Un séchoir à foin pour gagner en autonomie alimentaire
Jean-Pierre Monthubert, éleveur caprin à Ligné, a investi l’an dernier dans un séchoir à foin pour renforcer son autonomie alimentaire. Ainsi, il a pu réduire significativement son apport de granulés dans la ration de ses chèvres.
Autonomie est un mot qui colle bien à l’état d’esprit de Jean-Pierre Monthubert. À l’instar de ses parents dont il a pris la suite en 1987, l’éleveur caprin de Ligné, et également président du syndicat caprin de Charente, a eu le goût de l’élevage très tôt. Sauf que lui s’est orienté vers l’élevage de chèvres. Il a aussi toujours recherché au maximum l’indépendance dans son mode de production. Sur les 98 hectares de son exploitation au parcellaire très dispersé, une grosse partie est consacrée aux fourrages. Il cultive 26 ha de luzerne et de trèfle, 7 ha de maïs grain non irrigué dans les terres humides les plus adaptées, 8 ha d’épeautre, 2 ha d’avoine, 7 ha de féverole et 12 ha de méteil. « Je fais aussi 15 ha de blé que j’utilise davantage pour la paille que pour les céréales », dit-il. L’ensemble lui sert essentiellement à nourrir son troupeau de 400 chèvres de race alpine qui produisent environ 360 000 litres de lait par an. Ce mode de production fonctionnant sur des rotations lui a ouvert la possibilité de prétendre à une MAEC polyculture élevage depuis l’an dernier. “Je n’ai pas attendu les MAEC pour faire des rotations”, dit-il.
Un Fourrage de qualité
« Mon objectif a toujours été l’autonomie, reconnaît l’éleveur. J’ai accéléré le mouvement avec l’achat du séchoir ». En effet, depuis l’an dernier, il a investi dans un séchoir à paille Agricompact Technologies avec lequel il a séché 1 000 bottes en 2015. Il peut ainsi sécher des bottes rondes de 160 centimètres de diamètre à 30 % d’humidité en deux fois 8 heures. Ce qui nécessite une attention particulière à la météo avant la fauche et l’utilisation d’une sonde pour mesurer avec précision l’hygrométrie du fourrage. L’investissement total s’élève à 130 000 € *, travaux de terrassement compris, dont 110 000 € rien que pour le séchoir. Un choix qu’il ne regrette pas avec le recul. « L’idée m’est venue suite à une visite de ferme avec la Fresyca chez Alain Guillet, éleveur caprin qui possédait un séchoir dans les Deux Sèvres. J’ai vu la qualité du fourrage obtenue. Elle permet de baisser la quantité de granulés achetés. ». L’étude réalisée récemment sur son exploitation par une étudiante-ingénieur de l’INRA le confirme. Elle a évalué avec précision la consommation de foin par ses chèvres à 2,14 kg consommés par jour et par chèvres sur 2,3 kg distribués. « Ça change tout ! Les chèvres sont toutes à l’auge car le fourrage est de qualité. Depuis que j’ai le séchoir, je suis passé de 1 kilo de granulés par chèvre et par jour à environ 200 grammes. Le coût de séchage que j’évalue à environ 60 € par tonne de foin séché revient un peu plus cher que pour de l’enrubannage. Mais le foin se conserve plus longtemps”. Jean-Pierre Monthubert ne cache pas que son système attise l’intérêt de certains éleveurs qui sont déjà venus voir son installation sur place. Il a même déjà séché du foin pour des collègues. “Le seul point noir est la consommation de fioul qui a été de 1 2000 litres l’an dernier », dit-il. Et ce, en dépit d’un récupérateur de chaleur intégré dans le séchoir.
Lisez la suite de cet article dans la Vie Charentaise du 15 avril 2016 (page 10)