On a testé pour vous !
Se balader avec de la tourbe jusqu’aux genoux
Même s’il est possible de venir s’y balader toute l’année, et l’hiver peut y être merveilleux, la tourbière des Dauges peut être visitée tout l’été sous forme de sortie nature accompagnée.
Même s’il est possible de venir s’y balader toute l’année, et l’hiver peut y être merveilleux, la tourbière des Dauges peut être visitée tout l’été sous forme de sortie nature accompagnée.
Floc, floc, floc. Les bottes s’arrachent de l’eau en lâchant un bruit de succion qui rythme les pas. Les oiseaux chantonnent et l’impression est vive qu’ici, le temps est suspendu, pour plonger le promeneur dans un autre temps. Celui où la roche et l’eau se sont mariées au fond d’une dépression, d’un vallon, laissant le froid l’envahir jusqu’à créer une tourbière. Une tourbière, c’est un endroit où les végétaux s’accumulent sans se décomposer totalement. C’est un endroit où on marche sur un terrain mouvant, une espèce de tapis flottant sur les eaux.
Celle des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, au nord de Limoges et au cœur des monts d’Ambazac, a 12 000 ans. Ce sont l’acidité, l’eau et le froid qui définissent ce lieu magique. Ici sont nées bien des histoires, des légendes peuplées de fantômes, de sorcières et autres personnages surnaturels. C’est Philippe Durepaire, le conservateur de la tourbière des Dauges, qui les raconte lorsqu’il emmène des visiteurs cheminer dans ces lieux que lui-même hante depuis plus de vingt ans.
« Les gens viennent ici pour trouver de la quiétude, du bien-être, un autre regard sur la nature… ». Philippe Durepaire est un passionné qui se complaît à transmettre sa passion. Le suivre au cœur de la tourbière, c’est partir à l’aventure, juste au bout du chemin.
D’abord, préserver
La réserve naturelle de la tourbière des Dauges appartient, comme d’autres sites en Haute-Vienne, au Conservatoire d’espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine. Il s’agit d’abord et avant tout d’un espace où le but est de préserver la biodiversité faunistique et floristique. « Une fois que cette mission de protection est assurée, quand c’est compatible, on ouvre nos réserves à la visite », précise le conservateur.
La tourbière couvre une surface de quelque 200 hectares. Pour les visiteurs, deux chemins ont été aménagés, l’un de 2 km, l’autre de 5 km. Le conservateur et ses collaborateurs ont fait le choix de ne pas y installer de panneaux explicatifs. « Nous préférons qu’ils passent à la Maison de la tourbière, où nous pouvons leur fournir des notices d’information ou qu’ils participent à nos sorties nature », glisse Philippe Durepaire.
Une tourbière est aussi un lieu de paradoxe. Si rien n’y est fait, c’est un milieu qui se referme : peu à peu, les arbres vont coloniser l’espace. En soi, ce n’était pas un problème, surtout quand ces zones humides étaient nombreuses. Malheureusement, l’activité humaine tend à combler un peu partout ces zones humides. Il est donc nécessaire de préserver celles qui existent encore. Comme la tourbière des Dauges.
Et là, seule l’intervention humaine permet de les maintenir en état. Cet entretien, très léger et très raisonné, est d’autant plus important qu’une tourbière joue un rôle essentiel de filtre de l’eau, en particulier en retenant les métaux lourds ou encore, comme c’est le cas aux Dauges, les éléments radioactifs. Les Dauges alimentent par exemple l’étang du Mazeau, qui constitue l’une des plus importantes réserves d’eau potable de Limoges.
Interactions avec les troupeaux
La tourbière des Dauges se compose de fonds tourbeux et de landes sèches, ces dernières étant des monticules qui se dressent de point en point. « Pour faire vivre cette tourbière, il faut qu’il y ait de l’activité », révèle Philippe Durepaire. Ainsi, 30 hectares sont destinés aux agriculteurs qui peuvent y bénéficier de MAEC.
Mais en fonction de l’endroit, tout ne peut pas y être fait, d’autant que « la végétation n’est pas très affriolante, seuls des animaux rustiques peuvent y trouver leur compte ». Les contrats sont donc passés avec des paysans pour y faire paître des animaux adaptés, en l’occurrence des vaches écossaises et des chèvres du Rove.
Dans les fonds tourbeux, humides, les vaches broutent et ruminent tranquillement. Sur les landes sèches, les chèvres officient avec une efficacité redoutable, notamment contre tous les petits arbustes propres à refermer le milieu. Les caprins sont accompagnés de chiens de troupeau et de leur chevrier qui veillent sur eux.
Infos pratiques
Les sorties nature :
- 25 juillet à 14 h 30 ;
- 1er août à 14 h 30 ;
- 8 août à 14 h 30 ;
- 19 août à 14 h 30
- 22 août à 14 h 30 ;
- 5 septembre à 14 h 30 ;
- 12 septembre à 14 h 30
Les randonnées :
- 4 août à 14 h 30 ;
- 15 août à 14 h 30 ;
Les sorties crépusculaires :
- 13 août à 20 h 30.
Ces animations sont gratuites et ouvertes à tous. Les bottes sont fortement recommandées. Dans tous les cas, l’inscription est obligatoire : 05 55 39 80 20 ou rndauges@conservatoirelimousin.com
La tourbière des Dauges est située à Sauvagnac, Saint-Léger-la-Montagne. Pour en savoir plus : www.conservatoirelimousin.com