Chaulage
Un pH de l’eau entre 6 et 6,5 pour la disponibilité des éléments nutritifs
Les effets des amendements minéraux basiques sont multiples. Viser un pH de l’eau entre 6 et 6,5 représente un bon compromis vis-à-vis de la disponibilité de l’ensemble des éléments minéraux indispensables aux cultures.
Le chaulage vise en premier lieu à supprimer le risque de toxicité de l’aluminium. Laquelle dans les sols trop acides, c’est-à-dire dont le pH eau est inférieur ou égal à 5,5, est la fonction première dévolue aux amendements basiques. Les bases (carbonate CO32- des amendements calcaires ou oxydes O2- des chaux) qu’ils contiennent réagissent avec les composés toxiques de l’aluminium, afin de les inactiver.L’augmentation du pH suite à un apport d’amendement basique réduit la disponibilité des oligo-éléments tels que le bore, le manganèse, le zinc et, à un degré moindre, du cuivre. La carence en manganèse est assez fréquente en particulier dans les terres légères (soufflées, aérées). Un pH trop élevé pouvant être dû à un chaulage excessif accentue le risque de carence.Dans les sols originellement acides et pauvres en ces oligo-éléments, les excès de chaulage sont dans bien des cas la première cause d’apparition des carences sévères chez les espèces sensibles. Ce risque conduit à conseiller de ne pas élever le pH de l’eau de ces sols au-dessus de 6,5.Un tel niveau de pH suffit bien souvent pour que la disponibilité du molybdène, seul oligo-élément dont la disponibilité croît lorsque le pH augmente, suffise à satisfaire les besoins des espèces sensibles à la carence comme certaines crucifères (colza, chou-fleur) ou légumineuses (luzerne, soja).La disponibilité du phosphore dans le sol est également influencée par le niveau de pH. Elle est faible pour des pH acides (< 5) ou basiques (> 7). Au final, la disponibilité du phosphore est la plus élevée pour des pH eau voisins de 6.
Minéralisation de l’azote organique du sol
L’apport d’un amendement basique accroît momentanément le taux de minéralisation de l’azote organique du sol, et cela d’autant plus que le sol est acide et que l’augmentation de pH est élevée. C’est dans les prairies peu fertilisées qu’il s’exprime le plus. Les fournitures d’azote par le sol peuvent ainsi être accrues de 20 à 60 kg N /ha l’année qui suit un apport d’amendement basique. Ce supplément de fourniture difficile à prévoir justifie que des outils de pilotage de la fertilisation azotée soient mis en œuvre l’année d’apport d’un amendement basique.
Certains pathogènes sensibles au pH
Le développement de certains pathogènes est également influencé par le pH du sol, mais parfois de façon opposée selon les pathogènes. La hernie des crucifères qui affecte le colza est par exemple beaucoup plus fréquente dans les sols acides. À l’inverse, le piétin échaudage qui affecte les céréales à paille et la gale de la pomme de terre se développent d’autant moins que le sol est acide.Sans toutefois permettre la maîtrise totale de ce type de parasitisme, la pratique du chaulage ou le maintien d’une acidité suffisante du sol peut selon les cas y contribuer. Dans le cas de successions culturales impliquant le colza, les céréales et les pommes de terre, il paraît logique de privilégier les apports d’amendements basiques d’entretien juste avant l’implantation du colza.
Lire le dossier réalisé par Arvalis-Institut du végétal en pages 13, 14 et 15.