Campagne d’affichage FNE
Tollé dans la profession agricole et chez certains élus
La campagne d’affichage actuelle contre l’agriculture intensive de l’organisation écologiste France Nature Environnement (FNE) dans le métro parisien, suscite un tollé dans la profession agricole, mais aussi chez certains hommes politiques.
France Nature Environnement (FNE) aura réussi son coup à la veille du Salon de l’agriculture 2011 : les médias ne cessent de commenter sa dernière campagne publicitaire. Elle comporte 21 affiches « choc » contre l’agriculture intensive, placardées dans trois stations de métro de Paris : Odéon, Montparnasse et Saint-Lazare. Le président de la Fnsea, Xavier Beulin, estime que « face à leurs excès, les nôtres ne seraient que de la publicité gratuite à un événement qui ne le mérite pas ». Il a qualifié la campagne de d’« outrancière et injuste », pleine d’« anathèmes » et « aux relents nauséabonds ». « D’énormes efforts ont été réalisés par les paysans français en matière environnementale, ils doivent être reconnus, valorisés et soutenus », rappelle le président de la Fnsea. Le président des JA, Jean-Michel Schaeffer, a adressé de son côté une lettre ouverte à Bruno Genty, président de l’organisation environnementaliste, dans laquelle il écrit que « les sujets pointés dans la campagne, (…) la nouvelle génération d’agriculteurs en a conscience depuis longtemps et agit en conséquence ».Les interprofessions sont également montées au créneau. Inaporc déclare qu’« après quinze ans d’efforts des éleveurs et plus d’un milliard d’euros investis pour la protection de l’environnement en Bretagne, alors que les résultats commencent à porter leurs fruits avec la baisse du taux de nitrates dans l’eau, la filière porcine exprime son ras-le-bol d’être systématiquement stigmatisée ». Elle a choisi d’attaquer en référé la campagne FNE. Mais le juge des référés a débouté Inaporc en se fondant sur la liberté d’expression et le fait que la viande de porc ne figure pas sur les affiches.A Interbev, l’interprofession du bétail et des viandes, on dénonce plus particulièrement une affiche présentant de la viande bovine et portant la mention « gros menteur », « de nature à tromper le consommateur », dit-elle. Cette affiche viserait à « faire croire que les bovins viande consommeraient de grandes quantités d'aliments contenant des OGM » selon Interbev. Et de rétorquer à FNE : « La culture de produits issus d'OGM n'étant pas autorisée en France, seuls les produits importés peuvent en contenir. (Ils ne composent) par ailleurs qu'une quantité très minoritaire de leur (les bovins, NDLR) alimentation. Celle-ci est majoritairement basée sur l'herbe, les fourrages et les aliments sans OGM ». Interbev se demande « qui ment à qui ? », rappelant qu’elle a demandé publiquement, il y a plusieurs mois, « un étiquetage volontaire concernant la mention de la présence d'OGM dans l'alimentation des animaux ». Dans une tribune parue dans le quotidien Libération daté du 16 février, le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, fait part de sa « colère » et de son « indignation » au sujet de cette campagne publicitaire. Le président PS du conseil régional de Bretagne, Jean-Yves Le Drian, a, lui, porté plainte contre la FNE devant le tribunal de grande instance de Paris.
Patrice Coutin, président de la FDSEA : « Ne nous laissons pas impressionner »
« A la veille du grand rendez-vous parisien entre agriculteurs et citoyens, ayant pour seul objet de mieux se connaître pour encore mieux s’apprécier, certains ont préféré s’illustrer par des placardages à l’extérieur du salon.Cette attitude nous paraît irresponsable et injustifiée. Comment France Nature Environnement peut-elle jeter le discrédit sur une profession représentant plus de 15% des emplois du pays et assurant depuis toujours une alimentation de qualité à la population ? Arrêtons ce débat et ces provocations n’alimentant que l’incompréhension. Profitons plutôt de ce salon pour montrer et promouvoir notre agriculture. Ne dépensons pas d’énergie inutile. Suivons donc notre route avec, je l’espère le soutien des politiques.Nous sommes et resterons les garants de la biodiversité. Le monde agricole est responsable et continuera à répondre aux attentes de la société, en sécurisant le consommateur par une agriculture saine et la traçabilité de ses produits.Ne nous laissons pas impressionner en écoutant les leçons sur notre façon de travailler. Je ne pense pas que le consommateur se laisse duper à ce point. Faisons-lui confiance pour faire le bon choix dans son chariot de courses.Les agriculteurs continueront leurs efforts et attendent la reconnaissance qu’ils méritent.Le salon de l’agriculture rempli en ce sens, pleinement son rôle. »