisation des normes. Vient ensuite la proposition d'un " Égalim européen " qui permettrait de " lutter contre la concurrence déloyale et de rémunérer les producteurs à la juste valeur de leur travail ". Enfin, la dernière proposition vise à favoriser l'achat de produits locaux dans les marchés publics.
" Réveiller l'Europe " (PS / Place publique)
La liste menée par Raphaël Glucksmann compte dans ses rangs Christophe Clergeau, actuel eurodéputé qui a été chef de cabinet de l'ancien ministre de l'Agriculture Louis Le Pensec en 1997-1998. Dénonçant une Pac actuelle " à la fois socialement injuste et anti-écologique ", les socialistes et assimilés prévoient de la remplacer par une " politique agricole et alimentaire commune ". Celle-ci ferait disparaître les aides à l'hectare au profit " d'aides à l'emploi et à l'utilité écologique ", mettrait l'accent sur la transition agroécologique, instaurerait " des prix planchers rémunérateurs ". L'agriculture serait aussi sortie des traités de libre-échange. À noter également, des mesures pour la protection des espaces terrestres (objectif 30 % en 2030) et la volonté de limiter " au maximum l'élevage en cage ".
Les Républicains
La liste LR comporte en deuxième position la céréalière Céline Imart, membre du bureau de l'AGPM (maïs) et porte-parole d'Intercéréales. L'eurodéputée sortante Anne Sander, très impliquée sur les questions agricoles, est en dixième position et a peu de chances d'être réélue. Les Républicains souhaitent faire de l'agriculture un " intérêt général européen majeur " ; ils prévoient d'augmenter le budget de la Pac, " notamment les aides directes à nos agriculteurs ", d'abroger les textes prônant " la décroissance " ; ils souhaitent réorienter une partie du deuxième pilier de la Pac vers la recherche sur les alternatives aux phytosanitaires et les nouvelles techniques génomiques. Sur le commerce extérieur, ils sont favorables aux clauses miroirs. Ils souhaitent également des mesures pour l'autonomie énergétique des agriculteurs et leur incitation au stockage du carbone. Enfin, ils indiquent vouloir " défendre l'inscription des modes de vie traditionnels ruraux au patrimoine mondial immatériel de l'humanité de l'Unesco et lutter contre l'agribashing ".
" L'Union populaire " (LFI)
La liste mélenchoniste compte en quinzième position une apicultrice, Muriel Pascal. Les Insoumis dénoncent une Pac qui " promeut un modèle contraire à une agriculture paysanne, biologique et respectueuse du bien-être animal ". Ils souhaitent mettre fin aux accords de libre-échange et interdire les importations de produits cultivés à l'aide de substances interdites en Europe ; de même, ils souhaitent en finir avec l'export pour favoriser la souveraineté alimentaire. Ils sont également opposés aux aides à l'hectare, auxquelles ils préfèrent des aides à l'actif. Ils prévoient un fonds reprenant les dettes agricoles " de celles et ceux qui s'engagent au travers d'un contrat de transition à passer au 100 % bio " et veulent faire baisser la taille des troupeaux via des aides à la transition vers un " élevage paysan " ou des " cultures végétales ".
La France Fière (Reconquête)
La liste de Marion Maréchal ne comporte pas d'agriculteur en position éligible. Son programme refuse " la décroissance agricole " et prévoit de remplacer l'objectif de verdissement de la Pac par un objectif de souveraineté alimentaire. Autre objectif affiché : cesser de favoriser la conversion vers le bio et d'interdire des produits phytosanitaires sans mesures d'impact.
La liste prévoit également des mesures contre le libre-échange agricole, l'instauration de clauses de réciprocité et la priorité nationale dans les marchés publics. Elle souhaite également marquer son opposition " à toutes les offensives antispécistes et animalistes dans le cadre de la réforme des directives sur le bien-être animal ou des attaques contre la chasse, la pêche et les traditions rurales ".
EELV - Les Écologistes
La liste conduite par Marie Toussaint comporte en sixième position le charentais-maritime Benoît Biteau, candidat à un nouveau mandat européen. Il souhaite la mise en place d'un " nouveau pacte agricole " avec la fin des accords de libre-échange " déloyaux ", des garanties de revenus pendant trois ans pour les agriculteurs en transition, un plafonnement des aides Pac qui seraient plutôt à l'emploi qu'à l'hectare.
La liste écologiste se prononce également en faveur d'un Égalim européen, mais aussi d'un plafonnement des aides Pac, de la réintroduction d'outils de régulation des prix et d'un financement d'une " sécurité sociale alimentaire ".
Enfin, elle souhaite une harmonisation " par le haut " des normes sociales, la fin des OGM (y compris les nouvelles techniques de sélection génomique), " interdire progressivement l'élevage hors sol et les fermes usines " ainsi qu'une protection des producteurs contre les risques climatiques par une assurance européenne publique.
Lire également l'interview d'Isabelle Boudineau, conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine, en charge de l'Europe et de la coopération européennes, un article sur un podcast sur des initiatives européennes, les intentions de vote des agriculteurs, et les candidats de la Vienne.