Bio
Raisonner sa rotation et son assolement est essentiel en système bio
En système bio, il vaut mieux prévenir que guérir. Aussi, la mise en place de rotations de cultures adaptées à l’exploitation est primordiale.
Agir en préventif pour ne pas avoir recours au curatif, tel est l’un des grands principes de base de l’agriculture biologique. Ainsi, les outils de désherbage mécanique (herses étrilles, houes rotatives, bineuses, écimeuses et autres) ne sont là que pour pallier les erreurs stratégiques précédentes.
L’exploitant bio doit donc prendre un soin tout particulier à mettre en place des rotations adaptées à ses problèmes. Par la rotation on peut ainsi améliorer le système à différents niveaux, en augmentant les quantités d’azote disponible pour la culture, en limitant la pression de maladies et d’insectes parasites pour la culture et surtout en réduisant le plus possible les quantités de graines (ou rhizomes) qui pourraient pousser dans la culture que l’on va semer.
Pour l’azote, les choses sont bien connues. C’est d’abord par les légumineuses que l’on peut apporter de l’azote dans le sol. La luzerne y a toute sa place (ou le trèfle violet en sol acide) mais on peut aussi compter sur des apports significatifs d’azote pour la culture suivante avec des lentilles, des pois, des féveroles mais un peu moins avec du soja grain ou du lupin.
Ensuite, certaines cultures sont plus exigeantes que d’autres en azote. Si le pois, la féverole, les lentilles, le lupin, les haricots ou le soja sont autonomes, en bio, on peut ne pas apporter d’engrais azoté sur le tournesol, la cameline ou le sarrasin qui sont peu exigeantes. Ensuite, on préférera un bon précédent pour les céréales secondaires telles que l’orge, le triticale, l’épeautre, le seigle ou le sorgho qui sont des plantes moyennement exigeantes. Enfin il faudra un très bon précédent (luzerne par exemple) et/ou de l’engrais organique riche en azote pour du blé meunier, du maïs ou de l’avoine.
Gestion des maladies
Concernant les maladies, la première règle est d’éviter le retour trop rapide de la même culture. L’avoine, le soja, le seigle et le maïs peuvent revenir sur une parcelle une année sur deux. Pour le blé, le triticale et l’orge, ce sera un an sur trois. Pour le colza, la féverole, le lupin, les lentilles et le tournesol, ce sera un an sur quatre et pour le pois, un an sur cinq.
Il faut respecter aussi les familles de cultures et la présence de maladies sur les plantes. Ainsi, le maïs, le sorgho et le blé sont sensibles à la fusariose, la plupart des oléoprotéagineux sont sensibles au sclérotinia. Certaines cultures comme le sarrasin, la luzerne, le soja, le seigle ou l’avoine permettent de bonnes coupures pour les maladies. Une question est souvent posée, sans réponse précise aujourd’hui, sur le risque de cultiver des légumineuses trop souvent.
Pour les insectes, le problème est un peu moins identifiable car la plupart des insectes se déplacent. On peut citer le taupin et le doryphore qui sont peu mobiles mais aussi les pucerons d’automne des céréales qui peuvent venir facilement d’un maïs voisin ou de repousses de céréales.
La gestion des adventices plus complexe
C’est d’abord le cycle de la culture qui va permettre à certaines adventices de lever, de se développer et de grainer ensuite ou à certaines vivaces de faire des réserves. Ainsi deux années de culture de printemps vont réduire fortement la pression de vulpins ou de folles avoines dans la culture d’hiver suivante. Et à l’inverse, un tournesol avec un précédent triticale et antéprécédent féverole d’hiver sera souvent assez propre. Certaines plantes ont des cycles particuliers. C’est le cas du colza qui se sème très tôt et qui bien implanté étouffera les herbes des céréales ou, à l’inverse, du sarrasin qui se sème très tard et a un cycle très court et ne verra pas grand-chose lever et monter à graine.
Ensuite vient la possibilité pour la culture d’être désherbée mécaniquement et avec les outils disponibles. La herse étrille peut se passer assez facilement dans de la féverole ou des céréales d’hiver, alors que le pois y est assez sensible. De même on bine plus facilement du maïs sur le rang avec des étoiles que du soja.
Certaines cultures sont aussi plus étouffantes que d’autres. On aura moins de mauvaises herbes dans du seigle, du triticale ou de l’orge d’hiver que dans du blé ou de l’avoine d’hiver. Certains techniciens conseillent de cultiver des cultures proches de l’herbe dominante pour l’affaiblir (par exemple de l’avoine pour freiner les folles avoines). Des effets allélopathiques sont aujourd’hui reconnus pour des plantes comme le sarrasin, l’avoine ou la cameline. Ces plantes vont défavoriser les levées et le développement de certaines herbes.
Des choix multiples
D’autres raisons vont également influer sur les choix de cultures, les besoins en fourrages, l’adaptation des cultures aux sols, la réglementation (la monoculture est interdite en bio), la possibilité et la valorisation de l’irrigation, l’adaptation au type de travail du sol (blé en semis direct derrière soja), les débouchés, le niveau de certification (C1-C2-Bio), la valorisation en vente directe ou en transformation à la ferme, et bien sûr les résultats économiques marges brutes - marges nettes.
Quelques exemples de rotations
Terre de groie séchante : luzerne 2 ans - blé - (moutarde) - Pois - Avoine - (trèfle Alexandrie+avoine) - tournesol - (avoine) - lentille - seigle + luzerne.
Sol hydromorphe mais peu inondable : prairie 2 ans - maïs - féverole - blé - soja - maïs - lentille - avoine printemps.
Bonnes terres : luzerne 2 ans - blé meunier - (moutarde) - soja - avoine - (avoine) - tournesol - (moutarde) - féverole - (trèfle + avoine) - orge + luzerne.
Système irrigué : luzerne 2 ans - blé meunier - (moutarde) - haricot - (trèfle + phacélie) - maïs - pois - (vesce) - orge de printemps - (avoine) - soja - épeautre + luzerne.
(entre parenthèse : les intercultures).