Ovins
« Un ha de cultures fourragères doit me rapporter plus qu’un ha de céréales »
Cinquante hectares de cultures fourragères pour 730 brebis. Daniel Gaillard, installé à Benassay, gère avec précision son assolement pour subvenir aux besoins de son cheptel. Son objectif : produire 400 kg d’agneaux par hectare de cultures fourragères.
Ce matin-là, Daniel Gaillard a une pensée pour les vacanciers. « Ce n’est pas un temps de saison », considère-t-il l’air complaisant. Ces derniers jours, le thermomètre plafonne à 18 °C. « Depuis dimanche (NDLR : entre le 17 et le 19 juillet), il est tombé 70 mm autour de Benassay. » Après trois mois de sécheresse, ces précipitations sont providentielles pour le monde agricole. « L’herbe va repartir et surtout, c’est la certitude que les cultures intermédiaires vont lever. » Les battages terminés, comme chaque année dans la mesure du possible, l’éleveur de moutons mettait en terre une dizaine d’hectares de cultures fourragères. Cette année, colza et millet s’ajouteront à la ration dès l’automne. Le premier couvert sera pâturé, le second « récolté dans la mesure du possible juste avant d’implanter de l’orge ».En 2011, cette optimisation des couverts a pour seul objectif de subvenir aux besoins du troupeau composé de 730 brebis. « Ce printemps, la récolte d’herbe n’a pas donné autant de foin que d’habitude. » Faire pacager les repousses de colza grain entre début septembre et le 15 octobre sera nécessaire tout comme la mise au pâturage des animaux au printemps dans les prairies qui quelques semaines plus tard seront retournées puis ensemencées en tournesol.
Saine concurrence entre élevage et céréales
Cette conduite intensive n’est pas particulière à cette année de sécheresse. Installé au cœur d’une zone à fort potentiel céréalier, l’éleveur a toujours considéré la concurrence entre les deux productions. L’exploitation compte 172 ha : 122 ha sont dédiés aux cultures de vente et 50 hectares aux cultures fourragères. Une surface limitée sur laquelle les besoins des animaux, hors correcteurs azotés, doivent être satisfaits. « Le chargement est de 14 brebis par hectare », précise Daniel Gaillard. Un chiffre élevé qui demande une gestion assez lourde de l’assolement. Mais c’est à cette condition que le chef d’entreprise tend vers l’objectif qui fait qu’aujourd’hui encore l’élevage ovin compte parmi ses productions. « Un ha de cultures fourragères doit me rapporter plus qu’un hectare de céréales. L’élevage ovin demande plus de travail que la production de blé. La rémunération de cette activité doit en toute légitimité me rapporter plus. » Pour y parvenir, Daniel Gaillard a investi. Bâtiment équipé, distributeur automatique d’aliment, chariot distributeur et désileuse pailleuse lui simplifient le quotidien. Ainsi, il peut se concentrer sur la conduite technique. « Mon objectif est de sortir 400 kg d’agneaux par hectare de cultures fourragères. » Aujourd’hui, il plafonne à 360 kg. « Il reste quelques problèmes de fertilité à résoudre », juge-t-il peu inquiet quant à l’avenir.Chef d’entreprise, Daniel Gaillard reconnaît qu’en l’absence de résultats économiques, il aurait peut-être, comme beaucoup, déjà cédé et abandonné les animaux. « En 2006, un hectare de cultures fourragères dégageait le résultat de deux hectares de céréales. » C’est moins vrai en 2011. « La flambée du prix des céréales remet en question l’intérêt économique du troupeau. » En revanche, la stabilité du revenu de l’atelier ovin est un atout en comparaison à la volatilité du prix des grains. En misant sur deux productions, l’exploitant joue la sécurité et assure dans le temps la stabilité de son revenu.