Un mois pour envisager de convertir son exploitation
Le mois de novembre est devenu le rendez-vous incontournable pour celles et ceux qui envisagent de se convertir en agriculture biologique. Le mois de la bio est une opportunité pour se renseigner, échanger, comparer, découvrir.
Pour cette 9ème édition du mois de la bio, « 80 fermes de Nouvelle-Aquitaine ouvrent leurs portes aux professionnels pour évoquer les problématiques de conversion, d’économie, d’agronomie, de marché » annonce Sylvie Dulong, viticultrice et vice-présidente de la Frab, à l’occasion de la présentation de cet événement qui se déroule du 2 au 30 novembre. Une nouveauté cette année : des web conférences sur la réglementation et les aides viendront compléter les nombreuses animations. Afin de mener à bien ces actions, tout un réseau œuvre autour : Bio Nouvelle-Aquitaine, Chambres d’agriculture Nouvelle-Aquitaine, Interbio Nouvelle-Aquitaine et les déclinaisons départementales. Un travail collégial qui doit permettre de pérenniser le bio. « La formation et l’accompagnement sont essentiels », souligne la vice-présidente. « D’autant plus que le marché du bio se développe et que certains secteurs arrivent à saturation. La demande est forte, il faut connaitre les besoins du territoire, les besoins des marchés », indique Marie Griffaton, de la Chambre régionale. Pour la chambre d’agriculture 17, représenté par son vice-président Cédric Tranquard (également responsable du groupe bio au sein de la structure), « il s’agit de défendre l’agriculture avec un grand A », « d’aider les exploitants qui souhaitent se convertir ou se sont convertis pour continuer à faire progresser leurs exploitations, avec la force de frappe du réseau Chambre 17-79 ». Le céréalier d’Archingeay ne veut pas d’opposition bio-conventionnel. « Nous allons tous dans le même sens, avec les convictions de chacun. »
L’accompagnement, c’est justement l’un des éléments clé de la conversion de Bruno Grelier, à Bouhet, qui a ouvert les portes de son exploitation pour le lancement de cette opération. Un choix de conversion qu’il ne regrette pas. « Après quelques années de réflexion, notamment sur l’utilisation des produits phyto, j’ai participé à des visites, des formations. J’ai sauté le pas, en 2017. Bien sûr, j’ai eu des craintes sur la baisse de mon revenu, les rendements », raconte le céréalier, à la tête de 115 ha (blé tendre, luzerne, orge d’hiver, maïs, orge de printemps, pois chiche, pois de printemps, haricot-flageolet, tournesol, prairies temporaires, avoine d’hiver, luzerne...). Il travaille avec la Corab (coop régionale) basée à Saint-Jean-d’Angély et vend la luzerne sur pied à un éleveur caprin. Il reconnait que le rendement en céréales a chuté de moitié, (même si, en tournesol il fait aussi bien que ses voisins conventionnels) « mais cela est compensé par le prix et des charges en moins. » Dès l’année prochaine, l’irrigation sera stoppée pour le maïs et réservée aux cultures alimentaires. « Je valorise ainsi mieux une culture de lentilles ou d’haricots. Avoir une diversité de cultures (deux fois plus qu’en conventionnel) permet de répartir le travail et de sécuriser le revenu. » Le regard des voisins a été à différents degrés entre étonnement et satisfaction. « Mes champs ne sont pas forcément sales », lance le céréalier en boutade. « Le phénomène d’essaimage est important. Il est acteur de son choix, il peut témoigner directement auprès de ses collègues. Cela devient plus accessible. Ils se disent : s’il y arrive, pourquoi pas moi », renchérit Karine Trouillard, animatrice au Gab 17 avant de pointer l’importance aussi de l’étude prévisionnelle sur 5 ans.