Réserves de la Boutonne : « Nous allons faire appel ! »
Le tribunal administratif de Poitiers a invalidé le 4 février l’arrêté préfectoral autorisant la construction des réserves de substitution de la Boutonne. Une décision que dénonce Cédric Tranquard, président de la Chambre d’agriculture, acteur sur ce dossier depuis de nombreuses années.
Quelle est votre première réaction à la décision du tribunal administratif de Poitiers ?
On ne comprend pas trop. On nous avait demandé des compléments d’enquête et on les a donnés, mais ils n’ont pas été pris en compte, parce qu’apparemment ils étaient arrivés trop tard. Mais, en fait, quand on nous les a demandés, c’était déjà trop tard ! On ne sait pas trop comment il faut faire...
Ce n’est pas la première demande à être rejetée en Charente-Maritime…
Sur ce dossier, c’était quand même la première fois que nous obtenions l’autorisation préfectorale. L’AUP (Ndlr : Autorisation unique de prélèvement) de la Boutonne est la seule qui n’a pas été retoquée, et derrière ça, on nous empêche de construire les réserves... Je pense que malheureusement, il y a un acharnement anti-économique. Personne ne comprend réellement comment on va pouvoir sortir de ce marasme. Malgré les inondations, personne ne s’aperçoit qu’on a besoin de stocker cette eau.
N’est-ce pas ironique, effectivement, que la décision arrive au moment où la Charente-Maritime subit des inondations pareilles ?
Je dirais même, des inondations sans pareilles ! Il faut remonter à 1982 pour avoir les mêmes crues. C’est de l’eau qu’on aurait pu stocker très facilement. Je donne rendez-vous cet été, quand les agriculteurs seront en pleine irrigation. Si on a ne serait-ce que deux mois de sécheresse, on va nous dire qu’il faut arrêter, parce qu’il n’y a pas d’eau... Alors que si on l’avait stockée en ce moment, on ne la pomperait pas et on ne la prélèverait pas dans le milieu en été, ce qui fait qu’on pourrait laisser le cours d’eau libre. Tout ça pour une étude qui a été donnée mais qui n’a pas été prise en compte parce qu’elle avait quinze jours de retard...
Quelle suite va-t-il y avoir pour les projets de réserves départementaux ?
Nous allons faire appel, bien sûr, pour que ces éléments soient pris en compte. Ce qu’il nous faut savoir à présent, c’est si l’arrêté est réellement suspensif ou si l’appel peut nous permettre de continuer. On espère avoir une décision d’ici le 25 juillet pour pouvoir commencer à construire.
Vous pensez donc que les projets de réserve du département ont encore un avenir ?
Si je n’y croyais plus, j’arrêterais tout de suite. Avec l’argent et l’énergie que nous y avons investi, j’y crois, oui. Je pense que c’est à peu près la seule solution qui sauvera l’économie d’un département comme le nôtre au niveau agricole. L’agriculture, c’est quand même le deuxième secteur économique de Charente-Maritime. Si un département comme celui-ci peut se passer de son deuxième secteur économique, c’est que nous n’avons peut-être plus rien à y faire...
Et vous pensez que les partenaires, le Département, la préfecture sont d’accord pour continuer ?
Je l’espère. Ils nous ont suivi jusque-là, nous les avons suivis aussi, donc j’espère que nous continuerons ensemble, dans le même sens, que nous ne serons pas en opposition.