Porcs
Un projet de maternité porcine à haute valeur environnementale
Jusqu’à présent seuls les opposants se sont manifestés. Alors que se déroule l’enquête publique, les éleveurs veulent faire connaître la haute valeur environnementale de leur projet de maternité porcine à Luzay.
L’enquête publique relative au projet de maternité porcine sur la commune de Luzay se déroule jusqu’au 15 octobre. C’est précisément pendant cette période que deux des six associés porteurs du projet, Joseph Lumineau, d’Adilly et Mickael Boudier, de Gourgé, ont choisi de préciser que la SCEA Micha, a été constituée pour permettre aux éleveurs « de se projeter dans l’avenir », « tout en respectant l’environnement ».
D’ici 2013 tous les éleveurs devront avoir fait les investissements nécessaires pour que les truies soient élevées en groupe, selon les normes européennes de bien-être. « Pour de nombreux petits éleveurs naisseurs-engraisseurs, cette évolution nécessite des investissements hors de leur portée », explique Joseph Lumineau. 48% de ces élevages du département auront disparu, faute de pouvoir réaliser ces investissements.
Mickael Boudier est par ailleurs confronté à d’autres contraintes. Une bonne partie des 250 hectares de son exploitation est incluse dans le périmètre de protection du barrage du Cesbron qui lui interdit l’épandage du lisier. Le regroupement de moyens de production « comme dans une Cuma », va permettre de supprimer le naissage dans les six élevages qui se spécialiseront dans l’engraissement.
La construction de la maternité est prévue sur la commune de Luzay, sur le site d’une ancienne porcherie. Les 1 028 truies produiront 25 000 porcelets par an, sans engraissement. Ils correspondent aux besoins des six élevages qui font vivre 21 familles. Cinq salariés travailleront à temps plein dans un élevage conçu selon les normes de haute valeur environnementale.
« Il en va de l’amélioration de nos conditions de travail, mais aussi de la pérennité de nos exploitations », explique Mickael Boudier. L’investissement s’élève à 3,9 millions d’euros, dont 240 000 euros pour la protection de l’environnement. Des bactéries naturelles vont permettre de réduire de 90% les odeurs dans les bâtiments et lors de l’épandage. Avant d’être expulsé, l’air en provenance de l’élevage sera lavé, et les poussières piégées par les filtres à eau. Un pandillard épandra au ras du sol, avant les semis de colza, à l’automne, et de maïs, au printemps. Le plan d’épandage est prévu sur 608 hectares, alors que 127 auraient suffi. Une marge de sécurité a également été prévue pour le stockage du lisier. Sa capacité a été portée de six à huit mois.
« Le volume de lisier correspond à celui de l’ancien élevage », précise Joseph Lumineau. Sans compter le bilan de fertilisation qui sera réalisé tous les ans, le couvert végétal en hiver et les bandes enherbées le long des cours d’eau, comme le prévoit la charte des bonnes pratiques des éleveurs de porcs des Deux-Sèvres, ou encore la construction d’une citerne de récupération des eaux pluviales, pour les besoins de l’élevage. Elle servira aussi de réserve d’eau en cas d’incendie. Si le projet aboutit, « il n’y aura plus de truies à Adilly », souligne Joseph Lumineau. Et la filière régionale, avec ses 2 500 emplois, sera confortée. La production régionale ne couvre en effet que 45% de ses capacités d’abattage.