Un mois pour obtenir des résultats sinon la filière bovine ripostera
Les actions de blocage des abattoirs menées depuis la semaine dernière ont débouché sur la tenue d’une table ronde de la filière bovine, mardi dernier. La filière se retrouvera dans un mois pour mesurer les résultats.
Les actions de blocage coup-de-poing des abattoirs, engagées depuis la semaine dernière sur mot d’ordre de la FNB, ont abouti à la tenue d’une table ronde ce mardi 12 mai. Présidée par le ministre de l’Agriculture, cette réunion de crise rassemblait les principaux acteurs de l’abattage et la distribution.
« On n’est pas arrivé à un accord ! », a affirmé Stéphane Le Foll, à la sortie du ministère suite à la réunion. Le ministre de l’Agriculture a appelé de façon déterminée à « un sursaut de la filière », pointant la situation de crise des éleveurs et la nécessité pour la filière d’agir autant sur le marché intérieur qu’à l’export sur les pays tiers où des opportunités sont ouvertes.
Jean-Pierre Fleury, président de la FNB, a quant à lui demandé « d’urgence un changement de logique de la filière bovine » et a exposé le plan d’action défini par la FNB depuis plusieurs mois. Cette feuille de route reprend tous les dossiers à travailler de manière collective, pour permettre aux éleveurs de retrouver une rentabilité. Il s’agit en particulier des cotations, des marchés export, de la consommation et surtout des prix. « Les solutions, on les a. Le seul problème, c'est de les partager ! », se désespère Jean-Pierre Fleury.
Un délai maximum d’un mois a été donné pour mettre en œuvre les orientations identifiées et lancer leur application. Des réunions devraient être organisées chaque semaine pour faire spécifiquement le point de l’avancée de chaque dossier. La FNB promet vouloir
« s’impliquer très activement dans cette phase de négociation ». Elle appelle également les éleveurs à « se préparer à devoir durcir les actions syndicales si les résultats ne sont pas au rendez-vous à très court terme ».
Quant aux actions syndicales passées, elles ont notamment mobilisé les éleveurs du nord Deux-Sèvres. Une quarantaine d’entre eux était présente pour le blocage de l’abattoir de Cholet dans la nuit du 6 au 7 mai. Une mobilisation qui s’est ensuite poursuivie durant la journée du 7.
Renouveler les générations
Un élan qu’a salué Alain Chabauty, président de la section bovine de la Fnsea Poitou-Charentes : « En réponse à l’appel de la FNB, on constate une forte mobilisation dans le grand Ouest, traduisant toute la question de l’engraissement. La pression à la baisse sur le prix des animaux remet en cause la rentabilité des exploitations, et au regard des coûts de production l’engraissement est mis en péril. Fort heureusement le prix du broutard progresse depuis quelques semaines. C’est une bonne chose pour le naisseur. Logiquement, les engraisseurs et naisseurs-engraisseurs revendiquent également une revalorisation des prix de vente ».
Et de poursuivre : « Dans ce conflit, au-delà des prix et de la structuration des marchés, le problème du renouvellement des générations est un élément à prendre en compte surtout dans notre région en perte d’élevages bovins. Les outils régionaux commencent à prendre conscience de la thématique et s’inquiètent des volumes à traiter. C’est une position égoïste de leur part mais dont les éleveurs doivent se servir pour arriver à leur fin. Les outils coopératifs ont pris conscience de cet enjeu, mais il faudra peut-être l’expliquer à Jean-Paul Bigard ».
« Lors de la table ronde, le ministre a compris la détresse des éleveurs et a lancé des chantiers intéressants ; il a notamment nommé un expert-export dont nous attendons beaucoup. Un nouveau rendez-vous a été fixé dans un mois, sous la responsabilité du ministre, avec des réunions de filière régulière d’ici là. Ce qui compte c’est ce qui va se passer et ce qu’on va réussir à obtenir. Ne croyons pas que la mobilisation soit finie. Dès les travaux des champs terminés, en fonction des avancés, il faudra se mobiliser de nouveau, peut être sous d’autres formes et vers différentes cibles », a conclu Alain Chabauty.
Levée des blocages d’abattoirs sauf à Cuiseaux en Bourgogne
Depuis le 12 mai, vers 5 h, l’abattoir de Cuiseaux du groupe Bigard (Bourgogne) est bloqué par près de 70 éleveurs de vaches allaitantes de Saône-et-Loire et Rhône-Alpes. Il devrait être « libéré » en fin de matinée. Les blocages des autres abattoirs en Vendée, Calvados, Côtes d’Armor, Maine-et-Loire, Moselle et Tarn ont été levés le 11 mai en début d’après-midi, à la suite de l’annonce de la réunion programmée au ministère de l’Agriculture le 12 mai.
« Certains abattoirs avaient anticipé les départs de livraisons, mais il était important de montrer que l’on pouvait se mobiliser », explique Daniel Courval, président de la section bovine du Calvados. La Fédération nationale bovine a tenu à rappeler que « selon les conclusions de la table ronde, l’avancée des actions décidées et l’évolution de la situation économique des éleveurs à court terme, le principe de ces actions de blocage coup-de-poing demeurera bien entendu activé ».