Portrait
Vétérinaire de ville et des champs
Jean-François alterne autopsie de charolais et chirurgie chez le chat. Une mixité qui satisfait ce vétérinaire très attaché au milieu agricole.
Dans la salle d’attente de la clinique vétérinaire, se côtoie une documentation très éclectique. Aux côtés d’un livret sur le tarissement des vaches reposent les dossiers des bons maîtres. Une « librairie » à l’image de la profession de Jean-François partagée entre la canine et la rurale. La première occupant deux tiers de son temps et la seconde le tiers restant. « J’ai poursuivi mes études à l’école vétérinaire de Maisons-Alfort, explique-t-il. On faisait de tout, de la rurale comme de la canine (ndlr, animaux de compagnie).» « De tout » comme lors de cette matinée où Jean-François va en quelque sorte passer du coq à l’âne. Reportant l’opération d’une tumeur mammaire chez la chatte à la fin de la matinée, le vétérinaire saute dans sa voiture, direction La Boissière-en-Gâtine.
Des relations simples et directes
Ce matin-là, un commerçant exporte des broutards vers l’Espagne. « Je dois signer les certificats d’export et procéder à l’examen clinique des animaux. » L’échange entre le commerçant et le vétérinaire est franc, leur objectif est le même : que les animaux voyagent dans de bonnes conditions. Et Jean-François de confier, une fois de retour dans sa voiture : « A la campagne, les relations sont simples et directes. Sur les exploitations, les vétérinaires font partie des meubles, nous sommes autant des médecins que des intervenants économiques. » Et si la conversation est quelque peu interrompue par le barrissement de son téléphone portable, lui rappelant peut-être son expérience en Arabie Saoudite auprès d’animaux sauvages, le quinquagénaire est très attaché à la campagne dont il se dit être le « fruit ». « Mes parents étaient agriculteurs dans le Maine-et-Loire, j’aime ce milieu. J’ai fait mes premières armes avec le vétérinaire de l’exploitation familiale. » Les castrations chez les boeufs ou les prélèvements sanguins chez les animaux de rente rythmaient les samedis du jeune étudiant. Des vêlages, des pathologies respiratoires, des suivis de fertilité en élevage laitier… les interventions sur les animaux de rente sont variées pour des journées qui, avec l’activité canine, s’étirent de 8 h à 19 h 30. « Je ne me plains pas, j’aime ce métier », souligne-t-il avant de procéder à l’autopsie d’un bovin. Sur cette exploitation située à Vasles, c’est le troisième bovin qui trépasse en l’espace de trois semaines. Entre les éleveurs et le vétérinaire, le langage est technique. « Nous parlons de la même chose, les éleveurs d’aujourd’hui ont de sacrées connaissances. »Après avoir joué du scalpel, Jean-François emballe les prélèvements pulmonaires et trachéens. Ils seront analysés, le diagnostic d’un syndrome pulmonaire n’est pas à écarter. « L’autopsie n’est pas demandée à chaque fois par l’éleveur. Là, il s’avère que les morts se succèdent. L’éleveur qui perd environ 1500 euros par bête dans le cas présent veut connaître la cause de ces trépas », explique Jean-François avant de retourner à la clinique vétérinaire. Après l’autopsie du charolais de 500 kg, l’attend dans le chenil une chatte de quelques kilos souffrant d’une tumeur mammaire. « J’aime bien l’alternance », conclut-il.
250 ans d’existence
Claude Bourgelat, écuyer du roi Louis XV (1710-1774) a persuadé ce dernier des avantages de la mise sur pied d’études et d’un diplôme pour soigner les animaux. Lesquels avantages étaient l’amélioration sanitaire du cheptel et pour le roi, d’avoir le monopole sur les soins dispensés aux animaux et donc de diriger d’une certaine manière l’économie du monde agricole. Ainsi s’érigea à Lyon en 1761 la première école vétérinaire. Celle de Maisons-Alfort ouvrira ses portes en 1764, l’école de Toulouse en 1828 et celle de Nantes en 1979.