Bovins viande
Une conjoncture favorable mais sans hausse des revenus en 2013
Les revenus se sont améliorés en 2012 et ont stagné en 2013. La conjoncture commerciale plus favorable a permis de compenser la progression des charges. Toutefois, la rémunération à 1,5 Smic n’est pas obtenue dans les systèmes avec peu d’engraissement.
Le manque de production se traduit par une bonne tenue du marché intérieur français et les cours des femelles de race allaitante ont atteint des niveaux inédits. Le prix de vente des vaches de réforme charolaise en 2013 a gagné près de 40 centimes pour atteindre en moyenne 4,36€ au kg (blonde d’Aquitaine, 5,03 €/kg ; parthenaise, 5,36€). Sur la deuxième partie de l’année, les cours des femelles se sont un peu essoufflés en charolais mais 2013 reste une bonne année pour la viande de qualité. Du côté des mâles, les cours des jeunes bovins sont restés stables alors que ceux des broutards semblent plus fragiles. C’est évidemment lié aux difficultés croissantes du marché du jeune bovin en Italie que ce soit pour les animaux finis ou pour la filière engraissement en forte restructuration. Le prix des mâles maigres baisse de 1 à 2 par rapport à 2012. Au final, le produit viande, mâles et femelles, est conforté pour tous les systèmes avec finition.
Les prix de vente favorables
En 2013, les éleveurs de bovins viande restent soumis à la forte volatilité des charges et à leur niveau important. Ainsi, l’indice des prix des moyens de production nécessaires aux éleveurs de viande bovine (Ipampa) continue de progresser puisqu’il gagne encore 1 par rapport à 2012 soit 30 de plus qu’en 2005. C’est surtout la hausse du prix du soja qui impacte fortement celui des concentrés du commerce très employés dans les élevages (+8 en prix). Le prix de l’azote minéral augmente aussi un peu. Le tassement du prix du pétrole permet de faire quelques économies mais jusqu’à quand ? Au final, les systèmes bovins viande restent fragiles en termes d’efficacité économique.
Pénalisés par une progression des charges
2013 restera enfin, l’année d’une vraie baisse des prix des céréales après 3 années de forte évolution des cours. Avec un peu plus de disponibilité sur les marchés mondiaux, le prix de la tonne de blé a perdu 50 à 70 euros. C’est une bonne nouvelle pour l’élevage qui va pouvoir utiliser ses céréales avec moins de regret concernant leur valeur commerciale. Mais c’est aussi, un manque à gagner non négligeable pour la plupart des systèmes qui ont des surfaces supplémentaires dédiées aux cultures de vente. La marge de ces cultures a perdu 42 entre 2012 et 2013.
Les résultats détaillés sont donnés pour trois systèmes naisseur et naisseur-engraisseur les plus représentatifs et un système engraisseur. Ces systèmes permettent de faire vivre un ménage de 1 à 1,3 UMO. Le naisseur intensif, avec un chargement de 1,6 UGB/ ha de SFP réalise 70 vêlages sur 70 ha, il engraisse les femelles et vend les mâles en broutards. Le naisseur engraisseur semi-intensif, avec un chargement de 1,6 UGB/ha de SFP possède 70 vêlages pour une surface de 85 ha. Il finit les mâles en taurillons et l’ensemble des femelles. Enfin l’engraisseur commercialise 250 taurillons pour une surface de 75 ha dont 12 de blé vendus
Naisseur : un revenu trop modeste
A 13 800 €, le revenu du système naisseur intensif classique de l’Ouest est stable en 2013. Il progresse de 5000€ par rapport à 2011. Cela reste toutefois très modeste pour des élevages de 70 vaches. La rémunération de la main-d’oeuvre reste inférieure au Smic. Dans ce système, le revenu est porté par des cours des femelles en forte hausse alors que le prix des broutards a perdu 20 €. Les coûts restent stables à 350 € pour 100 kg vifs. La progression des coûts des services est compensée par la baisse du prix du carburant. Au final, le taux d’EBE sur produit reste assez bas, à 26 du produit.
Pas d’amélioration de revenus
Pour le système naisseur-engraisseur, le prix moyen du kg vendu augmente de 5 par rapport à 2012. C’est grâce au prix des vaches de réforme dont le prix a progressé de 30 centimes et à celui des génisses grasses qui prend 60 centimes au kg de carcasse. Alors qu’en parallèle, le prix des jeunes bovins s’est maintenu à 3,90 € du kgc. Le coût de production est identique à 2012 à 314 € pour 100 kg vifs. Les coûts de concentrés achetés augmentent de 5, les frais d’élevage de 2 comme les autres services mais les autres charges restent contenues. Ainsi, en 2013, le revenu est de 20 760 € soit un montant quasi identique à 2012 et la rémunération permise n’est que de 1,17 Smic/UMO. Comme pour le système naisseur, l’efficacité économique reste faible à 26 d’EBE sur produit brut.
Engraisseur : un bon résultat mais en baisse
Avec presqu’un euro d’écart entre le prix au kg de carcasse du JB et le prix d’achat du broutard, la conjoncture reste favorable à l’engraissement. En 2013, la marge brute au jeune bovin est de 318€ soit 30€ de plus qu’en 2012. Cependant les coûts de production restent élevés. Ils s’élèvent à 775 €/JB et 189 € pour 100 kg vifs produits, main-d’œuvre comprise. Ils progressent de 2 par rapport à 2012 sous l’effet principalement de l’augmentation des charges opérationnelles. Ainsi la rémunération permise pour l’atelier bovin viande diminue un peu mais reste élevée : 2,4 Smic/UMO.
Le revenu de l’engraisseur dépend aussi de la production de céréales sur des surfaces à bon potentiel. Ce système utilise 16 des surfaces pour des cultures de vente. Il est donc impacté par la baisse du prix des céréales de 24 et le revenu diminue de 5. Il demeure tout de même élevé : 46 700 €.
Systèmes blond et parthenais
Les prix des femelles, de ces deux systèmes, ont surtout évolué en 2013. La baisse du prix des céréales autocosommées, de ces systèmes fortement consommateurs, impactent également ces exploitations. Cela se traduit par une forte progression des revenus et un niveau de rémunération de 1,15 Smic pour le système blond (sans maïs ensilage, totalité des concentrés achetés) et de 1,5 Smic pour le parthenais (maïs ensilage et céréales autoconsommées).
L’année 2013 aura été celle d’une progression des cours, mais l’évolution négative en fin d’année laisse perplexe. Les cours ératiques des matières premières et la réforme de la PAC rendent difficiles la lecture des années à venir. L’autonomie, la chasse au gaspillage et la juste valorisation de chaque UGB présente doivent rester à l’esprit de chacun. Enfin ces résultats moyens de systèmes cachent une énorme variabilité entre les exploitations. Témoignages et graphiques à lire dans Agri 79.