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Résultats motivants pour la coopérative Corali

Pour la coopérative régionale d’élevage, l’année a été marquée par de bons résultats financiers et la reconnaissance du travail des éleveurs lors du Salon de l’agriculture. Ce qui ne doit pas masquer la baisse du nombre d’animaux, rappelle le président Philippe Soenen.

 

Le président, Philippe Soenen, souhaite « connaître des jours meilleurs pour l’élevage » et « mettre un coup de frein à la chute de la production qui se poursuit inéluctablement. »
Le président, Philippe Soenen, souhaite « connaître des jours meilleurs pour l’élevage » et « mettre un coup de frein à la chute de la production qui se poursuit inéluctablement. » (Photo d'archives)
© Alexandre Veschini

Une année 2022 riche de satisfaction pour Corali : c’est ce qui ressort du bilan dressé lors de son assemblée générale, le vendredi 28 avril à Chasseneuil-sur-Bonnieure. Le président Philippe Soenen se félicite d’abord devant « les résultats positifs qui vont bénéficier à nos adhérents ». L’année a été aussi marquée par de beaux succès au Salon international de l’agriculture, « avec la vente d’une vache et Paillard sur la plus haute marche. C’est du jamais vu pour Corali ! », reprend le président.

Même si l’année a été faste, il reste prudent sur l’avenir : « Je reprends ma casquette éleveur pour dire que sur les exploitations, ce n’est pas toujours simple ! Certes, il y a des hausses des cours jamais vus, mais en face, la hausse des intrants, encore plus spectaculaire, a déséquilibré les exercices de gestion. » Il note toutefois que « les choses évoluent et nous avons aujourd’hui des contrats de type Égalim avec des prix plancher afin de rassurer et de sécuriser nos éleveurs. Nous souhaitons ainsi aller vers des jours meilleurs et mettre un coup de frein à la chute de la production qui se poursuit inéluctablement. »

Des résultats dans le vert, mais…

Le directeur Frédéric Jabouille a présenté les résultats financiers de la coopérative. Il a mis en évidence une haute importante du chiffre d’affaires en bovins : 33,9 millions d’euros contre 27,20 M€ en 2021, malgré 201 animaux commercialisés de moins. En ovin, le chiffre d’affaires recul légèrement de 964 000 à 938 000 euros. La marge est en légère hausse. Au final cependant, le résultat net est en recul (160 000 à 100 000 €). « Nous avons été impactés par les charges et les coûts de prestation », a résumé le directeur. Au final, « Corali a une autonomie financière en hausse et n’est pas du tout pris par les banques. Le conseil d’administration peut prendre en interne toutes les décisions nécessaires pour la coopérative, avec des fonds propres stabilisés à 2,2 M€. »

Outre le groupement de producteurs, Corali détient Martin Bétail, une société anonyme de commercialisation. L'activité a représenté 6 851 animaux com­mercialisés en 2022 pour un chiffre d'affaires de 9 millions d'euros. Là aussi, il y a moins d’animaux commercialisés mais à un meilleur prix, ce qui permet d’avoir des résultats financiers équivalents à l’an dernier et des comptes à l’équilibre.

Moins d’animaux

Le responsable commercial de la coopérative, Laurent Vigneron, précise ainsi que Corali a eu 723 apporteurs en 2022, essentiellement en Charente avec un développement de l’activité en Charente-Maritime et en Haute-Vienne. Les 221 797 bovins sont répartis entre animaux finis (55 %) et broutards (45 %).

En gros bovins, on trouve 5 757 animaux de boucherie. « La vache laitière est en baisse sur notre zone depuis une dizaine d’années », reprend Laurent Vigneron.

