Une récolte de maïs qui ne ressemblera pas à celle de 2014
Les ensilages de maïs ont commencé dès la mi-août, mais ils ont été ralentis par la pluie. Depuis, ça ne se bouscule pas, car la végétation n’évolue plus aussi vite. Reportage sur un chantier de récolte à Pompaire.
L’ensileuse avale les tiges de maïs comme une goulue. Mais elle ne risque pas de s’étouffer dans cette parcelle de six hectares. En trois heures tout au plus le chantier sera terminé. C’est ce qu’a prévu Domnique Poublanc resté au silo pour tasser l’ensilage qui est acheminé jusqu’à sa ferme du Chêne, à Pompaire.
« Il nous faudrait du bon », glisse-t-il. Un simple vœu alors qu’il sait que d’ores et déjà, la récolte 2015 ne sera pas à la hauteur de celle de 2014 qui, avec une moyenne de 12 tonnes de MS, avait été « exceptionnelle ». Cette année, l’élevage devra se contenter de 7, 8, voire 10 tonnes de MS à l’hectare dans le meilleur des cas, selon les parcelles. Les tiges ne sont pas très hautes et le grain fait défaut dans certains épis, avait-il déjà constaté avant l’ouverture du chantier. Pourtant les pluies, 120 mm, ces dernières semaines, ont sauvé une bonne partie de la récolte. Mais elles sont arrivées trop tard. Depuis le 15 juin, les précipitations ont été rares dans ce secteur de Gâtine et surtout les fortes chaleurs de juillet ont contrarié la pollinisation.
Rien d’alarmant cependant, d’autant que dans les silos couloirs de la ferme il reste encore du fourrage de l’année dernière. « On a trois mois d’avance », précise-t-il. Sans compter le foin. « Heureusement qu’on n’a pas fait du grain en 2014 », comme cela est fréquent quand le fourrage est abondant. L’expérience a guidé cette décision de prudence qui s’impose quand on élève trente-cinq vaches laitières et cinquante parthenaises. « L’ensilage de maïs, c’est la base de l’alimentation des laitières», assure Dominique, alors que les vaches allaitantes n’y ont droit que dans une bien moindre proportion.
Dans les jours qui vont suivre, une des deux ensileuses de la Cuma La Gâtinaise reviendra travailler chez Dominique et son fils Xavier installé avec lui en 2008. Les premières parcelles récoltées sont celles qui ont été semées le 10 mai. Les quelques jours supplémentaires devraient permettre au grain de gagner un peu en qualité, en particulier pour les semis de la fin mai. Les deux machines devraient avoir bien avancé après les 160 hectares récoltés dans la semaine du 24 au 29 septembre, si tout se passe bien.
Le président de la Cuma, Jean-Luc Guinard reste prudent. « Il y a de la verse », fait-il remarquer. « Ca va être la problématique de l’année », poursuit-il. De la perte risque même d’être observée. Il pense alors aux chauffeurs qui devront redoubler d’attention et dans certains cas, réduire la vitesse d’avancement des machines.
« En termes de conduite, c’est plus de fatigue et des difficultés à identifier les rangs », poursuit-il.
En bref
• « La récolte est plus précoce que d’habitude », a constaté Olivier Renaud, faisant référence à son secteur autour de Niort. Si bien que pour cette fin de semaine, il prévoyait une bonne avancée des chantiers. A cela une explication : « Certains se sont affolés, par peur de ramasser des feuilles trop sèches ». Tout au moins dans les parcelles où il n’y a pas eu d’eau. C’était avant les derniers épisodes pluvieux de ces quinze derniers jours. « Il y a un juste milieu à trouver entre la maturité du grain et le vert du feuillage. En deux jours, ça peut se détériorer très vite », poursuit l’éleveur de Saint-Gelais. D’où le contrôle fréquent de la maturité du grain. L’œil de l’éleveur, mais aussi les dates de floraison et les sommes de températures sont de précieux indicateurs pour décider du stade optimum de récolte.
• « Les premiers ensilages ne seront pas forcément les meilleurs », estime Mickaël Madier. « Les chaleurs de juillet ont laissé des planches entières de pieds de maïs asséchés quand il n’y a pas eu d’eau sur la fleur, si bien que d’une zone à l’autre, la récolte sera très variable, décevante pour certains, sans qualité, ni quantité », prévoit le technicien machinisme de la Fédération des cuma. Dès le départ, les ennuis ont commencé, avec excès d’eau pour les premiers semis, puis sécheresse au moment où la plante en a besoin pour garnir les épis. « A ce moment-là, le mal est fait », estime-t-il. L’année restera marquée par un décalage par rapport à 2014 qu’il évalue à une quinzaine de jours d’avance, même pour du maïs irrigué. « On a déjà vu cela il y a cinq ou six ans. En tout cas, ce n’est pas une année qu’on gardera en mémoire », résume-t-il.
• Les groupes sont confrontés à l’augmentation du coût du matériel d’une part, et à la diminution des surfaces de maïs d’autre part. « On augmente les performances des machines, sans augmenter les surfaces », constate Mickaël Madier. Depuis dix ans, le coût des ensileuses a augmenté de 120 000 à 130 000 euros. « Les nouvelles technologies autour du moteur pour réduire la pollution n’expliquent pas cette augmentation », assure-t-il. « Quand une ensileuse tourne pendant 150 à 180 heures par an, c’est déjà beaucoup. On est loin des 400 heures à 500 heures nécessaires pour réduire les coûts d’amortissement ». C’est sans compter sur l’incitation à utiliser des indices de semences différentes pour étaler les journées de travail. « Pour l’herbe, c’est encore plus difficile car l’avancée de la végétation est la même dans les secteurs de Cuma. »