Congrès de la Fnsea 79
Une invitation à prendre part à la révision du projet agricole départemental
Cent cinquante délégués étaient réunis vendredi 4 avril à Viennay. Porte-parole du réseau d’adhérents dont la Fnsea 79 est riche, ils ont participé au débat qui s’est engagé sur les mutations qui dans les prochaines années vont transformer l’agriculture.
Le statut d’agriculteur doit être conditionné à plusieurs « fonctions cumulatives afin que la personne reconnue comme tel soit un véritable professionnel de l’agriculture indépendant, autonome et responsable de son exploitation… /… L’agriculteur doit avoir une activité de production et y participer effectivement, il doit avoir une expérience professionnelle et un diplôme de niveau IV minimum, ne pas être subordonné, prouver l’existence d’une unité économique, détenir la majorité du capital de son exploitation, être inscrit sur le registre de l’agriculture ».
Cette définition est celle proposée par le groupe de réflexion créé au sein de la Fnsea 79, présidé par Grégory Nivelle. Ces derniers mois, et alors que la loi d’orientation agricole doit redéfinir ce statut, le syndicat départemental tenait à apporter sa contribution. L’enjeu est de taille. « L’éligibilité aux aides de l’Europe en dépend », rappelaient les militants au micro vendredi 4 avril devant l’ensemble des présidents cantonaux réunis en assemblée générale à Viennay. La surdotation des 52 premiers hectares particulièrement.
Alors que l’agriculture tant sur un plan économique que politique se prépare à une nouvelle période de mutations, le syndicat majoritaire qu’est la Fnsea veille, mais pas seulement. Elle se présente comme force de propositions. « De nombreux paramètres évoluent », constate Daniel Prieur, secrétaire général adjoint du syndicat national », invité d’honneur du congrès départemental. « Connaît-on la fin de l’agriculture de modèle ? », questionne-t-il. « Peut-être, oui. A la Fnsea, cette réalité ne nous effraye pas. Cette évolution, nous voulons toutefois qu’elle ne déstabilise pas des fondamentaux auxquels nous sommes attachés. Aujourd’hui, demain également, la production agricole quelle que soit sa forme juridique doit permettre aux agriculteurs de gagner leur vie. »
Sécuriser l’accès au foncier est l’un des fondamentaux pour l’élu professionnel, favoriser la transmission des capitaux pour permettre le renouvellement des générations, en est un autre, surveiller le développement des structures afin de réserver une place aux jeunes, en est un troisième. La PAC au niveau européen et la loi d’orientation agricole à l’échelle nationale, définissent une certaine ligne politique que vous avez les moyens via le programme agricole départemental, le PAD, de renforcer ou d’infléchir en fonction du contexte local », insiste Daniel Prieur invitant les syndicalistes présents à prendre part à la réflexion qui s’ouvre. En décembre, lors de la dernière session de la chambre d’agriculture, le préfet répondait favorablement à la demande de révision du projet agricole départemental formulée par la profession. Inventer, créer de nouvelles formules, de nouveaux moyens pour tendre « à l’horizon 2030 à tel type d’agriculture, avec tels types de structures est le travail que nous devons entreprendre au plus vite », propose Pierre Trouvat. C’est une fois le cap fixé que l’on peut définir les moyens à bon escient pour l’atteindre, juge le président de la commission économique de la chambre d’agriculture.
Apprendre à parler du métier pour le pérenniser
Dans cette tâche, dont l’une des priorités sera le renouvellement des générations, JA, représenté ce jour par son président régional, Vincent Touzot tiendra sa place. Alors que les départs en retraite d’ici quelques mois vont augmenter de manière significative - d’une centaine par an ces dernières années, ils seront entre 250 à 300 chaque année de 2015 à 2020, pouvait-on constater dans le travail présenté par la chambre d’agriculture – le jeune syndicaliste insistait sur la place qui doit être proposée aux jeunes non issus du milieu agricole. « Près de 30 des installations ont lieu actuellement en dehors du cadre familial. Demain, si nous ne passons pas la barre des 35 à 40 nous ne permettrons pas de maintenir le nombre des agriculteurs. C’est un travail quotidien sur nous-mêmes qui nous attend. Pour relever ce défi, nous devons apprendre à parler de notre métier à d’autres occasions que les crises que nous traversons. » Et Alain Chabauty, président de la Fnsea 79, d’insister sur les points forts de ce département qui a su via l’élevage, via la création de valeur ajoutée au sein des exploitations, maintenir un tissu agricole dynamique. « Les Deux-Sèvres restent parmi les départements qui occupent la tête du hit-parade des installations. Le modèle de polyculture est une force que nous devons préserver. » Pour permettre la transmission de capitaux de plus en plus lourds, pour interpeller, intéresser les jeunes, révéler des vocations, les syndicalistes savent aujourd’hui que le monde agricole devra faire preuve d’originalité. Pour relever le défi qui s’annonce, il faudra renforcer certains outils tels que le contrôle des structures et faire preuve de créativité. La réforme de la PAC acte la fin de l’encadrement d’un certain nombre de marchés. Si l’on est à la fin d’un modèle, on est aussi aux prémisses d’une nouvelle ère agricole, expliquait Pierre Trouvat. Une vision positive encourageant chacun à s’engager en faveur de l’émergence de nouvelles façons de transmettre, de financer, de gérer, de produire. Un programme ambitieux qui pourrait satisfaire une jeunesse toujours en mal de créer.
Au fil des discours
Daniel Prieur, secrétaire général adjoint de la Fnsea :
« Ce réseau qui vient de s’exprimer lors du tour des cantons que vous venez de réaliser, est le moyen de faire entendre la voix de l’agriculture. Une agriculture, un monde agricole trop souvent stigmatisé. Dénoncer ces attaques récurrentes ce n’est pas nier la responsabilité qui çà et là est la nôtre. Non ! Lorsque les pratiques agricoles doivent être remises en question, acceptons l’échange et les évolutions qui s’imposent. Ainsi, on s’octroie le droit d’être aussi exigeants avec les autres que les autres le sont avec nous ».
Alain Chabauty, président de la Fnsea 79 :
« Les exploitations deux-sévriennes vont beaucoup perdre. L’application de la nouvelle politique agricole commune n’est pas favorable aux outils productifs. Pour limiter la casse nous allons nous battre sur le zonage handicaps naturels, zone défavorisée, qui continue de concerner une majeure partie du département ».
Pierre Lambert, préfet des Deux-Sèvres :
« Les deux tiers des captages Grenelle de la région se trouvent en Deux-Sèvres. L’Etat veut doubler leur nombre sur le territoire français. Ce ne sera pas le cas en Deux-Sèvres, je m’y engage. Il y a un moment où il faut dire stop. Un ou deux de plus peut-être. Mais ça n’ira pas plus loin ».