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Trésoreries tendues avec la baisse continue des cours

Au cours des vingt derniers mois, les cours de la viande bovine accusent une baisse de 80 centimes, soit 25%. Les trésoreries tendues s’expliquent aussi par des charges qui restent encore élevées.

François Chauveau, vice-président de la chambre d’agriculture, Thierry Bernier, président de la section bovine de la Fnsea 79, Guillaume Clochard, président des JA de Saint-Varent, dans l’élevage d’Olivier Giraudon, à Luzay.
François Chauveau, vice-président de la chambre d’agriculture, Thierry Bernier, président de la section bovine de la Fnsea 79, Guillaume Clochard, président des JA de Saint-Varent, dans l’élevage d’Olivier Giraudon, à Luzay.
© N.C.

Quand les cours de la viande vont-ils arrêter leur chute ? Depuis des mois, Olivier Giraudon, éleveur à Luzay, se pose la question. En un an, cette baisse est de 60 centimes du kilo, et de 80 centimes depuis les vingt derniers mois, soit 25 %.
Aujourd’hui, Olivier voit plus que jamais les perspectives s’assombrir. « Sur l’année 2014, la baisse du revenu de l’exploitation va se situer entre 18 000 et 20 000 euros », a-t-il calculé. Quand la trésorerie est tendue, il redoute alors tout accident climatique qui l’obligerait à acheter du fourrage ou de la paille, comme en 2011, quand la sécheresse avait sévi.
En Gaec avec son père Serge, et avec l’aide d’un ouvrier, il a pourtant pris les choses au sérieux afin de vivre de son métier et de rembourser ses prêts d’installation. Des blondes d’Aquitaine sont venues diversifier le troupeau de charolaises d’origine, pour porter le nombre de vaches allaitantes à 90 mères aujourd’hui. Tous les mâles sont engraissés. Les blonds jusqu’à un an, les charolais jusqu’à quinze mois.
Depuis que la conjoncture s’est détériorée, les associés limitent les charges qui ont atteint des sommets ces dernières années. « Au bout d’un moment on ne peut plus rien faire », assure-t-il. « Tout ce qu’on pouvait faire, a été fait. Malgré la production de céréales et de luzerne, on est quand même obligés d’acheter des compléments qui nous coûtent encore chers  », poursuit-il.
« Le cœur du problème, c’est la valorisation de nos animaux », résume Thierry Bernier. Le président de la section viande bovine de la Fnsea 79 s’adresse aux opérateurs de la filière qui fixent le prix d’achat des animaux dans les fermes. Il dénonce aussi le comportement des distributeurs qui tirent les prix vers le bas « obligeant les abattoirs à marger au moindre coût ». Sans oublier les importateurs qui remplissent les frigos de viande issue du troupeau laitier allemand, conduisant la France à afficher un déficit net en viande bovine.
Quelques jours après le congrès de la FNB, le ministre de l’agriculture semble avoir pris conscience de la situation. En tout cas, le  président de la section bovine veut le croire. Le 25 février, une cellule de crise doit se réunir à la DDAF. « J’espère que les banques joueront le jeu », glisse Thierry Bernier, alors qu’une prise en charge des cotisations MSA du premier semestre vient d’être annoncée. « Sur des fonds de la profession et tout le monde n’y aura pas droit ! », tient-il à souligner.
Lors de la rencontre avec l’administration départementale, la profession mettra l’accent sur les difficultés de ce secteur, pour les jeunes en particulier, confrontés à l’effet ciseau des charges et des prix, à leur taux d’endettement qui atteint 70%, aux faibles perspectives que leur offre la conjoncture quand la moitié des éleveurs de viande bovine sont âgés de plus de 55 ans. Pour beaucoup comme Olivier, se pose la question de l’avenir de leur élevage au moment ou un des associés prendra sa retraite.

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