Aléas climatiques
Sécheresse et orages de grêle démolissent le potentiel de la récolte 2022
La sécheresse continue à affaiblir les rendements des cultures d’hiver. Les orages de grêle ont aggravé la situation, notamment dans le Thouarsais. La préfète des Deux-Sèvres a rencontré les agriculteurs quatre jours après pour constater les dégâts.
La sécheresse continue à affaiblir les rendements des cultures d’hiver. Les orages de grêle ont aggravé la situation, notamment dans le Thouarsais. La préfète des Deux-Sèvres a rencontré les agriculteurs quatre jours après pour constater les dégâts.
L’année 2022 se classe sur le podium des années noires en France par son déficit hydrique continu depuis le mois de janvier. La situation touche aussi une grande partie de l’Europe, qui connaît « un épuisement progressif des réserves d’humidité du sol », décrit le service de prévisions Mars de la Commission européenne. Il a estimé les rendements des cultures d’hiver à la baisse dans l’UE, qui restent tout de même supérieurs à la moyenne quinquennale.
En revanche, en France, les rendements nationaux sont annoncés inférieurs à la moyenne sur cinq ans en blé tendre de 7,07 t/ha (-2,6 %) et en orge d’hiver de 6,38 t/ha (-1,4 %). Les régions Poitou-Charentes et Centre-Val de Loire sont les plus affectées. Les Deux-Sèvres ne sont pas épargnés par la sécheresse : malgré la pluie ces dernières semaines, la quantité est insuffisante et trop tardive pour inverser la tendance.
Dans le Thouarsais, l’État constate les dégâts
L’orage du 4 juin a empiré la situation dans la région thouarsaise, qui connaît le plus important déficit hydrique du département. En quelques minutes, l’eau est tombée sous forme de grêle d’une rare violence, ruinant entre 3000 et 5000 ha de cultures. Pour constater les dégâts, la préfète Emmanuelle Dubée s’est rendue sur place le mercredi 8 juin et a rencontré une quarantaine d’agriculteurs.
Les maïs sont réduits, les tournesols coupés, le blé et le colza sont égrainés…"
Patrick Texereau, céréalier, l’a accueillie sur son exploitation, à Saint-Léger-de-Montbrun, où 25 à 30 % des cultures sont endommagées. « Les maïs sont
réduits, les tournesols coupés, le blé et le colza sont égrainés… On prévoyait de récolter d’ici quinze jours, trois semaines, mais on peut encore avoir de la perte d’ici là », souligne-t-il.
L’agriculteur est partagé entre l’espoir et la résignation : « On veut quand même battre le colza, mais on sait qu’il n’y aura rien ». Chez son fils, en polyculture-élevage, ce sont les trois quarts des cultures qui ont subi la chute des grêlons, une proportion que d’autres ont connue dans l’assemblée. Des éleveurs soutiennent que la moisson ne paiera pas les frais : « On est obligé de récolter pour avoir de la paille et encore, hachée comme elle est, on n’aura pas grand-chose à la fin. Les grains, on va devoir les acheter à l’extérieur », déclare Mickaël Chalon, de Louzy.
Deux viticulteurs de Sainte Verge ont aussi fait le déplacement : « Les bourgeons se préparent un an en avance. Le bois a été abîmé, ce qui va compliquer la taille. Le rendement peut être impacté l’année prochaine aussi », témoigne Vincent Baron.
Des dispositifs en attente
Parmi les agriculteurs présents, 80 % ne sont pas assurés contre la grêle. « La franchise est trop chère », entend-on dans les rangs. La réforme de l’assurance récolte, qui vient d’être voté le 2 mars dernier, n’entre pas en application avant 2023. Denis Mousseau, le président de la Fnsea 79, demande l’accélération de l’entrée en vigueur de la loi. « On sait qu’il n’y aura pas de récolte. Le dégrèvement foncier sur les 3 000 à 5 000 ha sinistrés serait un premier signe de la part de l’État », ajoute-t-il.
La préfète des Deux-Sèvres reconnaît que l’exonération de la taxe sur le foncier non bâti est une possibilité. « Nous allons regarder si c’est faisable juridiquement pour faire un report de paiement, le temps de mesurer l’impact de la calamité », indique-t-elle. Interpellée par les agriculteurs sur la lenteur de l’État, sur l’accumulation des contraintes administratives et leur crainte pour l’avenir de l’agriculture, Emmanuelle Dubée assure qu’elle a bien entendu leur message d’alerte et que des réponses seront données, dans un temps plus ou moins proche.