Les principaux clients de la coopérative sont des artisans bouchers, générant « de petits volumes, mais importants localement » et chevillards régionaux. Selon le responsable commercial, « nous sommes au cœur du réacteur, avec des animaux souvent en démarche qualité, en label ou un cahier des charges spécifique au client spécifique des clients ». A contrario : « Le très jeune bovin est en baisse (N.D.L.R. : 7 500 jeunes bovins pour Corali). Les éleveurs vont chercher des kilos. »

Au global, il note « une hausse de la demande en label pour le Bœuf limousin et Limousin junior », dans un contexte de « consommation française de bœuf stable, voire en léger recul, avec une hausse du haché et de la transformation. » 

« Un tiers des éleveurs de Corali sont en démarche qualité et produisent deux tiers des animaux commercialisés », ajoute-t-il.

Le pôle maigre, quant à lui, comprend un peu moins de 10 000 animaux, dont 6 210 broutards. 2 080 animaux sont préparés pour l’exportation, essentiellement vers le nord de l'Italie (20 clients de broutards lourds) et la Sicile (9 clients). L'Espagne est un autre gros marché, avec trois clients achetant 1 750 animaux.

 

Financement

Le financement de l'engraissement passe désormais par une convention signée avec le Crédit Agricole Charente-Périgord : trois dossiers sont en cours. De plus, 51 dossiers de soutien à la production sont financés par la Région (500 000 €) et sur les fonds propres de Corali pour 200 000 euros.

 

Jeunes installés, ils témoignent

Florian Certin, éleveur à Ronsenac (16)
Florian Certin, Ronsenac (16) : « J'ai repris une ferme en hors cadre familial à 6 km de chez moi, après un bac pro CGEA. Le cédant travaillait déjà avec mon père en coopération. J'aurais voulu faire un BTS, mais le cédant souhaitait partir vite en retraite ! Le troupeau allaitant en race charolaise compte une quarantaine de mères. Les 80 hectares sont répartis à égalité entre céréales et prairies. Je cherche à passer en engraissement de taurillons et de génisses lourdes. La suite pour moi est de passer à la Limousine comme mon père au fil des années. Comme je manque de place, j’ai un projet de bâtiment photovoltaïque pour l’organisation. Je me suis installé en individuel pour commencer petit et ne pas me retrouver tout seul le jour où mon père prend sa retraite. »
 
Océane Couffin, GAEC Rigaulet à Mauprévoir (86) :
Océane Couffin, GAEC Rigaulet à Mauprévoir (86) : « Je me suis installée en hors cadre familial. Je me suis associée avec Bruno Viollet, après le départ de son beau-frère. C’est une exploitation de naisseur-engraisseur avec 280 ha de SAU, la moitié en grandes cultures, le reste en prairie. On engraisse des broutards pour Corali. Le parcours d’installation a été rapide. J’étais technicienne et je connaissais déjà Bruno et l’exploitation. Ce qui m’a fait m’installer, c’est de pouvoir m’appuyer sur un associé avec de l’expérience. Mais ça reste difficile de trouver sa place dans la ferme. Nous avons mis en place une diversification de l’assolement en lin et un atelier de 40 JB à l’engraissement. Les projets : monter une stabulation sous un bâtiment photovoltaïque, engraisser et augmenter le cheptel. »
 
Romain Provost, SCEA du Courtiou à Blanzay (86) 
Romain Provost, SCEA du Courtiou à Blanzay (86)  : « J’ai repris l’exploitation d’un voisin, avec 70 vaches allaitantes et 300 chèvres. J’aidais mes parents sur l’exploitation depuis très longtemps et j’en ai été salarié à partir de 2017, avant d’avoir l’occasion de reprendre cette ferme à 8 km de chez eux. Je suis naisseur-reproducteur. Mes animaux sont inscrits au Herd-book limousin et à Bovins croissance. Je choisis mes taureaux sur des critères de production laitière et de largeur de bassin, avec une préférence pour le gène sans corne. Ma principale difficulté, c’est le manque de place. Je voudrais agrandir et passer de 40 à 60 vaches. J’ai repris 110 ha pour faire du maïs pour sécuriser l’élevage. Je me suis aussi diversifié dans la production de sapins de Noël et l’usage de brebis pour l’entretien des parcelles. »
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