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Histoire locale
Un prince de Galles mort à Mortagne

Au cours de la guerre de Cent Ans, Mortagne-sur-Gironde vit disparaître le dernier descendant des princes souverains de Galles, Owain Lawgoch, qui s’était auparavant illustré à plusieurs reprises sur le territoire de la Charente-Maritime.

Un monument en mémoire d’Owain Lawgoch a été érigé en 2003 à Mortagne-sur-Gironde.
Un monument en mémoire d’Owain Lawgoch a été érigé en 2003 à Mortagne-sur-Gironde.
© Léa Calleau

Pour la plupart d’entre nous, le « prince de Galles », c’est Charles, couronné ce samedi 6 mai à l’abbaye de Westminster. Il faut dire qu’en 64 ans à porter ce titre, le nouveau roi en a fait une marque de fabrique… Mais Charles n’est pas gallois, pas plus que son fils qui a pris sa place ou leurs prédécesseurs. Il en va ainsi depuis 1301, date à laquelle le titre de prince de Galles est devenu l’apanage de l’héritier du trône d’Angleterre (l’équivalent de notre « dauphin » français). Utiliser un tel titre permettait aux souverains anglais de légitimer leur emprise sur ce territoire celtique pris par les armes à ses anciens seigneurs.

Né en Angleterre vers 1330, Owain Lawgoch (‘‘à la main rouge’’) n’a pas connu l’époque du Pays de Galles indépendant. Son père et son grand-père, derniers représentants de la maison souveraine de Gwynedd, ont accepté la tutelle anglaise et se contentent de petits domaines près de Londres. Mais les jeunes années d’Owain sont marquées par l’émergence d’un conflit qui va ensanglanter l’Europe de l’Ouest pendant plus d’un siècle : la Guerre de Cent Ans, entre Français et Anglais. Owain y voit l’opportunité de faire valoir ses droits sur le Pays de Galles : il va donc s’engager au service du roi de France, à la tête d’une compagnie de mercenaires. Début 1372, il lance sa campagne : avec ses mercenaires aragonais, il s’empare de l’île anglo-normande de Guernesey, qui doit n’être qu’une étape sur la route du Pays de Galles. Mais il n’ira pas plus loin : le roi de France, Charles V, a besoin de ses services et l’envoie comme ambassadeur en Castille pour y récupérer une flotte de navires. Objectif : La Rochelle.

Owain Lawgoch ne semble pas avoir joué de rôle direct lors de la bataille qui eut lieu en juin 1372 aux abords du port rochelais, première grande défaite navale des Anglais lors de la guerre de Cent Ans.

Son heure de gloire a lieu quelques semaines plus tard, le 22 août 1372, un peu plus au sud, à Soubise.

Le siège de la garnison anglaise du château, mené par le seigneur saintongeais Renaud VI de Pons, avait dans un premier temps échoué suite à la contre-attaque de renforts menés par le capitaine gascon Jean de Grailly. Mais, à la nuit tombée, Owain Lawgoch profita des festivités que célébraient les Anglais suite à leur victoire pour contre-attaquer avec ses hommes. La victoire est sans appel, les ennemis ayant été tués ou capturés, à l’instar de Jean de Grailly (dont la famille possède toujours aujourd’hui le château de Panloy, à Port-d’Envaux).

Un assassinat commandité par les Anglais

Cette victoire fait d’Owain un ennemi d’autant plus redoutable pour les Anglais que de Grailly, le ‘‘captal de Buch’’, était l’un de leurs meilleurs capitaines, fidèle lieutenant du Prince Noir (fils du roi d’Angleterre et prince de Galles en titre) et vainqueur à ses côtés de la bataille de Poitiers, quinze ans plus tôt. La chute de Soubise entraîne celle des autres garnisons anglaises du secteur : Saint-Jean-d’Angély, Taillebourg, la tour de Broue et d’autres se rendent. Sous les coups d’Owain Lawgoch et du célèbre connétable français, Bertrand du Guesclin, la Saintonge, l’Aunis et le reste du Poitou-Charentes repassent dans le giron français.

Par la suite, Owain poursuivra le combat en Saintonge, mais aussi dans les Alpes. Cependant, le Pays de Galles demeure son objectif. Lorsque les rumeurs d’une nouvelle invasion, soutenue par la Castille, leur parviennent, les Anglais décident d’en finir pour de bon avec le prétendant. Ils confient à un Écossais, John Lamb, son assassinat. Lamb retrouve Lawgoch en juillet 1378 à Mortagne-sur-Gironde, que le Gallois assiégeait alors. Il parvient à gagner sa confiance, et finalement à le poignarder. Dernier membre en vie de sa famille, Owain Lawgoch ne laisse aucun héritier derrière lui et sombre dans un relatif oubli. Mortagne-sur-Gironde a néanmoins tenu à perpétrer son souvenir en érigeant en sa mémoire, en 2003, une statue en l’honneur de ce prince gallois mort pour la France et le pays de Galles.

 

Pour en savoir plus [ressources en anglais] :

Biography of Owain Lawgoch

A soldier of fortune and pretender to the principality of Wales 

Assassinated prince is honoured 600 years on

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