Chambre d’agriculture
Une réforme qui risque de fragiliser les productions animales
Les éleveurs attendaient beaucoup de la réforme de la PAC. En Poitou-Charentes où les productions sont relativement intensives, les productions animales seront parmi les perdants de la réforme, jugent les responsables professionnels.
«Tous les projets de production qui respectent la réglementation doivent pouvoir exister », déclarent de manière péremptoire au nom de la chambre d’agriculture Jean-Marc Renaudeau, président, et Pierre Trouvat, président de la commission économique. Vendredi 29 novembre, c’est sans ambages que les élus professionnels ont exprimé leur soutien au projet de poulailler qui défraie la chronique à Missé. Quelques heures plus tôt, l’analyse de la réforme de la PAC inquiétait les membres de la chambre consulaire réunis en session. Ils sont nombreux à craindre que la redistribution des aides européennes à partir de 2015 prive un grand nombre d’élevages qui en Deux-Sèvres, en Poitou-Charentes, avaient au cours des vingt dernières années travaillé la productivité de leur outil. « L’Europe nous promet une réorientation des aides, des céréales vers l’élevage. Il faut comprendre l’élevage extensif. Chez nous, cet élevage-là est peu répandu. Nous n’habitons pas les étendues vertes du Massif Central », commente Jean-Marc Renaudeau.
Alors que dans les 5 années à venir (2015-2020) les exploitants du département pourraient perdre entre 7% et 9% des aides directes « qui participent largement à l’équilibre économique des outils (celles du premier pilier de la PAC) », les représentants de la chambre d’agriculture ont bien du mal à accepter les levées de bouclier contre des projets « respectueux des règles en vigueur ». Et de rappeler l’enjeu économique pour les territoires que représente l’élevage. Sans productions de porcs, de poulets, de viandes, de lait, quid des emplois dans l’industrie agroalimentaire ? « La déprise de l’élevage est réelle en Deux-Sèvres. Dans le sud du département où la production céréalière est possible, les abandons sont nombreux. Nous comptions sur la nouvelle PAC pour créer une nouvelle impulsion, sortir de la morosité dans laquelle l’économie des filières a plongé la profession ces dernières années. Nos attentes ne sont pas satisfaites. Ajouter à cette déception la réticence de la population à voir des ateliers se monter sur leur commune et les chances de voir des jeunes s’installer en agriculture seront de moins en moins nombreuses », tentent d’expliquer les représentants de la profession agricole.