Semences : La sole atteint un nouveau pic
Secteur agricole peu connu, mais efficace : il place la France au premier rang européen et repart actuellement à la hausse face aux demandes.
L’Anamso (multiplicateurs de semences oléagineuses), réunie le 13 mars en assemblée générale sur l’île de Ré, a souligné l’explosion de ses surfaces, tirées par l’export. La sole a retrouvé en 2017 le sommet d’il y a cinq ans, après un sérieux trou d’air, et grimpe à nouveau en flèche cette année à 38 800 ha (+19 %). «Alors que les surfaces de colza, de tournesol et de soja stagnent en France, la multiplication des semences de ces espèces ne cesse de progresser, passant de 22 000 ha en 2007 à presque 33 000 ha en 2017», soulignait son président Laurent Bourdil. L’Anamso pointe une croissance du secteur de 50 % en dix ans et des prévisions «encore à la hausse avec au moins 38 000 ha en 2018». Une tendance qui s’explique par l’exportation d’une grande partie des semences produites, à hauteur de 70 %, essentiellement vers l’Ukraine et la Russie, deux pays qui représentent un énorme potentiel de 13 Mha. De son côté l’interprofession des semences et plants, le GNIS, veut croire, selon les mots de son président François Desprez, à son expertise. Un savoir-faire français qui place le pays dans les premiers rangs, notamment pour la qualité.
Le chiffre d’affaires en France du secteur des semences s’élève à 1,7 milliard d’euros et 1,6 milliard à l’export.
Un sac sur quatre exporté
Selon une autre organisation, l’Union française des semenciers, le constat montre une «constante progression du nombre d’emplois et d’investissements» : «des entreprises de toutes tailles et de toutes formes capitalistiques (coopératives, entreprises à capitaux familiaux et entreprises cotées) possèdent un parc industriel remarquable. Ce savoir-faire industriel associé à un niveau soutenu d’investissements dans la recherche permet à la France de tenir son rang de premier exportateur mondial et de premier producteur européen de semences.» Et de donner quelques chiffres : 951M€ dans la balance commerciale française (33 % en maïs, 28 % en potagères,
19 % en oléagineux.) Cela fait de la France, le premier producteur européen. D’une part grâce à ces conditions pédoclimatiques, le savoir-faire de ses 19 agriculteurs multiplicateurs, et ses 140 usines de semences. On compte 5470 ha en production de semences en Charente-Maritime sur les 382 000 ha en France. La région Nouvelle Aquitaine est la première région productrice de semences certifiées en maïs et en semences de plants de pomme de terre. 2 000 agriculteurs y sont multiplicateurs. «Comme producteurs de semences, nous avons fait nos preuves : l’excellence de notre travail, notre rigueur et la sécurité de notre production qu’offre notre réseau Anamso sont reconnues et appréciées, à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières. Notre métier est une valeur sûre, mais nous ne devons pas travailler à n’importe quel prix» souligne Laurent Bourdil.
L’union des semenciers détaille : «l’enquête sur la performance industrielle des entreprises semencières, réalisée par l’Union Française des Semenciers, montre que l’emploi progresse dans la filière de plus de 4% entre 2014 et 2017 (plus 5% pour les CDI). L’augmentation devrait se poursuivre avec plus de 3% de hausse annoncée d’ici 2022. Les investissements, très élevés entre 2010 et 2015, sont en légère baisse ces trois dernières années mais restent soutenus pour un secteur industriel avec un taux annuel de 2,2% du chiffre d’affaires.» le Gnis souligne que chaque année 600 variétés sont créées.
Pour sa part, l’an dernier, le réseau des producteurs de l’Anamso a mis en place 18 021 ha de tournesol, (+33 %). Le soja a également connu une forte progression, à 3 955 ha (+21 %). Mais cette année, il stagne à 3 900 ha «malgré tout le travail réalisé par la filière», déplore l’Anamso. Le colza affiche pour sa part un rebond à 15 400 ha (+45 %) en 2018. Dans les données économiques clés, les semences de colza représentent 499 M€ de chiffre d’affaires dont la moitié à l’export. C’est le même chiffre d’affaires pour le tournesol, mais 70 % partent à l’export.
Des alternatives au diquat
Pour accompagner l’augmentation des surfaces, l’Anamso renforce ses moyens humains. Elle reste aussi mobilisée face à la disparition prévue d’une nouvelle molécule, le diquat, utilisé comme herbicide. Elle conduit «un programme d’expérimentations qui va permettre de proposer des alternatives et apporter des solutions à la problématique de dessiccation pour faciliter la récolte de la semence et en conserver la qualité.»
Cette qualité qui va de pair avec les attentes en matière agricole. L’union des semenciers veut s’inscrire dans la transition agro-écologique en développant des variétés tolérantes aux bioagresseurs (virus, champignons…) pour réduire la consommation de produits phytosanitaires ou des variétés résilientes aux aléas pour l’adaptation au changement climatique. «D’autres leviers tels que le biocontrôle ou les biostimulants peuvent être associés aux semences par enrobage notamment. Ces alternatives, quand elles sont disponibles et efficientes, vont impacter les métiers de la production de semences et l’usine de demain.» On n’en oublie pas pour autant la finalité des semences : «l’accès aux facteurs de production au champ reste essentiel avec notamment une utilisation toujours plus raisonnée de la ressource en eau. Cette transition agro-écologique se fera grâce à une approche combinatoire de toutes les solutions y compris agronomiques et numériques.» Concernant les alternatives chimiques, l’Anamso a mis en place des essais sur le colza, le tournesol et le soja dans le Sud-Ouest avec l’agrochimiste Monsanto, avec la coopérative Terre Atlantique et dans le Sud-Est avec la coopérative Dauphinoise. «L’approche mécanique a quant à elle permis de tester des barres de coupe spécifiques.»