Transmettre son exploitation dans la transparence et l’anticipation
À l’occasion de la quinzaine de la transmission, Alexandre Paulais et Jean-Michel Videau ont témoigné de leurs démarches et de leur conception de cette étape.
«On ne vient pas en juillet pour s’installer en septembre !» La phrase de Nathalie Duchiron, animatrice au Point Accueil Installation, a fait sourire l’assistance lors de la présentation de sa structure à Jonzac, en novembre, à l’occasion de la Quinzaine de la Transmission, orchestrée par la Chambre d’agriculture. Le mot d’ordre est l’anticipation, que ce soit pour s’installer ou bien pour transmettre. À l’image d’Alexandre Paulais et de Jean-Michel Videau, venus témoigner de leur démarche. Il y a deux ans, Alexandre Paulais a poussé les portes du Point accueil installation. Titulaire d’un BPREA, il est venu «pour voir comment cela se passait», avec l’idée de s’installer en viticulture, soit avec son père, soit en individuel. «L’auto-diagnostic a permis de poser mon projet, mes compétences» souligne le jeune homme, de Fontaines d’Ozillac. Il a été ensuite dirigé vers le répertoire départ installation (RDI) de la Chambre d’agriculture.
Mettre en relation le futur repreneur et le cédant
«Notre objectif est de bien accompagner le futur cédant pour transmettre son exploitation en toute sérénité. On renseigne, on aide, on informe, on oriente» avance Carole Bégaud, conseillère RDI. «L’idéal est de commencer à penser à la transmission de son exploitation vers 50-55 ans, afin de connaître les différentes possibilités pour y arriver.» la conseillère a mis en relation les deux protagonistes.En 2016, Jean-Michel Videau a participé à une formation sur la transmission. Depuis l’été 2018, son frère qui était associé avec lui, est parti à la retraite. Jean-Michel Videau s’est inscrit au RDI. «Notre idée était de transmettre notre exploitation (82 ha de céréales et 19 ha de vignes). Nos enfants ne sont pas intéressés pour reprendre la suite» raconte cet ancien commercial, souriant, doté d’un franc-parler et d’une forte personnalité. Pour Alexandre Paulais, difficile de s’installer sans apport de foncier. C’est donc avec un achat de parts sociales que l’installation se fait. Le cédant y voit aussi une opportunité : «cela me permet de me dire que dans 9 ans, je peux partir en retraite.»
Jean-Michel Videau et son frère ont choisi Alexandre Paulais «au feeling». Le premier contact s’est déroulé sur l’exploitation, à Biron. «Nous avons parlé du projet, puis j’ai visité l’exploitation» se remémore le jeune agriculteur. Une première rencontre dont se souvient parfaitement le cédant : «Nous lui avons mis les points sur les «I». Nous avons été totalement transparents avec lui aussi bien sur notre façon de travailler que les contrats viticoles, la donation familiale, les chiffres de l’exploitation. Rien n’a été oublié. Si on veut que la transmission se déroule dans les meilleures conditions, il est essentiel de ne rien cacher». Cette transparence, ils l’ont eue aussi avec leur père : «nous l’avons associé à notre réflexion. C’est lui qui nous avait transmis son exploitation.»
Actuellement, Alexandre Paulais est en stage de parrainage à l’EARL Videau Frères, en qualité de stagiaire. Il sera définitivement installé, le 1er janvier 2019. «Il n’est pas considéré pas comme un salarié. Il fait partie de l’entreprise en tant que décideur, il est associé» rajoute Jean-Michel Videau. Le jeune homme apporte aussi sa vision sur les cultures et parle «d’innovation». L’intégration peut paraître «complexe», mais le stage de parrainage est un atout. Il permet de placer le curseur et conforter ou non les deux parties dans leur choix. Les frères Videau ont eu une idée bien précise de la transmission. Elle est basée sur l’ouverture d’esprit, le dialogue et la transparence.