Transports : Pour que le pineau arrive à Vérone ou Sierck-les-Bains
Dans le développement des circuits de proximité ou du e-commerce, l'expédition est lourde à gérer et pose la question de la sous-traitance.
À écouter Nadège Mayon, l'emballage (et surtout l'expédition), c'est une chorégraphie. Aujourd'hui, à l'heure où les expéditions se font en un clic, la logistique de l'emballage peut s'avérer un souci. Vendre du pineau ou un cognac, une bourriche d'huître ou des confitures pour que des Lorrains les dégustent, que des petits Suisses en fassent leur festin de Noël, est presque chose simple. Sites clés en main, portails de produits, chaînes de vente et autres Amazon peuvent booster allégrement le e-commerce. Reste qu'une fois l'achat effectué, il faut que le produit parvienne à son acheteur. C'est là qu'intervient une nouvelle société rochelaise, membre du réseau de franchisés Mail Boxes Etc. « Aujourd'hui, une grande partie des ventes se passent sur internet », débute Nadége Mayon. « Mais après, une fois vendu... c'est là que nous intervenons. » Son récit des « emballages » tourne parfois à un poème de Prévert. Mais ce qui retient l'attention est certainement cette capacité qu'a cette micro-société à s'adapter. Alors, au-delà des termes anglophones qu'elle emploie, du « pick in » à « sent BtoB », des « pluggings greffés sur des e-commerces », Nadège Mayon montre l'extrême « flexibilité » de sa société quelle que soit la commande à expédier, « de plusieurs palettes à un simple colis. Nous offrons des solutions, implantés dans les sites mêmes de nos clients. »
« Lorsqu'un producteur de pommes fait son jus de pommes, il me le laisse. Je vais le chercher et m'occupe de ses expéditions de jus de pomme tout autour de la planète... » résume Nadège Mayon. Dit comme cela, cela semble simple, mais chaque colis est spécifique. Spécifique au produit à expédier. L'idée est qu'il arrive entier à destination. Sa zone de chalandise est dans le département. « Nos solutions de ''pick in'' permettent de gérer les solutions logistiques qui pour un producteur peuvent se présenter comme impossibles, surtout dans le monde rural. Mon fourgon peut embarquer deux palettes... de Saintes à l'île de Ré. »
Le coût de l'expédition
Elle a déjà dans son portefeuille de clients nombre de producteurs de pineau, de spiritueux et « de nouvelles boissons qui émergent par internet ». Pour ces clients, le e-commerce nécessite des ressources humaines sur place. « C'est parfois complexe et surtout très aléatoire dans le temps : 3 h aujourd'hui, rien demain. » Nadège Mayon estime que cette logistique des colis est « un autre métier » que celui de la vente. « Le client sur internet achète rarement une palette ! Mais un, deux pots de confitures. Voire si un franco colle bien, six... le frein ce n'est pas la quantité, mais plutôt l'organisation de la logistique. Notamment celle du dernier kilomètre. » Partenaire d'UPS, elle réalise du « tracking », un suivi du colis. Nadège Mayon travaille sur le « regroupage » des petits producteurs pour le ''pick in''. Plus difficile pour la destination finale. « On peut comme cela des paniers garnis... et nous réalisons ces paniers après avoir enlevé les produits chez chaque producteur. » Nadège Mayon définit avec ses clients « la nature de la délégation » : du colis tout préparé au façonnage et l'expédition du colis. « Aujourd'hui, la logistique du e-commerce est chronophage pour un producteur et impacte ses coûts. Les conditionnements de transports ne sont pas les cartons de manutention. Nous amortissons les coûts de la logistique et de l'emballage sur plusieurs produits, différents de ceux d'un market-place à la charge de nos clients. Il faut sortir du mythe Amazon qui fait croire que l'expédition ne coûte rien. » Pour elle, c'est un métier.