Congrès de la Fnsea en Deux-Sèvres
Transformées en marché, les attentes sociétales ne sont plus une contrainte
Dans quelques jours, les 21, 22 et 23 septembre, la Fnsea tiendra son congrès en Deux-Sèvres. Christiane Lambert, présidente nationale du syndicat, assure que la prise en compte de l’environnement dans les pratiques agricoles est une nécessité.
Dans quelques jours, les 21, 22 et 23 septembre, la Fnsea tiendra son congrès en Deux-Sèvres. Christiane Lambert, présidente nationale du syndicat, assure que la prise en compte de l’environnement dans les pratiques agricoles est une nécessité.
Christiane Lambert : L’ADN d’une organisation syndicale est l’Homme. Les relations humaines, l’échange, la construction collective est notre raison d’être. La visio ne permet pas les mêmes échanges que lorsque nous nous rencontrons. Se retrouver, enfin, est le premier objectif de ce congrès, qui se déroulera dans un département méritant. L’équipe travaille depuis deux ans à cet événement. Je remercie les adhérents pour leur implication qui sera récompensée, j’en suis sûre, par le niveau des débats qui auront lieu à Niort les 21, 22 et 23 septembre.
Nous avons beaucoup de choses à construire, de réflexions à mener. La Fnsea a 75 ans. Les militants qui la composent ont la culture du syndicalisme de propositions. Pour être au plus proche des attentes de ceux qui font l’agriculture, nous devons questionner notre organisation. Les rangs des agriculteurs se composent de profils de plus en plus diversifiés. Notre structuration doit permettre à la Fnsea de rester vivante, connectée aux besoins des agriculteurs d’aujourd’hui.
Christiane Lambert : Je connais bien le département des Deux-Sèvres qui, en ce qui concerne l’élevage, ressemble au Maine-et-Loire. Je connais bien également les responsables de la Fnsea. Des responsables engagés, militants, en recherche permanente de solutions. Je vous assure que sur le dossier des ZDS, ils se sont battus comme des diables. Déterminés, ils ont agi. Raisonnables et constructifs, quand les décisions sont tombées, anéantissant tout espoir, ils ont relevé la tête, se sont mis en mode projet avec la ferme intention de trouver des solutions. Diversification des cultures, création d’ateliers de transformation, production d’énergie, valorisation des crédits carbone, construction de projets permettant l’accès à l’eau tout en préservant le milieu : les initiatives sont nombreuses.
Outre la recherche de solutions pour soigner nos cultures tout en diminuant l’utilisation des molécules refusées par la société, nous travaillons à la valorisation des services environnementaux rendus par l’agriculture à la société.
Les élus s’investissent également au niveau national avec la ferme intention de faire avancer la contractualisation. La filière vache allaitante est chahutée. Via l’interprofession, le dialogue a permis la signature d’un contrat de filière dans lequel il est fait référence aux coûts de production dans le processus de fixation du prix d’achat des animaux. Il y a des réussites qu’il faut valoriser.
Lors du congrès, le ministre de l’agriculture devrait être présent. Il pourra également évoquer les travaux qui ont conduit à une loi Egalim 2 qui rendra la contractualisation obligatoire. Cette obligation, c’est de la complexité diront certains. Mais la contrepartie de cette complexité, ne l’oublions pas, c’est de la sécurité pour le revenu des agriculteurs.
Christiane Lambert : Tous les journaux ouvrent sur le congrès mondial de la nature qui a lieu actuellement à Marseille. J’y serai demain (NDLR : Interview réalisée vendredi 3 septembre). Respect de l’environnement et du bien-être animal, alimentation de qualité, baisse de l’utilisation des produits phytosanitaires…, ces attentes sont exprimées quotidiennement, et pas seulement par des citadins. Aussi par les habitants du milieu rural. Cette tendance à la prise en compte de l’environnement est aujourd’hui une nécessité. Devons-nous rappeler que nous, agriculteurs, sommes les premiers à subir les conséquences du dérèglement climatique ? Cette année, les moissons ont trois semaines de retard. Au printemps, les viticulteurs et arboriculteurs subissaient le gel. Consciente des enjeux actuels, notre organisation a travaillé l’an passé autour du thème : « faire du défi climatique une opportunité pour l’agriculture ». Outre la recherche de solutions pour soigner nos cultures tout en diminuant l’utilisation des molécules refusées par la société, nous travaillons à la valorisation des services environnementaux rendus par l’agriculture à la société. Couverture de sol, haies, prairies, cultivées et/ou entretenues par les agriculteurs ont des conséquences positives sur l’environnement : captation de carbone, préservation de la biodiversité. Nous avons travaillé pour transformer les attentes sociétales en marché. Epiterre est née. Émanation de la Fnsea et Imagin’Rural, cette structure contractualise avec des entreprises contraintes, ou soucieuses pour des questions d’image, d’atteindre la neutralité carbone. En finançant l’implantation de haies et de bandes enherbées au-delà de ce que la réglementation impose aux agriculteurs, Yves Rocher ou encore Kéring (marque Gucci ou encore Balenciaga) compensent leurs émissions. Ces pratiques vertueuses, alors rémunératrices pour l’agriculteur, ne sont plus considérées comme contraignantes.
Christiane Lambert : Le changement climatique est une réalité. Le stockage hivernal, en période d’abondance, pour disposer l’été, en période de tension, d’une eau permettant de produire, sans assécher le milieu, me semble être du bon sens. Des études d’impact sont réalisées, des projets de territoire négociés… Cette manière de gérer l’eau permet de concilier la préservation des milieux, les objectifs de souveraineté alimentaire présentés comme prioritaires pendant la période Covid et le dynamisme économique des zones rurales. Est-il besoin de rappeler que la montée des prix est la conséquence d’une baisse de production ? La population française a besoin d’une agriculture française productive. L’équilibre géopolitique mondial aussi. Selon le Giec, la perturbation des chaînes alimentaires est l’un des premiers risques du changement climatique.